Les pieds de nos chevaux cet hiver 2018

Fait rare et assez marqué chez nos chevaux cette année: nous avons quelques cas de chevaux dont les sabots ont très mal réagi à l’arrivée brutale de la pluie…

Le ramollissement soudain de leur corne par la pluie, jumelé à des zones boueuses peut-être, mais en tout cas à bien plus de zones caillouteuses (remblai, dalles bien dégagées)… cela a fait des pieds sensibles, qui ont continué à se sensibiliser au lieu de se renforcer.



Sisco, Eclipse, Opium, un peu Quartier…

Eclipse en est même arrivée à une inflammation des tissus dans le pied.
Un des postérieurs (le droit) a plus souffert, et l’inflammation est remontée jusqu’au début du canon. 🙁
Ses trois sabots naturellement clairs, se sont légèrement teintés de rose en talon… 🙁
Le sang a donc circulé un peu trop près du bord 🙁

Un bourrelet sur la corne s’est aussi créé au niveau du plus haut de l’inflammation du sabot.

Ca ne vous parle sans doute pas, vu qu’on n’a jamais eu ce genre de cas au club…
En fait, le pied, c’est le sabot, mais aussi ce que contient le sabot.
Le tour du sabot est fabriqué par le haut, là où sont les premiers poils du cheval: la couronne.
Ce sabot pousse vers le sol, autour des chairs et des phalanges du pied.
Pour ‘coulisser’ sur les chairs sans s’en détacher, il y a une sorte de scratch entre les deux zones.
La chair qui laisse le sabot pousser est comme fripée, striée, lamellée en fait. Elle se nomme (podophylle).
La partie interne de la boite cornée, est lamellée à l’exacte inverse du podophylle, comme dans un pas de vis mais vertical quoi. Elle se nomme (kératophylle).

Il est évident que si le podophylle est enflammé, il gonfle un peu donc les stries ne s’emboitent plus entre celles du kératophylle.

Donc si ça ne colle pas, ben… ça peut se décoller.
C’est exactement le problème de la fourbure, où, sous l’action de produits chimiques ou naturels (suite à une mise bas, à une alimentation trop riche, etc.) mais tout aussi toxiques, le podophylle s’enflamme.
C’est un tout petit peu embêtant pour ne pas dire potentiellement mortel selon la gravité, mais en tout cas gravement handicapant sur de longs mois voire sur toute une vie.
Pour info, voyez le système de vascularisation du pied: vascularisation. Bon, il y a du monde, hein…
Il est certain que ça chauffe vite là-dedans si il y a un bug physiologique ou traumatique…

(NB: je n’aborde pas la pousse de la sole, fabriquée par le dessous du pied, mais n’hésitez pas à vous renseigner sur la façon dont elle tient sous le pied, et comment elle se colle à la paroi! 😉 )

Alors quand j’ai entendu cela, non je n’ai pas paniqué de suite vu que le maréchal ne s’inquiétait pas outre mesure, mais j’ai suivi scrupuleusement ses consignes.
Sachant que tout appui sur quelque bosse que ce soit lui était douloureux, que chaque poser sur un caillou pouvait provoquer une bleime (un hématome dans le pied) au vu de la finesse de la sole… les décisions ont été vite prises.

Elle a d’abord passé plus de 24h dans l’étable, le sol balayé et re-balayé, pour qu’aucun caillou, aucun gravier, aucune motte de terre si petite soit-elle, aucun foin grossier ne jonche le sol.
Que sa corne sèche un peu. Qu’on puisse éventuellement lui passer la sole (pas la fourchette) à l’huile de cade.

Eclipse est partie dans un paddock à part avec un ami (Sendre en l’occurrence), le foin mis à côté de l’abreuvoir pour limiter les déplacements. Le paddock a été choisi pour son absence de remblais (c’est donc P4) et donc son sol singulièrement mou, sans caillou (c’est bien la première fois que je bénis un paddock totalement boueux!)

Il lui aura fallu une semaine, dont trois jours sous anti-inflammatoires et 6 sous arnica, pour que le postérieur droit dégonfle. Et une autre semaine pour que l’épaisseur de sa sole ait atteint une épaisseur raisonnable.
Ah qu’il est bon de voir sa jument marcher comme un bulldozer sur sol normal, et juste prudemment sur sol caillouteux!

Remise au troupeau, quel bonheur de la voir galoper de nouveau gaillardement en tête du troupeau! Reprendre la main sur le groupe et les déplacements!
Il ne lui aura pas fallu trois jours pour que sa démarche redevienne plus prudente, que son enthousiasme se tempère… Bon. Cette fois, je sais que sa sole souffre déjà, je ne vais pas attendre un peu plus en espérant que sa sole réagisse (et risquer que tout s’enflamme au lieu de s’endurcir) et elle va refaire un séjour en paddock tout-doux-pour-le-pied. Dans quelques temps, cela ne sera plus un problème, en alternant consciencieusement quelques jours en sol doux et quelques jours en sols durs.

Elle va donc rejoindre Opium en P4, qui a dû être mise là préventivement hier… 😮

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