Bambou ou l’échappée sauvage

Mercredi soir, le gentil et volontaire Bambou a décrété, dès le sortir du paddock, qu’il n’irait pas dans la direction voulue (peu importe où d’ailleurs) par sa meneuse de propriétaire.

Echappé une fois, il a été arrêté avant le camp scout (ouf! oui, le PTV est actuellement habité par de jeunes gens scouts).
Repris, échappé encore une fois, les personnes habituées du club témoins de la scène se sont mobilisées pour bloquer l’accès au PTV en se positionnant intelligemment à chaque couloir ou ouverture de terrain.
Repris, re-échappé, etc. et cela durant environ trente minutes.

Je tiens à mettre en avant que ce positionnement spontané, neutre, motivé, des personnes présentes est en soi un cadeau inestimable!
Pas d’agitation, pas d’énervement, pas de tension, juste leur présence bienveillante, silencieuse et protectrice, patiente, mais vraiment efficace en cas d’approche du cheval pour qu’il n’aille pas mettre en danger quiconque, ni lui.

Je ne pense pas l’avoir dit, mais mes élèves, leurs parents ou accompagnants: MERCI!
Vous aviez à vous occuper de vos chevaux, ou partir, ou juste faire diverses autres choses, et vous avez tout annulé ou ajourné sans vous poser de question, sans hésiter.
Vous êtes des perles!

Je suis arrivée à ce moment-là, le temps que je me gare et zou, je l’ai vu échapper à sa propriétaire (encore une fois donc). Pfff.
Ah bon ben…
Chausse les gants et au cas où la genouillère… Ah, la genouillère tient plus, pfff.

Bambou était dans la zone du manège virtuel (que nous qualifions poétiquement ‘le trou’). Plus de 2000m2, et aussi alentour de ce trou (jusqu’à la carrière, rond de longe, etc.).
Je me suis mise en relation avec lui.
Oups, ben la communication était sacrément sous friture, en pointillés, voire absente…
Il ne partait pas bien vite loin de moi, et même se laissait attraper par la longe, mais ne me suivait pas, ou plutôt repartait sans moi pas bien vite, etc.
Aucun progrès. Pfff.
Bon, quand il faut, il faut…
Plutôt que de fonctionner indéfiniment en mode échec, je lui ai décroché sa longe et ai commencé à le travailler en liberté.
Exit les gants et la genouillère qui glissait. C’est parti pour la liberté, et ses longues courses potentielles…

Hé bien non!
Bambou, sachant les issues fermées, est resté très modéré dans ses mouvements de fuite, voire parfois totalement statique (en autiste, pas en cheval content d’être avec moi), m’obligeant parfois même à le mettre vraiment en avant!!! (enfin, au petit trot dans le pire des cas, parce-que visiblement, se faire mettre en mouvement de fait pas partie des choses qu’il accepte non plus…)
J’ai jonglé avec un mix de:
‘si tu pars, je pars avec toi, mais regarde si tu ralentis je ralentis aussi’ pour lui dire que ses fuites étaient vaines s’il voulait juste avoir la paix par l’éloignement, mais qu’avoir un humain derrière lui n’est pas forcément dangereux même quand il veut nous échapper (oui, parce-que les engueulades verbales ou physiques quand on se fait rattraper, il a connu)
‘si tu ne me regardes pas, bouge plus loin ou un peu plus vite’ pour qu’il ne me considère pas comme négligeable et ne m’oublie pas autant, pour qu’il ne s’enferme pas hors de toute communication dans un autre monde
‘pousse tes hanches pour te mettre face à moi en t’arrêtant’ pour lui dire qu’il n’y a qu’en s’orientant vers la personne et non à l’opposé qu’on peut avoir du repos
‘viens on va ensemble par là – ah zut non’, furent mes tentatives avortées pour me faire accompagner de sa majesté Bambou
‘si tu pars, je pars avec toi mais tu dois continuer un peu plus longtemps que tu ne pensais’ pour lui dire que partir, c’est pas grave, mais alors, même s’il est devant, même s’il décide de la direction, même s’il tente de s’éloigner, je contrôle encore le moment du repos, que le repos ce n’est pas quand il s’éloigne mais quand je lui fiche la paix (tactique, dialogue qui a remplacé peu à peu le simple accompagnement amical et neutre; là c’était un accompagnement amical mais en ‘guidage par l’arrière’ doux et tempéré),
et les pensées positives, les encouragements verbaux ou du fond du coeur et des tripes, les friandises aussi (qui, soyons honnêtes, n’importaient pas pour lui et ne semblaient pas liées à une notion de récompense; au moins, ça détendait ses mandibules serrées…)
etc.
Une vingtaine de minutes plus tard (merci encore et encore à ceux qui sont restés alors qu’ils étaient déjà là depuis une demi-heure! à bloquer les issues), Bambou suivait gentiment derrière moi quelle que soit la direction prise, et je l’ai ainsi rentré au paddock sans lien physique, mais avec la joie d’avoir pu (ré)établir une interaction.

Bon, un progrès monumental, c’est sûr.

Cependant, toutes les issues étaient bloquées, ce qui ne sera pas toujours le cas.
Et surtout, Bambou n’a jamais accepté que je le dirige en restant à son épaule, choisissant systématiquement alors de s’éloigner. Visiblement, cette position est non comprise par lui.

Ceci nous laisse donc je pense encore quelques semaines de boulot en perspective, auquel sa propriétaire s’est attelée dès ce soir: dédramatiser la position à son épaule jusqu’à ce qu’il s’éloigne moins fort d’une part, et obtenir le mouvement avant sans frein de sa part (lui dire de se mettre en route et obtenir rapidement qu’il se mette en route, sans espérer encore qu’il se mette au pas à nos côtés: non, déjà qu’il se bouge, peu importe vers où), tout ça sans longe bien sûr.
On progresse!
🙂

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