Les joies et colères de Lune

Lune a énormément progressé depuis son arrivée.

Lune était une jument angoissée et tétanisée par la peur.
Elle ne comprenait pas comment elle devait se comporter avec nous et encore moins nos gestes envers elle. Oui, c’est un peu gênant.
Les premiers jours, voire les deux premières semaines, elle manifestait trouille, tétanie et violence.
A part ne rien regarder ni sentir ni goûter, et rester la nuque haute, yeux écarquillés d’angoisse et l’encolure dure, il ne sortait rien de cette jument. Plus le moindre neurone accessible, rien.
Elle avait appris à se couper du monde extérieur, se couper de son propre corps, et si l’extérieur venait à elle (bruit, mouvement, contact), c’était tétanie, ou fuite violente ou rejet par opposition physique désespérée.
A présent, elle est redevenue celle qu’elle devait être: une jument un peu plus inquiète que la moyenne mais sans gravité, et aussi, une jument inexpérimentée.

Du coup, Lune commence à s’exprimer.
Et elle fait des choses que l’on n’aurait pas pu imaginer.

Déjà, elle porte un réel intérêt à son environnement, ce qui n’était pas le cas quand elle est arrivée. Elle veut bien aller voir ce qui l’inquiète, aller sentir, aller toucher.
Ca fait super plaisir à voir!
🙂

Elle vient aussi plus volontiers vers nous, nous regarde, nous suit, encolure basse et regard apaisé… et pas seulement comme avant, pour avoir des friandises.

Par ailleurs, elle manifeste un peu de joie de vivre au travail. Quand on la met en mouvement en liberté, son encolure se secoue parfois, elle bouge un peu la tête, elle s’est même permis un vrai coup de dos tout surpris d’exister, hier soir… 🙂 Elle se retrouve sans doute dans des élans de pouliche insouciante…

Mais tout récemment, c’est une vraie colère qui m’a cueillie, l’autre jour…
Elle me l’avait déjà fait sentir de façon infime, une des premières fois où je l’ai fait travailler à mes côtés, mes mains sur son mors.
Cette sensation de tête emprisonnée… grrrr… et elle l’avait fait savoir en cherchant à se débarrasser de moi.
Mais je suis patiente et persévérante, et très vite elle a concédé que ce n’était pas si pire: non, je n’allais pas l’empoigner en bouche et l’empêcher à nouveau d’exister! Cette découverte du mors non-violent l’a déconcertée et elle a accepté de tester. Avec bonheur.

Oui mais… c’est à peine deux séances plus tard que, lui demandant à nouveau le travail ‘en main’ (donc près de moi, ce qui lui pose encore problème, et tenue aimablement par sa bouche, ce qu’elle découvre encore), des cavaliers sont arrivés au club.
Ce sont des choses qui arrivent.
Oui, mais là, Lune avait sa tête tenue par mes mains… et ces cavaliers arrivaient par derrière… et la panique est montée… comme je l’ai obligée à se mettre en mouvement sans lui interdire de regarder mais plutôt en lui demandant de se concentrer sur mes demandes, elle a commencé par s’y mettre. Euh… quelques foulées seulement. Puis une sourde colère très très profonde est remontée par tous les pores de sa peau…

Elle m’a tout ressorti. Ce qu’elle avait déjà fait avec moi (me plaquer de ses postérieurs et refuser de céder à la pression, zou, stick trèèès ferme :-/) et aussi ce qu’elle avait déjà fait avant moi: s’acculer, se mettre debout, piétiner, garder la tête au ciel, etc.
Chaque passage de cavalier ou de poney dans les environs la rechargeait en inquiétude puis en colère de ne pouvoir s’agiter à sa guise. Elle voulait se débarrasser de moi, de mes mains à tout prix.
Pffff. En plus, impossible de cesser ce travail tant qu’elle pensait défense! Tu parles d’une sinécure!
J’ai connu des séances plus agréables…
Elle aussi, c’est sûr.
Nous avons clos la séance sitôt qu’elle a recommencé à dé-tétaniser son encolure, moins arracher mes rênes/mains vers le bas et piétiner moins vite. En nage, la puce.
Mais ça a clarifié le fait qu’une main, un mors, ce n’est pas malveillant, ça n’empêche pas de vivre, mais ça se respecte pourtant même en cas de pseudo-panique.
(oui, j’avais pris comme base de travail que la raison de ses inquiétudes n’était pas recevable à ce niveau-là et ne justifiait pas telles défenses; je ne pense pas avoir eu tort, mais on verra cela un prochain jour où le club est à nouveau ‘très actif et vivant’ 🙂 ).
Et cela nous a permis de sentir à quel point ses frustrations ont été fortes contre son mors, sans doute depuis son débourrage. Elle les a toutes déballées pêle-mêle là paf. Même si je n’ai pas aimé du tout me faire secouer ainsi, et devoir la secouer pour me faire respecter, je n’en étais pas moins contente de la voir s’exprimer autrement que par la peur pure.

Et le lendemain, elle a été une perle sur le même type de séance, mais avec les cavaliers de passage en moins.
Elle a quand même tenté de me dire que si je mettais mes mains au mors, alors elle aurait une peur panique du bout de ficelle bleue qui bougeait là-mais-si-tu-vois-bien-qu’on-va-mourir! J’ai été un peu bousculée mais n’ai pas capitulé, puis lui ai laissé regarder le bout de ficelle bleue qui dépassait d’un poteau et elle a fait genre ah non j’ai jamais eu l’intention d’avoir peur de ça, enfin si regarde ça bouge mais non en fait ça va. Pffff. Et après ce coup de calcaire, zip, tout nickel.
Sacrée Lune…

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