Un hôte précieux

Lundi ou mardi dernier, sur facebook (si), je vois passer une demande d’aide de la part d’un centre équestre pour un monsieur.
Bon, forcément, je lis.
Quelques phrases annoncent que ce monsieur est allé sauver une jument à l’autre bout de la France (au-dessus de Rouen, à Beaubec-la-Rosière, en Normandie).
Qu’il la ramène à pied jusqu’à Perpignan.
Mais que la jument, proche de Limoges (plus de deux mois de marche dans les jambes), a commencé à moins bien avancer.
Que si on pouvait les dépanner des quelques kilomètres de trajet, ça leur permettrait de gagner quelques jours de marche et de se reposer un peu.
Que ce monsieur, est une belle personne, et qu’il mérite de l’aide.
Ah.
Sur la photo de piètre qualité, au loin, un monsieur au teint buriné par les éléments, et une grande ponette de toute beauté, visiblement en bel état, de robe indéterminée (un peu comme celle de Titou).
C’est rare qu’un club s’intéresse à des itinérants. Cela m’interpelle. Je me dis que le climat va être affreux pour cette personne. Je laisse un commentaire noyé au milieu des dizaines, centaines d’autres: si besoin, ce monsieur, je peux aller le chercher.

Le mercredi, une personne m’appelle (une Sandrine), pour me dire qu’elle dépose le monsieur et sa jument chez un vétérinaire, mais qu’après, il aura quand même sans doute besoin d’un coup de pouce, d’une avancée, d’une pause. Que ce monsieur est quelqu’un de très spécial, vraiment spécial. Je sens dans sa voix qu’elle est touchée au plus profond d’elle.
Elle me demande si elle, enfin il peut compter sur moi. Ah ben ça alors, si j’avais cru que mon offre serait prise au sérieux… Il s’avère que le lendemain, jeudi, je n’ai pas de cours à donner, il me faut ‘juste’ trouver un van.
Coup de fil à Irène, qui accepte instantanément de me confier son van, surtout si c’est pour rendre ce genre de service!

Après quelque péripétie croustillante, nous voilà à Gluges, à faire le retour avec BipBip la superbe ponette en si bel état, dans le van et… Philippe, et son bonnet blanc, et son pull de belle qualité, du vrai travail artisanal, magnifique.

Cette route, je l’ai faite comme dans un conte: Philippe me raconte ses aventures et mésaventures, ses joies, ses découvertes, ses observations, ses déductions, ses choix de vie, etc. Récit après récit, mon admiration et mon respect pour ce monsieur augmentent de façon exponentielle. J’avais bien compris qu’il était spécial, mais je ne m’attendais pas à ça.

Nomade, cueilleur de plantes pour lui, mais aussi pour une dame qui en tire des extraits, et autres décoctions, il vit dans et par la nature. Selon les saisons, soit vers les Corbières, soit plus vers Limoux).
Il est de la Famille Arc-en-ciel où tout se décide au bâton de parole.

Ses histoires sont extraordinaires dans son vécu et humbles dans sa pensée.

Entre-temps, il m’a expliqué que Philippe est son prénom de naissance, mais que son prénom d’usage, de nomade, celui sous lequel il est connu, c’est Baba.

Les circonstances ont fait que Baba va sans doute rester jusqu’à la fin de la semaine au club.
Vous pourrez demander à Baba (si vous l’écoutez jusqu’au bout sans trop l’interrompre, comme s’il avait le bâton de parole, car il ne sait plus ‘comprendre’ des conversations qui partent dans tous les sens 😉 ) comment il a eu BipBip, pourquoi, comment il a fait pour l’apprivoiser, comment ils ont quand même réussi à avaler presque trois mois de marche sans encombre, etc.
BipBip va être revue par un vétérinaire cet après-midi (celui du club, M. Deroubaix), mais vous demanderez à Baba de vous raconter cela.
Baba nous quittera bientôt pour poursuivre sa route de vie, cette nouvelle route avec cette ponette qui bouleverse sa vie.

En attendant d’avoir le privilège de le rencontrer, je vous souhaite bonne année à tous!

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