Dahouk et les vieilles habitudes

Dahouk semble avoir acquis l’idée que les déplacements en compagnie des humains à pied se font dans l’impulsion et non dans le statique.

Elle est agréable au pansage (elle a tout de même une ou deux fois protesté lors de massages au passage de sangle et poitrail, mais remise à sa place, cela ne s’est plus manifesté – pour le moment).

Elle accepte d’aller prestement vers les objets qui l’inquiètent plutôt que de passer trois heures à observer et s’inquiéter de plus en plus, faire des écarts et refuser d’avancer. Dans l’ensemble du moins. Et si l’on est vigilant, elle réfléchit à deux fois avant de faire ses écarts vers/sur nous.

Sous la selle, comme le disait Oliveira, du moins pour le mouvement avant, “je le pense et elle le fait”.

Et quand elle oublie de se porter en avant (soit par déconcentration, soit par une attention portée ailleurs, soit parce-que l’exercice que je lui demande la perturbe), la badine l’encourage à se reprendre en charge ou l’envoie clairement en avant si elle n’y met pas de belle volonté.

Qui dit remettre clairement en avant dit: pas d’opposition avec la main. Alors on fait ça, encore de temps en temps. Des fois ça va un peu vite et ça tourne un peu serré, mais c’est pas si mal. J’ai pu constater à cette occasion que pour elle l’obstacle n’est pas un plaisir ni une évidence, elle préfère piler et dérober quand son tracé l’amène face à un obstacle que franchir (ce qui aurait été par trois fois plus logique pourtant, les obstacles étant peu hauts).

La belle Dahouk semble presque à l’aise dans les épaules-en-dedans au pas sur le cercle et sur le carré de la Guérinière, dans la générosité du mouvement avant ET de l’engagement du postérieur intérieur. Elle commence à se prendre en charge dans ce mouvement de basse école. On est loin d’un rendu fini, mais l’ébauche commence à être agréable à vivre dans le partage, pour elle comme pour moi.

Après avoir demandé puis obtenu qu’elle prenne ensuite en charge la tension de la rêne extérieure au trot, nous avons abordé l’épaule-en-dedans au trot sur le cercle (c’est la deuxième fois, la première je m’étais arrêtée à un début de réponse sans fuite ni arrêt, ni résistance à la jambe isolée, ni…).

Bon, nous avons perdu le mouvement avant, et on a rectifié ça.

Alors j’ai repris, mais en exigeant le mouvement avant tout en dirigeant cette fois avec la main. Crottin dans le mouvement même pas amorcé, tentative d’arrêt, protestation de ma part, grosse colère de Dahouk (que je comprends). Je l’aurais bien laissée se poser, sans demander l’épaule-en-dedans de nouveau, mais je n’ai pas eu le temps d’organiser la pause, qu’elle a forcé ma main droite dans une fuite et un forcement de plus en plus rapide… Diantre! Quatre foulées avant de comprendre et rectifier…

Trois foulées de trop, trois foulées où elle a retrouvé le sens du contrôle de son humain… J’ai pris soin de ne pas agir sur la langue ni les barres, ajustant l’action de la rênes dans l’axe de la bouche, et en avant à ma sauce…  Deux ou trois fois d’affilée, elle a pourtant tenté de reprendre le contrôle de notre couple, de notre direction et de notre vitesse.

Vous allez me dire, c’est de bonne guerre, jusqu’ici c’est moi qui contrôlais… cependant, je préfère quand tout baigne dans la douce énergie plutôt que dans le vacarme de la débandade 😀

Bon, une fois que les essais de la belle se sont amenuisés et ont disparu, j’ai pris le parti de recommencer les épaules-en-dedans au trot depuis le pas, afin qu’elle se concentre sur toutes les réponses à donner plutôt que sur les bêtises qu’elle pouvait proposer. Et ma foi, on ne gagnera pas le concours de l’épaule-en-dedans au trot la plus réussie, ça non, mais on a eu quelques amorces où Dahouk répondait volontiers et semblait prête à continuer le mouvement un peu plus longtemps que demandé. Mes descentes de main ont été fréquentes mais extrêmement brèves, toutes mes actions pour la remettre dans le bon équilibre se sont faite dans l’axe de la bouche pour ne pas, en plus, ajouter de la douleur au désagrément ressenti lors de mes demandes ou rectifications. Nous avons cessé là-dessus.

En effet, cela a fait ressentir à Dahouk que même sous émotion, colère ou inquiétude, elle pouvait continuer à mobiliser hanches (écouter ma jambe), épaules (écouter mes mains), et se relâcher presque là-dedans, et qu’elle obtenait repos et félicitations de cette prise en charge et de cette attention décuplée.

 

La coopération n’est pas encore idéale, mais elle commence à moins être sûre d’elle dans ses refus, et à croire dans les bienfaits de l’écoute. Nous allons pouvoir commencer à sortir en extérieur pour ancrer l’idée qu’écouter en cas de stress est préférable au forcement de la main et de la jambe… A suivre donc!

Ah, j’oubliais: j’ai pu pour la deuxième fois lui passer l’anti-mouche tout en l’ayant à l’attache et sans qu’elle en fasse un drame international. Elle n’était pas des plus relâchée mais elle a tout de même réussi à avaler ses bouts de pain au lieu de se défendre ou rester figée.

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