Concours de Dressage et mise en main chez les jeunes cavaliers

Ce dimanche, deux de nos cavalières, Aurélie et Andrea, ont participé à un concours de Dressage de niveau club.

   

Tout comme en CSO il y a 15 jours, le poney club n’a pas brillé par ses résultats… 😐

A nouveau, le côté évident de l’expérience réside dans le manque d’énergie flagrant exploité par nos équidés.
Bon, soit, il serait vain de nier la réalité, ça ramait grave…
Cependant, si le manque d’impulsion est seulement désespérant en Dressage pour celui qui regarde, il s’avère être littéralement dangereux en obstacle… A améliorer nettement ‘à la maison’ afin qu’en ‘extérieur’ ce soit plus moins pire (si, j’ai le droit de le dire: je suis monitrice).

En revanche, le côté franchement injuste de l’histoire réside dans la réglementation. En effet, les enrênements sont autorisés en concours Dressage club.

Si. Alors ça, quand j’ai découvert ça…
Bon, je ne suis pas au goût du jour, ça, c’est fait!
Mais quand même, qu’a-t-il pris à la FFE d’autoriser un truc pareil? Elle est tombée bien bas…

Concrètement, qu’est-ce qu’un enrênement?

Les enrênements, ce sont ces ficelles/lanières qui passent de la sangle à la bouche du cheval pour maintenir la tête de notre noble équidé dans une position donnée.
Même si le cavalier est maladroit avec ses mains.
Même si le cavalier lui fait mal.
Même si le cheval trébuche et a besoin de vivement abaisser et étendre son encolure.
Même si le cheval panique et a besoin de vivement monter son encolure.
Il ne faudrait quand même pas que les chevaux osent s’exprimer normalement et nous fassent perdre quelques points!
Ligotons-les solidement, du coup…

L’injustice disais-je, en dehors de celle faite au cheval, c’est celle faite au cavalier qui refuse d’utiliser ces ficelles.
En effet, dès lors que le cheval n’est pas visuellement cloué dans une position – artificiellement contrainte ou habilement amenée – de chanfrein ‘à la verticale’, le juge ôte des points à chaque exercice exécuté ‘non placé’ (pas à la verticale; techniquement, on dit aussi ‘ouvert’, en rapport avec l’angle tête-encolure).

Mettons que ce soit la règle et qu’il faille s’y plier.

En quoi des cavaliers laissant leurs chevaux dans une attitude naturelle sans créer de défense (donc avec une bonne relation évidente entre la main et la bouche), devraient être ‘sanctionnés’? Ils devraient au contraire être récompensés pour leur honnêteté.

La mise en main, c’est l’éducation du cheval lui permettant de comprendre ce que nos mains demandent, et donc que sa bouche y réponde favorablement (sans défense).

Selon le degré de dressage des chevaux et selon le niveau du cavalier, la mise en main peut être:
– ‘initiale’ (juste un contact accepté sans défense)
– jusqu’à ‘aboutie’ (avec relèvement de l’encolure, ramener – chanfrein à proximité de la verticale, plutôt en avant qu’en arrière de la verticale – et cession de mâchoire sans dégradation de la décontraction, ni de la locomotion)

   

En concours, les juges favorisent les cavaliers avec enrênement

En quoi les cavaliers dont les chevaux sont attachés de la bouche à la sangle, devraient avoir une bonne note de soumission du cheval, alors que chaque erreur de main, et chaque défense (réaction de mécontentement ou de détresse) du cheval qui en découlerait, sont cachées par l’enrênement?

En présence d’un enrênement il devrait donc être prévu de minorer la note d’au moins cinq points aussitôt que l’enrênement se tend! Et ce serait bien généreux! … puisque la pseudo-soumission à la main s’obtient par un savant saucissonnage, un simple réglage de lanières !

Une pédagogie déresponsabilisante et déshumanisante

En effet, alors comment ne pas créer, chez ces cavaliers qui ligotent leurs chevaux, le sentiment que gagner correspond à employer des moyens artificiels, mécaniques, sans âme, sans intelligence?
La certitude qu’amener le cheval à se mettre
sur la main (à avoir confiance en cette main qui le guide au bout des rênes)
– voire en main (s’y complaire au point de laisser aller sa mâchoire mollement au gré des demandes au lieu de la figer de crainte, de lassitude, de colère…)
– est forcément un vulgaire acte brutal, qui ne nécessite aucun ressenti (si des ficelles y arrivent, pourquoi demander à un cavalier d’avoir des mains intelligentes! surtout si on apprend à ignorer le regard du cheval et la contraction de ses muscles maxillaires, à les faire taire…),
– et donc qu’il suffit de bien serrer ses rênes pour maintenir cette fichue tête bien verticale!

La preuve de leur croyance inhumaine? c’est que même en concours officiel de Dressage, les juges acceptent un cheval saucissonné artificiellement!
Comment prétendre faire du Dressage si on s’en remet à des courroies pour cacher notre incapacité à nous servir de nos mains.
Comment faire autrement si ni les juges ni les moniteurs ne trouvent cela inacceptable?!

La croyance que le dressage se fait grâce à des moyens artificiels

Non, non, pas besoin de s’adresser à l’intelligence du cheval.
Inutile de penser qu’il puisse comprendre et coopérer de lui-même.
Pas question de prendre du temps pour créer les bases de son éducation, et de sa mise en main. Inutile d’ailleurs d’acquérir du tact puisqu’il est prétendument réservé aux cavaliers doués.

Hé, à y être, si on remplaçait nos chevaux par des robots, cela nous éviterait de nous obliger à les dresser, à les rendre malléables, généreux et confiants! il suffirait de bien les faire programmer…
C’est vrai quoi, y’en a marre de ces canassons qui demandent des années de recherche pour les comprendre, pour les ressentir!
Allez, vite, un apprentissage en un, deux ou trois ans, des chevaux abrutis et/ou saucissonnés pour qu’ils se taisent, et zou, en concours les gars, si v’nez voir, c’est trop fac’!
Etre cavalier ne demande plus d’intelligence et de pratique délicate, mais juste quelques lanières :-/
Quelle contrainte communication fine et légère…

Epilogue

Ce qui peut faire sortir un vrai cavalier de ses gonds, dans ces conditions, c’est la violence subie par les chevaux, lors du concours oh oui, mais du coup aussi lors de leur travail quotidien,
et l’acceptation tacite, légale de cette Violence
qui réduit le cheval au silence,
qu’il subit sous le regard complice de tous!
Violence prônée (voire pratiquée) par les juges, la FFE, les moniteurs…

Cette épreuve aurait dû être une épreuve de Dressage, mais n’a été que mise en paupiette de nos pauvres équidés. Une honte.

Un ‘bon’ enrênement, très officiellement accepté, ça s’achète dans les magasins.
Une bonne main, en revanche…
Mais c’est bien plus long à acquérir et l’argent ni la force n’y font rien, pour une fois!

A part ça, si, j’aime le Dressage… Mais le Classique, définitivement; pas le Moderne 😉

A part ça, je cotise à la FFE mais attends d’elle un comportement radicalement différent pour former de vrais cavaliers…

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4 pensées à propos de “Concours de Dressage et mise en main chez les jeunes cavaliers

  1. … Encore un truc qui ne rassure pas c’est que la bonne main n’est pas non plus présente sur les concours internationaux (si! à vérifier sur Equidia: impressionnant le nombre de cavaliers de haut niveau qui martyrisent leurs chevaux : encapuchonnés, rênes de tirettes voire de tractionnnettes et j’en passe!) . Bref des cavaliers hyper musclés des épaules et des bras, jambes ancrées dans le cheval et des chevaux avec des capacités exceptionnelles… et un cœur encore plus énorme de subir voire d’accepter tout ça…

  2. Le problème du cheval, quand on monte dessus et autre, ben c’est qu’il est vivant. Certains ont bien du mal à s’en souvenir…

  3. J’ai constaté les mêmes faits il y a 5 ans et j’ai dû expliquer à mes élèves pourquoi ils étaient classés derrière ceux qui ont fait une présentation avec ficelles.
    Mais la clôture de la journée a été positive car à l’inverse des cavaliers ficelles, mes élèves percevaient très bien l’inconfort des chevaux et la grossièreté des aides des cavaliers dont les enseignants avaient ficelé les chevaux. Car en plus les ficelles ne portent pas à la discrétion ni à la finesse.
    Classé derrière c’est pas sympa pour des jeunes de 10 /12 ans; mais après explications, dialogue, nous sommes heureux, nous enseignants, d’entendre nos élèves argumenter logiquement et avec bienveillance, et placer la plaque et le flot bien après nos valeurs.
    Mais je n’ai ni l’énergie ni le temps pour entamer un combat avec la FFE.
    On est bien placé pour savoir que certains ont tenté avec courage, démonstration et engagement de faire changer les choses.

    Je pense que l’important est ce que nous faisons, chacun dans nos structures au quotidien, mon énergie va se porter plus particulièrement sur les “portes ouvertes” et les représentations sur les salons avec mes élèves. Rien n’est plus parlant je pense.
    De plus en plus de cavaliers sont en demande d’une équitation plus respectueuse et c’est un bel espoir.

    1. Oui, sans conteste, tu parles avec sagesse.
      Cependant, sans aller forcément au combat… ne serait-il pas judicieux que la FFE sache… Parce-que par exemple, si personne ne dit rien, elle – la FFE – serait capable de croire que cela nous convient à tous. Or, ce n’est pas le cas…
      Et si tout le monde se tait, les plus timides, les plus fatigués n’oseront pas non plus protester même symboliquement.
      Tu sais, “mais les extrêmes, c’est toi, quand tu ne votes pas“… ou plus traditionnellement: “qui ne dit mot consent” 🙂

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