Tous les livres, dont le manuel fédéral d’équitation, et les textes équestres techniques de plus haut niveau, stipulent, tenez-vous bien:
le cheval doit, sur un cercle, incurver harmonieusement son rachis de la tête à la queue selon la courbure du cercle.

Si, si les amis, ils disent ça, du Galop 3 aux jeux olympiques, tout le monde doit incurver son cheval en ajustant sa colonne vertébrale à la courbe suivie.
Comme on incurve sa serviette de bain autour de son cou en allant à la plage.

Interrogeons plutôt directement un cheval sur sa capacité
à courber latéralement sa cage thoracique munie de solides et immenses côtes,
à courber latéralement son rein muni de vertèbres aux longues apophyses transverses (sur la 2ème photo),
à courber latéralement sa croupe munie de vertèbres soudées entre elles et au bassin:

Maintenant que nous avons vu combien le rachis est quasiment inflexible,
– même quand c’est un champion olympique qui est en cours d’incurvation (3ème photo)
– et même quand le cheval y met tout son coeur (vijiblement, cha gratte fort shur chette shatanée croupe!),
voyons un peu les dessins et croquis tout-à-fait officiels et sérieux:

Ces images sont issues soit du livre fédéral (être cavalier G1 à 4) soit même de sites de personnes très très bien placées dans le milieu équestre de dressage international.
Ignorance pour certains, obscurantisme pour d’autres (imaginez! s’il fallait reconnaitre officiellement que la jambe interne ne sert à rien et qu’il suffit pour ‘incurver’ de ployer l’encolure avec la main aaargh, censure!!!).

Alors, dernier point, voyons maintenant comment plier la colonne vertébrale de mon cheval pour bien l’ajuster à ma courbe, selon les règles officielles:

En 1, je ne me sers pas de mes mains car se servir de ses mains, c’est le Mal.

En 2, j’enroule mon cheval autour de ma jambe intérieure au cercle.
Si, avec ma petite jambe toute costaude, je vais à moi toute seule ployer 18 côtes de cheval. Oui. D’une jambe d’une seule.

En 3, comme ce crétin de cheval ne comprend rien, et qu’il risque de partir de côté tout d’un bloc au lieu de s’enrouler les côtes autour de ma gambette, je vais faire barrière de ma jambe extérieure et de ma main extérieure (ah, tiens, finalement, les mains, ce n’est pas toujours le Mal).
Ma jambe extérieure va aider à courber le rein et la croupe. Si, ne ricanez pas, j’ai des pouvoirs surnaturels, je te ramollis une vertèbre de cheval en deux-deux!
Et ma main extérieure va résister (ah, bon, elle n’est pas active, car les mains actives, c’est le Mal; donc elle se contente de résister) sur la rêne afin de ployer du garrot au bout du nez.
Et pendant ce temps, ma petite jambe intérieure, elle te me ne l’attrape, le gros du bide, elle te me ne le ploie comme un morceau de pâte à modeler, le décérébré qui coopère à rien, et zip-zip, te v’là un cheval ployé harmonieusement sur sa courbe, du nez à la queue!
Hé hé, appelez-moi jambes de fer!

Cependant, allez, je vous offre un bonus!
Le cheval n’est pas quand même pas une barre de fer.
Si, il arrive à ployer le rachis.
Principalement à la jonction entre dernières dorsales (côtes flottantes) et les lombaires.
Et on le voit là, sur deux situations vraiment extrêmes (un cheval qui explose de joie sans doute et un cheval qui peine à se relever, photos de Maltosa prises sur le site de Allège Idéal)

Mais si on observe l’observable, le dos du cheval de droite est plié en son milieu, pas dans son ensemble. Et le ventre du cheval de gauche… ben c’est pareil, c’est un peu avant le nombril que ça se plie.

Donc passer des heures à planter l’éperon dans les côtes d’un pauvre cheval pour le plier à cet extrême, alors qu’il ne s’agit pas d’assouplir un muscle, ni d’étirer un ligament, mais d’assouplir quelques os, les forcer à se côtoyer de plus près… quelle hérésie!

Par ailleurs, l’expérience prouve que l’on peut faire au trot un cercle de 5m de diamètre avec un cheval de taille normale… et avoir une excellente appréciation de son incurvation par des observateurs chevronnés… alors que la seule chose qui a été demandée au cheval, par la main seule, est de bien ployer son encolure latéralement!

(Euh, oups, je l’ai pas dit, j’l’ai pas dit… d’ailleurs, voici un secret, mais ne le répétez pas: la main, elle peut agir, la main, c’est le Bien…)

Quant à nous, pouvons-nous nous plier harmonieusement latéralement?
🙂

Non, pas mieux, non. Enfin, si, nos lombaires sont moins handicapantes tout de même!