Les deux juments au travail, Lune et Ramita, ont fait des progrès qui se font enfin vraiment sentir.

Pour Lune, il était question d’angoisses et de besoin irrépressible de fuir, ou de mise en stand by (autisme, ou peut-être inhibition de la fuite avec blocage de tous ses circuits neuronaux; oui bon bref, sorte d’autisme quoi).
Pour Ramita, il était question de colères dantesques quand elle était contrariée, afin d’obtenir la mise en liberté et les explosions en tous genres.

1/LUNE
Pour Lune, il était question d’absence ou d’excès de réaction, allant jusqu’à résister à la demande de mouvement, de respect de nos espaces, voire jusqu’à en mettre en retour (postérieur tourné vers nous et même postérieur envoyé vers nous; ou une fuite sans plus jamais s’intéresser à nous. Deux moyens extrêmes pour se débarrasser de nous.
Oh, Lune n’a pas une once de méchanceté.
Mais l’Homme ne lui a jamais expliqué ce qui lui convient et ce qui ne lui convient pas, à la seconde près. L’Homme la tient tout le temps, l’Homme lui fait peur, l’Homme lui fait subir plein de choses pour lesquelles elle n’est pas prête.
Alors l’Homme n’est intéressant que par ses friandises, mais tout le reste doit être rejeté en bloc si on ne veut pas mourir de peur ou commettre un mauvais geste contre l’Homme. Lune se contient. Depuis des mois.
Imaginez, voici un seul exemple parmi des dizaines: l’Homme exige qu’elle marche à ses côtés, mais elle n’a aucun espace de liberté. Donc si elle a peur, ou elle se contient, ou elle piétine l’Homme. L’Homme a peur de cette tension, l’Homme tient Lune encore plus fort et plus court, Lune se sent encore plus prisonnière et Lune a encore plus peur. Pfff.
Lune essaie de fuir l’Homme parfois, Lune a de plus en plus peur, Lune a de plus en plus mauvaise réputation, alors on tient Lune encore plus serré, on la craint, on la juge, on la rejette d’une certaine façon, et elle aime encore moins qu’on s’approche d’elle quand elle est dans son parc… Quand elle est manipulée, elle n’est plus que celle qui est difficile à attraper et celle qui a peur de tout. Plus personne – sauf ses propriétaires d’amour – ne cherche à lui expliquer. Et puis, elle en a soupé, des gestes et paroles de l’Homme, elle n’espère plus rien, si ce n’est des friandises ou qu’on la laisse en paix.

Il lui en a fallu, des séances et des séances pour comprendre qu’à tout problème il y a une solution, et qu’il suffit de tenter… et qu’à un moment, ça paye!

Lune fait de plus en plus d’efforts pour renouer contact avec la gent humaine. De renfermée la tête vers le lointain et le regard absent, elle est devenue intéressée, attentive, coopérative. Bien sûr, parfois, elle a encore une peur panique de telle ou telle chose (un bruit, un geste…). Bien sûr, parfois, elle pense à nouveau à nous ignorer et fuir loin dans sa tête ou avec ses pieds plutôt que chercher une solution. Mais c’est de moins en moins souvent.
Et pour la première fois hier, elle n’a plus marqué d’inquiétude aussi forte pour tout, le reste et son contraire. Non. Elle n’a plus tourné le dos à la relation à l’Homme. Elle n’a plus trouvé affreux qu’on lui demande de se mouvoir comme ci ou comme ça, elle a juste cherché à les comprendre et elle s’est fiée aux indications qu’on lui donnait. Merci Lune.

Pour ce qui est de la deuxième jument au travail…

2/RAMITA
Pour Ramita, il était question d’une jument tellement bien éduquée qu’elle a réussi à guider discrètement son humain-rien-qu’à-elle. Hop, une épaule un peu trop près, un pas un peu trop rapide, et zou, son-humain-à-elle pivote invariablement pour la laisser passer. Discret mais efficace.
Terriblement efficace. Et son-humain-à-elle ne s’en est pas rendu compte. Quelques années plus tard, pour un tout petit détail comme ça, Ramita en est à ne plus lever ses pieds antérieurs au pansage puisqu’elle met systématiquement tout son poids du corps sur son antérieur du côté où nous sommes pour lui demander le pied. Et si on tente de repousser son poids du corps sur l’autre épaule… Mama mia! Qu’avons nous osé là! Offusquée, elle rappelle trèèèès fort qu’on doit être fiers d’elle si elle nous pousse de son épaule, voire si elle nous bouscule de son épaule, voire de tout son corps…
Et si on a l’outrecuidance de tenter de lui réexpliquer qu’à notre pression, elle doit laisser un peu de champ libre… Ce n’est alors pas une Ramita qui vous tourne autour comme un lion en furie, mais dix: celle qui vous passe sur le corps en s’enroulant autour de vous, celle qui se cabre, celle qui s’en va à fond, celle qui vous charge, celle qui saute en tous sens, celle qui ne s’arrêtera plus jamais de sa vie, celle qui ne bougera plus jamais un pied de sa vie, celle qui jette son encolure dans tous les sens, celle qui se couche encore plus dans les virages, celle qui ne démarre que droit devant où que vous soyez, etc.
Si.
Excessive et fatigante à demander qu’on lui dise non-non-non.
Comme un enfant qui cherche les limites.
Dangereuse à ne pas trouver les limites qu’elle teste.
Mais tout comme Lune: pas une once de méchanceté.

Et hier, avec son-humain-à-elle, Ramita a concédé presque à tous les coups de céder de la place à la demande.
Sans faire de grosse colère.
Et elle s’est posée aussi, sans pour autant tenter la tactique de l’escargot-passif-agressif.
Que de progrès pour Ramita aussi, donc!

Elles veulent juste qu’on leur dise:
ce qui est juste pour nous
ce qui n’est pas acceptable pour nous
qu’on les aime quand même mais pas dans nos bras, sur nos pieds ou dans nos poches.
Elles veulent des règles du jeu avec le mode d’emploi-pour-les-nuls.
Elles veulent que le jeu soit appliqué à la lettre, le temps de bien bien le cerner.

Elles veulent juste qu’on entende:
ce qui est juste pour elles
ce qui n’est pas acceptable pour elles
que leurs excès quand elles sont désemparées ne sont pas un acte de désamour
et qu’elles veulent des solutions quand elles sont dans l’impasse.

Sacrés juments! 🙂