Equitation, équitations…

François Robichon de La Guérinière (1688-1751) fait galoper le cheval l’épaule en dedans  pour lui apprendre à approcher la jambe de derrière de dedans de celle du dehors et lui faire baisser la hanche, et, lorsqu’il a été assoupli et rompu dans cette posture, il lui est aisé de galoper ensuite les hanches unies et sur la ligne des épaules, en sorte que le derrière chasse le devant, ce qui est le vrai et beau galop .”

C’est pour ce genre de textes que j’adore les livres de Dressage… juste pour le plaisir de voir comment ces hommes de cheval arrivaient à exprimer les gestes équestres et leurs sentiments, les tournures alambiquées de leurs phrases…
Totalement indigeste il est vrai, mais il a bien fallu que certains commencent à expliquer vraiment les chemins vers l’art équestre!
La Guérinière, avec son beau français, est toujours considéré comme LA référence en matière d’équitation, même la Fédération Équestre Internationale s’est basée sur ses écrits pour créer les règlements de concours.

Mais il y a de très nombreuses fausses interprétations qui pourrissent durablement et en profondeur l’art équestre…

Par exemple, la qualité recherchée pour le cheval en ‘appui sur la main’, qualifié par La Guérinière de “ferme, léger et tempéré”, a été transformée en appui franc mais non léger, c’est-à-dire un cheval qui met du poids sur la main.
Il a fallu depuis requalifier la notion d’appui en ‘contact’ afin que les confusions cessent.
Mais cela n’empêche pas pour autant les mauvaises et dommageables interprétations. En effet, au lieu d’aller chercher les dires du Maître dans le livre lui-même, tous les enseignants, les juges de Dressage se contentent de transmettre ce qu’on leur a verbalement transmis sans jamais rien remettre en question. Nos chevaux s’appuient encore, nos cavaliers continuent de confondre contact et appui… 🙁

Autre erreur classique liée au fait que La Guérinière utilise l’expression ‘à pleine main’, c’est-à-dire tous les doigts posés sur la rêne, qui est confondue avec l’acte de tenir à plein bras… 🙁
De là trop de pratiques résolument incontournables dans tous les clubs et petits concours, pauvres chevaux aux bouches en permanence étirées vers l’arrière sans jamais connaître de répit, pauvres cavaliers aux bras musclés capables de soutenir sans discontinuer plusieurs kilo par la force… et trouvant cela normal, voire souhaitable…

Autre exemple, à propos de la recommandation de La Guérinière prônant les ‘mains basses’. Aurait-on oublié qu’à cette époque, les selles avaient un pommeau très haut, et qu’une main basse était donc à hauteur de nombril…
De là trop de méprises dans l’enseignement, et tant de cavaliers conditionnés à avoir des mains qui tirent vers leur braguette, ou montent les poings plantés dans leurs cuisses ou leurs genoux…

De lui, nous tenons la première description de l’épaule en dedans, les qualités de la main (légère, douce et ferme), une utilisation expliquée du demi-arrêt et de la descente de main (cession d’action de la main), et  l’affirmation que l’on doit agir du bas vers le haut et non en tirant vers l’arrière et le bas.

Quel dommage de ne retenir de lui que ce qui nous permet de rater le coche de la légèreté…

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6 pensées à propos de “Equitation, équitations…

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