Dimanche dernier, Sendre boitait un petit peu d’un antérieur. Pas trop trop étonnant, avec cette gadoue, dont il doit s’extirper violemment pour chasser les impudents qui osent passer outre ses demandes de tranquillité (surtout à l’heure du repas…).
On le met sur la liste des chevaux qui doivent se faire manipuler par le Dr Chêne.
Tout suit son cours, il va quand même plutôt bien mais mardi matin, nous trouvons Sendre comme statufié. Il ne vient pas à nos appels, ce qui est impensable, pas même si on présente du pain. Il bouge juste un peu la tête et son regard est plein d’espoir contenu.

Quand le pain arrive vraiment près de lui, il décide de bouger enfin.
Oui mais… il ne fait pas le moindre pas, ses postérieurs tremblent, ils aimeraient se lever, mais ça ne vient pas.
Et puis, et puis, enfin, un postérieur se lève, le cheval chancèle, il pose le postérieur le plus vite possible pour ne pas perdre équilibre, mais cela semble douloureux, il réitère avec l’autre postérieur, ce n’est pas plus glorieux, un pas vacillant, un autre.. et le voilà qui avance sans plus perdre l’équilibre, mais à petits pas.

On le ramène aux écuries; il n’a plus que quelques heures à patienter ainsi avant l’arrivée du Dr Chêne.

Sous les doigts de Patrick Chêne, Sendre se laisse faire au niveau du bassin puis dès que les doigts approchent le boulet postérieur gauche, wouhou, c’est la valse… Mais notre ostéopathe de choc arrive quand même à finir le soin en douceur et Sendre est remis dans un paddock où la boue est moins collante et où les tensions entre chevaux sont moindres. La démarche n’est plus chancelante, les postérieurs démarrent mieux, sans grosse perte d’équilibre pour le cheval.

Le soir, ça va pareil, pas mieux, pas pire.
Ouf!

Mais mercredi matin, c’est un Sendre à nouveau statufié qui nous attend dans son paddock.
Il a dû se coincer en se couchant ou se relevant, ou en faisant un geste banal ou pas banal, allez savoir…
Pas un pied ne bouge, et dès qu’il y songe, il a tout son corps qui vacille, à en tomber… et aucun pas ne s’enclenche. Même pour le pain, même pour un seau d’eau…
Il est contre la clôture électrifiée, menaçant de tituber dedans, près du contre-haut surplombant la route, s’il chancèle trop fort, il prend la clôture et tombe tout en bas… Nous arrivons laborieusement à lui faire faire trois pas, et terminé, il ne bouge plus.
Nous l’abreuvons et le nourrissons là où il est. Nous coupons le courant.
J’appelle le vétérinaire, j’appelle M. Chêne, je rappelle, je re-rappelle…
Les heures s’écoulent, les cours se déroulent, j’ai les yeux si souvent rivés sur le beau Sendre, tout malheureux de ne pouvoir bouger.
Immobile, il n’a pas mal.
13h. Les cours sont finis. Ni véto ni ostéo n’ont répondu. Sendre ne va pas pouvoir rester là, et à raison de trois pas en cinq heures, on n’est pas prêts d’avoir fait les 100m qui nous séparent de la bâtisse.

Coup de fil désespéré à M. Vespertini Pascal, praticien shia-tsu.
Il me fait décrire la situation.
Me demande s’il peut faire un soin à distance.
A distance? Ma foi, au stade de désespoir où j’en suis, il peut même me demander de faire la danse de la pluie ou de boire un verre d’alcool, je suis d’accord, d’accord, d’accord!

14h, le troisième cours de la journée commence. Sendre est toujours seul et immobile au même endroit.
14h45, les cavaliers entrent en carrière, Sendre est toujours seul et immobile au même endroit.
15h, les cavaliers sont à cheval, Sendre est toujours seul et… immobile sur la petite butte du paddock!!!!!

[Edit: Cette amélioration nous permettra de ramener Sendre près de nous, hors gadoue.
M. Chêne le reverra une fois, M. Vespertini fera une vérification-soins plus tard à son tour.
Sendre se remettra en quelques jours à marcher volontiers à petits pas, et il lui faudra quelques semaines pour retrouver une locomotion normale.
Cette ‘paralysie’ restera un mystère pour moi, les deux soigneurs s’accordant à dire que le souci originel venait du postérieur gauche. Alors ça! ?????? ]