Alors, la gale de boue…
Qu’est-ce-que c’est?
Ben c’est une saleté de cochonnerie plus têtue qu’une mule et plus accrochée qu’une tique!
Non, ça ne vous explique rien, mais ça donne le fond du problème: c’est la poisse de s’en débarrasser.
La gale de boue, ce n’est pas une gale.
Hé hé hé… ( rire sarcastique )
La gale, la vraie, c’est un animal microscopique qui s’installe dans la peau et qui creuse de galeries (si: gale/galerie, trop fort!).
Et ça démange! ça démange! A s’en arracher la peau.
Ben la notre, la gale de boue, c’est tout sauf de la gale. C’est tout bêtement une saleté de cochonnerie qui profite d’une faiblesse de la peau (irritation, micro-plaie, crevasse, etc.) pour s’installer. Et proliférer au chaud. Bactérie, champignon, (on dit microbe quand on ne peut savoir lequel de ces accusés microscopiques est coupable, voire qu’on est sûr qu’ils sont tous coupables), bref, tout ce qui peut s’installer s’installe.
La boue, c’est une sorte de truc immonde, bourré d’humidité collante, qui fragilise la peau à force de la mouiller, qui l’irrite en séchant (ou pas) pile là où le cheval plie son articulation, ou juste là, ou encore exactement ici.
Et ce truc immonde boueux, c’est un mélange:
– de terre, d’eau,
– mais aussi de crottins, d’urine, de nos chevaux certes
– mais d’autres animaux (oui, on est un peu dans la nature, il y a des oiseaux, des rongeurs, des insectes, des renards, enfin, tout un tas d’animaux qui font pipi et caca où bon leur semble), et donc leurs bactéries et leurs champignons,
– voire même de microbes tout-à-fait autonomes de toutes sortes.
La vie, quoi!
Et quand la peau de nos chevaux se trouve confrontée brutalement à une variation de climat telle, que l’on passe du sec à l’humide et profondément boueux en quelques jours, et ce sur beaucoup de jours d’affilée, et ben ils ont beau être costauds nos chevaux, faut quand même pas pousser mémé dans les orties!
La peau est adaptable, mais quand même, pas en si peu de temps!
Engelures, gerçures, etc.
Et hop, les petits organismes maléfiques (ah oui, les microbes) de la boue humide s’installent dans ces failles peaucières, et prolifèrent, en faisant ici ou là des micro-infections ou micro-inflammations.
C’est alors que la peau des chevaux fait ce qu’elle peut pour se défendre…
Alors elle se durcit un peu, gonfle, des fois se transforme en inflammation de la lymphe (lymphangite, gonflement de la jambe = poteau), and so on.
Elle est pleine de petites plaies presque imperceptibles au début. Difficile de différencier ça d’une toute petite trace de terre collée à la base du poil.
Après, c’est beaucoup plus visible!
Comment je commence à me douter que mon cheval a la gale de boue?
Ce qui fait qu’on sait, c’est l’hyper-réactivité du cheval au toucher ou à la douche.
Lui qui était si sage danse la gigue, lève les pieds. En les levant sous la douleur, il plie le paturon plus que de raison, et la douleur l’envahit plus violemment, son pied se lève, se lève, se lève, dans des positions pas croyables…
Le cheval a des douleurs inimaginables au niveau du paturon, voire plus haut, et quand il est censé plier ce paturon sur les premières foulées après une longue immobilité, ou quand on ose y poser nos doigts ou quelque produit dessus (même de l’eau), ouille ouille ouille!
La cata quoi.
Nous avons donc Opium, Nestor, Polisson, TicTac, Sendre, Arob@se, Vidji, Shakyra qui sont déjà déjà atteints… 🙁
La gale de boue…
Comment ça se traite?
Alors ça, c’est le truc le plus simple du monde, à comprendre.
D’une part, il faut doucher pour ôter les saletés collées au poil et sous la peau, voire collées aux petites croûtes.
C’est là que ça se complique.
Vous avez déjà vu un cheval qui découvre une nouvelle douleur vive, se laisser manipuler, vous?
Ben moi pas…
Déjà, doucher devient une activité de type jeu d’ordinateur: si tu atteins le pied avec le jet d’eau, tu gagnes deux barrettes d’énergie. Si le pied vole trop vite et échappe au jet d’eau, tu perds trois barrettes d’énergie. Si le pied te touche, tu perds une vie.
Théoriquement, on finit au moins aussi trempé que le cheval…
De là à pouvoir toucher les parties sensibles avec les doigts pour ôter la terre très très collée, il y a une marge…
Ensuite il faut désinfecter. L’idéal est un produit à large spectre, qui fasse autant les bactéries que les champignons. Isobétadine, quoi.
Ensuite encore, il faut laisser sécher, ou sécher activement (ce qui ne sera pas pour plaire à votre ami fidèle, cf: doucher).
Enfin, afin d’assouplir la peau et empêcher que l’humidité et les microbes ne se réinstallent, il faut graisser.
Alors il y a quelques années, quand la gale de boue s’était abattue sur notre club comme la vérole sur le bas-clergé espagnol, nous avions fait un savant mélange d’huile de consommation avec du soufre et soit de la bétadine soit de la teinture d’iode (en fonction des disponibilités). Tout ça en proportions aléatoires pourvu que ça fasse une pâte berk avec une couleur berk et bien collante.
Cette année, variante sans soufre pour le moment.
Huile/bétadine en prévention (facile à appliquer au pinceau, parce-que leur plonger le pied dans un seau contenant le mélange, on a testé, c’est pas gagné!).
Vaseline/bétadine pour les cas déclarés.
Mais ma préférence irait à la crème pour trayon si je savais où en trouver…
(en effet, une personne intéressée a fait un test sur quatre jambes d’un cheval atteint en utilisant divers corps gras, et le résultat, c’est ici)
Comment ça se prévient?
Ben… d’abord en ne laissant pas son cheval des heures et des jours durant dans la gadoue.
Bon. :-/
Mais quand on n’a pas le choix? Ben en faisant mariner son cheval dans du gras.
Non! pas en le rendant obèse, ni même en le cuisinant!
Mais en protégeant la peau qui risque de se trouver trop longuement à l’humidité, par un corps gras (hydrofuge donc, il serait temps de retourner à l’école!).
Comment je peux savoir si mon cheval va l’avoir?
Grosso modo, c’est impossible à prévoir.
Cependant, certains chevaux sont un chouillas ou beaucoup plus sensibles que d’autres, et avec l’expérience, vous saurez…
ah, c’est pour ça que Nestor était un peu boiteux? et c’est pour ça aussi que Polisson était un peu… on va dire “excité”?
pff, les pauvres… 🙁
Oui, c’est pour ça que Nestor était boiteux au démarrage mais plus après.
Mais non, c’est certainement pas pour ça que Polisson était surexcité!
:reallypissed:
D’ailleurs, ce n’est que le lendemain que Polisson a dit avoir (à peine un peu) mal à un antérieur, et encore, uniquement au toucher, pas même en marchant…
Polisson n’était pas excité, il s’était juste mis d’accord avec la monitrice pour réclamer un gâteau (au chocolat, merci…) 😀
😀 c’est noté! de toute façon, avec une chute comme ça, il y aura deux sortes de gâteau! (en plus qu’Anaïs-Sarah a remis une couche en descendant de poney (Polisson d’ailleurs, mais là, il n’était pour rien)
Il y a quelques années aussi, nous avions rasé, ou du moins coupé court, le poil des membres des chevaux jusqu’à mi canons afin que la mixture soit en contact plus direct avec la peau.
Les ciseaux s’en souviennent encore…