Ces nuances qu’on oublie trop

Mes recherches sur ce qui se pratique dans la belle équitation de tradition française (non, pas celle inscrite à l’UNESCO, la vraie, celle qui renie les enrênements et considère que l’intelligence, le tact et la technique du cavalier doivent être suffisants pour pallier à tous les problèmes de communication) m’amènent à de surprenantes découvertes.

Bon, dans les intervenants, tous de bon niveau et de belle réflexion concernant l’équitation,
il y a ceux qui pensent que tout vient de derrière.
Il y a ceux qui pensent que tout se résout par l’emploi de la jambe.
Il y a ceux qui pensent que tout se résout par l’emploi de la main.
Il y a ceux qui pensent que le relèvement de l’encolure suffit à tout.
Il y a ceux qui pensent que la cession de mâchoire viendra quand le cheval sera assez expérimenté.
Il y a ceux qui pensent que la cession de mâchoire doit être le préambule à tout exercice et tout mouvement.
Il y a ceux qui pensent que tout vient en son temps et qu’il faut ressentir et non demander.
Il y a ceux qui pensent que tout vient du dos du cheval.
Il y a ceux qui pensent que le relèvement d’encolure viendra par l’abaissement des hanches (donc les postérieurs qui restent sous le corps du cheval et ne poussent plus celui-ci en avant mais plutôt sur place vers le haut).
Il y a ceux qui pensent que l’emploi de l’assiette suffit à tout.

Alors je me suis demandé …

Chez qui l’emploi de la main est-il absent ?
Chez qui l’emploi de la jambe est-il absent ?

Confond-on temps d’apprentissage et négligence de l’activité (alors sciemment mise de côté pour que le jeune cheval n’ait pas à se préoccuper de tout en même temps) ?

Confond-on demi-arrêt (vibration des mains crescendo, pour décoller un cheval de la main) et acte violent pour mettre l’encolure d’un cheval à la retourne ? Sans différencier là aussi le temps d’apprentissage et l’utilisation de la douce vibration pour rappeler au cheval de se tenir seul sans appui sur la main …
Certains ont-ils oublié qu’un demi-arrêt n’est certainement pas un ‘prend ça dans ta gueule’ ?
D’autres ont-ils oublié qu’un demi-arrêt ne met certainement pas les chevaux à la retourne, qu’il a pour but de réouvrir la nuque et faire tendre les rênes dans l’extension d’encolure, ou juste de décoller le cheval de la main ?


Et le temps de l’éducation, dîtes-moi, qu’est-ce qui est le plus grave ?
… qu’un cheval une fois ou deux se retrouve avec l’encolure trop haute ?
… ou que jamais on ne lui remonte l’encolure d’un centimètre et que ce cheval treuille toute sa vie durant son cavalier, pesant des tonnes, surchargeant les épaules des deux protagonistes, rendant compliquée leur relation, permettant à l’un de trimballer l’autre en ruinant leur belle confiance mutuelle ?
A-t-on oublié qu’on a déjà fait cette action quand on a refusé de se faire trainer en licol par un cheval, ou poulain trop enthousiaste ou trop gourmand ? Ou plus tôt, quand tout bébé il nous a mordus (goûtés) ou escaladés ou bousculés ?

Confond-on renforcement négatif (tout ce qui permet de faire apparaître un nouveau comportement), punition (tout ce qui permet de faire disparaitre un comportement non souhaité), et geste de colère ?

Sait-on seulement que la cravache doit, peut être utilisée en tant qu’aide fine et pas (ou exceptionnellement) comme moyen de protester vertement ?

Quand a-t-on oublié qu’une posture de représentation chez nos montures ne doit pas être leur posture de travail, ou en tout cas être entrecoupée de postures d’étirement ?

A-t-on oublié que le redressement de notre buste précède ou accompagne une action de main, consciente ou inconsciente ?

Prétend-on éduquer puis traiter pareillement cheval qui pèse et cheval qui porte au vent ? Vraiment ?

Est-on capable d’entendre la question du cheval “Quand tu agis avec ta main sans changer ton équilibre (demande d’extension ou relèvement d’encolure, de mise en main, etc.), dois-je aussi décélérer ? ” ou la confond-on avec une désobéissance effective ? Quand il la pose, lui répondons-nous ou le punissons-nous ?

Confond-on vigilance (passive) et action permanente préventive des jambes / des mains ? Sait-on seulement faire une action et cesser cette demande en ‘écoutant’ la réponse du cheval ?

Avant de condamner l’utilisation de l’un ou de l’autre, avant de prétendre qu’une manière est la seule valable, avant de prôner l’un ou l’autre …
Montez sans mains (donc sans rênes) depuis le débourrage et montrez-nous le résultat.
Montez sans jambes (celles-ci commençant à la hanche) depuis le débourrage et montrez-nous le résultat.
Soyez honnêtes, intègres, ou tout simplement curieux, allez chercher les signaux que vous envoyez sans même vous en apercevoir, et que vous prétendez ne pas utiliser, vous serez surpris …

Et … parlons-en. Avec honnêteté … 😉

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2 pensées à propos de “Ces nuances qu’on oublie trop

  1. Oh oui! Carrément! C’est génial!
    Ça rejoint certains passages du livre offert justement!! Que j’ai pas fini encore! j’avance doucement 😉

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