Carita et Dinky rentrent chez eux ce week-end

1/ La douce et constante Carita repart chez elle ce week-end.

Sous la selle en carrière, elle est désormais fiable et volontaire, un peu trop même, elle connait toutes les transitions simples, et les divers tourners aussi bien dans le pli comme dans le contre-pli, à diverses hauteurs d’encolure, diverses flexions dans les plis. Elle est généreuse et vive dans ses réponses mais fidèle à nos moindres demandes (bien qu’elle prenne parfois encore des initiatives surprenantes mais par trop de bonne volonté…).

Elle a encore du mal avec la notion de contrat d’allures, il est vrai.
Elle a aussi entamé le travail de deux pistes (épaule en dedans sur le cercle, et sur la piste) et le franchissement d’obstacle, mais reste encore balbutiante en ces domaines.

Sa locomotion au pas est juste extraordinaire.
Celle au trot gagnerait à être améliorée par de nombreuses transitions galop-trot-galop, mais cela est encore trop hardu pour elle du point de vue émotionnel.
Le galop est en effet source d’inquiétude trop forte pour elle, elle s’essouffle vite sous l’émotion et ne donne pas encore la pleine mesure de ses capacités. Passé une longueur et un cercle au galop, et elle est bonne à renvoyer au pré pour s’en remettre! 😉
Je pense que des promenades avec parfois du galop tranquille en suivant un cheval calme devraient lui ôter cette inquiétude rapidement.
L’usure de ses sabots (et sa peau fine supportant peu de temps les chaussures) lors des balades ne m’a pas permis de travailler sur cela. Et il y avait suffisamment à travailler en parallèle il est vrai.

En promenade, rien ne l’inquiète, elle passe tout pourvu qu’on sache respecter son temps d’analyse, qu’on sache fermement et gentiment refuser toute autre proposition farfelue de sa part durant ce temps d’analyse (faire demi-tour, escalader les talus, les descendre, etc. 😀 ).
Elle a été irréprochable face aux voitures, motos, bus scolaires, camions, remorques – mais j’avais pris soin qu’ils roulent au pas ou lentement avant de la laisser les affronter.
Les chiens derrière les grillages l’attirent. Les fossés ne sont qu’à enjamber selon elle (une fois l’analyse faite), etc. Non, vraiment, irréprochable.
Elle peut être derrière comme en tête, en groupe ou seule, elle assure, elle prend sur elle le plus souvent, elle est volontaire et énergique, dans le calme, c’est tout…

A pied en longe, à proximité, elle est très précise et fidèle à nos demandes, toujours prompte à réagir sous ses airs de nonchalance. Elle franchit à peu près tout ce que nous lui présentons (à enjamber, à passer en marchant dessus, à passer dessous, dedans, etc.). Elle tient sa place sans plus nous coller ni nous pousser. Elle peut aussi bien marcher à nos côtés harmonieusement, calme, et posée sur nos pas, tout près de nous, qu’être à deux mètres de distance avec presque la même qualité d’écoute, ou qu’être incitée à prendre des allures vives loin de nous, joyeusement, en quelques secondes de temps d’un état à l’autre.

Le travail à l’épaule comprend les fléchi-droits, les voltes dans le pli et dans le contre-pli, les relèvements et extension d’encolure, le reculer, les épaules en dedans… et les travers (ces derniers sont encore un peu fragiles car elle peut être surprise parfois par un toucher – pourtant doux – de badine et faire une embardée).

Elle monte dans tous types de vans, une ou deux places, avec ou sans pont, en divers lieux, à différents horaires, et elle en redescend en plusieurs étapes si on le lui demande.

Tout cela pour une seule jument en si peu de temps. C’est énorme. Tellement neuf et perturbant pour elle, qui, sous ses airs doux et paisibles, est si émotive…

Elle a eu deux journées (seulement) sur ces quelques semaines, où elle a clairement signifié son refus de coopérer. Rien de dangereux, mais elle a montré une tout autre facette d’elle-même. Pourtant, au regard de tout ce qu’elle offre sans cesse, ces deux séances ne comptent pas dans la balance, et ne sont peut-être pas complètement de son fait. Il faudrait creuser un peu pour savoir si ses chaleurs ou des erreurs cumulées lors des séances précédentes de ma part n’en sont pas la cause (sa bonne volonté est tellement désarmante que j’ai peine à croire qu’un refus brut de sa part soit la seule explication). Et une fois cela passé, aucune séquelle, pas de trace de désordre le lendemain…
Bref, une jument extraordinaire.
Cela a été un honneur de travailler avec elle.

2/ Pour ce qui est de Dinky, que de changements! Son départ se fera dimanche en fin de matinée.

Sa psychologie. Nous avons compris que Dinky se met systématiquement au refus dès que les pressions sont trop fortes au début ou trop rapides.
Mais aussi dès qu’il y a une faille dans la motivation et la technique du demandeur – posture, position dans l’espace, gestion de la lenteur et l’énergie de la demande…
Hé hé, ça laisse pas beaucoup de marge de manœuvre, hein! 😮

Dinky est un jeune cheval posé, semblant si sûr de lui, mais paradoxalement bien plus sensible qu’il ne montre, bien plus joyeux et bien plus émotif qu’il n’y parait – même si les émotions passent vite chez lui.
Dès qu’il cesse de se braquer et de résister, quelle belle âme, quelle belle volonté! Il semble surpris lui-même de tout ce qu’il a envie d’offrir. Parfois, il veut offrir, puis doute, se ravise, hésite, s’inquiète… pour répondre volontiers sitôt qu’on rectifie nos postures, positions… et énergie intérieure de la demande.
Il nécessite un accord sans faille entre l’intention, l’énergie, et la gestuelle technique. de la demande..

Comme le dit Séverine Deretz, quand la technique et le coeur sont en accord, cela devient de l’Art… Ce poulain en est l’exacte représentation. Le tableau se construit petit-à-petit, chaque coup de pinceau d’Olivia est reçu par la toile de Dinky qui réagit en douceur, explosion, arrêt ou embardées inquiètes ou joyeuses… Bientôt, le tableau vivant sera plus consistant, plus représentatif du joyau qu’il représente.

Dinky à l’attache semble moins pressé de nous écraser ou dégager sans vergogne. Il cherche moins à mettre son mufle bout de nez partout sur nous. Il prend même son mal en patience, le jeunot!
Il donne mieux les pieds (les détache seul du sol sur demande délicate), et s’il n’est pas encore patient une fois le pied levé, il accepte de plus en plus de laisser sa jambe s’étendre, s’étirer entre nos mains. Le relâchement n’est pas immédiat, loin de là, mais il existe!
Il se pousse, se décale même à la suggestion ou au toucher doux (jusque ferme si nécessaire, mais cela est de moins en moins souvent le cas).

A pied à ses côtés, comme en liberté dans le rond de longe, il est désormais ‘débloqué’ et plus respectueux (oui, bien sûr, à peu près, tout se construit, mais le socle est bien débuté). Disons qu’il sait avoir d’autres options que se figer à la pression, même si (surtout si) on parle et agit avec délicatesse.
Un point encore à régler, son mal-être à nos côtés à main gauche au trot, son envie de chiquer son meneur qu’il faudrait régler, mais je trouve qu’on l’a déjà pas mal bousculé dans ses certitudes ces derniers temps. On verra demain ou samedi si on s’y attelle.
Toute faille crée chez lui une instabilité émotionnelle importante qui semble l’obliger à devenir un sale gosse. Il envahit l’espace et la relation de manière intrusive sitôt qu’il n’y a pas de cadre clair. Il s’oppose fortement si le cadre est trop abrupt. Il demande de la finesse et de la fermeté à proposer avec patience et persévérance lors de toutes ses instabilités comportementales.

Il a fait ses premiers pas en equifeel et ma foi, c’était très satisfaisant même si ce n’était pas de tout repos pour Olivia.
Il commence aussi à moins paniquer en présence du pulvérisateur, mais ceci est à travailler encore sérieusement. Le démêlage de crins n’est pas pour de suite. Ce sera sans doute bien avancé, voire réglé, avant son départ.

Pour ce qui est de la monte, sa capacité de connexion m’a laissé pantoise. Mais sa croissance assez dysharmonieuse ne nous permet pas d’avancer trop en ce sens. Il est encore petit et nécessite de prendre un peu en largeur avant d’être réellement monté. Il semble bien parti pour avoir trois belles allures bien énergiques et amples…

Olivia sa propriétaire a, elle aussi, fait un nombre considérable de progrès. Elle a dû revoir son mode de pensée, ses croyances, ses habitudes, ses automatismes…
Elle a dû découvrir et accepter que ces situations créaient des émotions, s’en délester, se centrer sur la lecture du corps de Dinky, de ses réponses, de ses émotions à lui.
Elle a dû ralentir ses gestes, les organiser pour qu’ils soient cohérents avec ce que Dinky voit, perçoit, ressent, elle a dû prendre en puissance intérieure, en assurance, anticiper, accepter que Dinky puisse parfois ne pas comprendre, etc. Et aussi, ne pas prendre personnellement le fait qu’il s’oppose parfois. Accepter que s’imposer n’est pas synonyme d’être méchant, n’est pas l’expression d’un désamour. Que s’imposer calmement et proportionnellement n’est pas non plus synonyme de rejet à venir par le cheval.

Quel bouleversement, après avoir vécu tant d’années auprès d’une jument hyper-émotive, réactive jusqu’à l’extrême, toujours prête à dégoupiller pour un motif futile ou un autre…
Quel grand écart! Effectué si peu de temps. Respect!
Je me dis que ces deux sensibilités-là ont de quoi se faire vraiment plaisir ensemble!

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