Capucine ou les frasques caprines

Capucine, c’est la copine de Stewball.
Capucine, elle est aussi petite, et jolie, et vive que Vanpass, TicTac, Roméo est mou et placide: c’est dire!

Capucine, le jour de son arrivée, tandis que Stewball était à l’attache à l’extérieur, est restée planquée dans ses pattes de gros doudou de cheval. Dès que Stewball a été mis en étable, Capucine a sauté dans la mangeoire. Rien que ça, déjà, ça laisse pantois. Et ça fait sacrément sourire, du sourire niais du bienheureux qui découvre que la nature c’est chouette.


Il y a bien eu cet instant de panique générale quand Capucine, découvrant des pattes de chevaux en mouvement, s’est précipitée dessous comme un seul homme (‘scout toujours!’ ??)… sauf que c’étaient celles de Qavale et Opium!
Ben quoi? on ne lui avait pas dit à Capucine, que les pattes des chevaux n’appartiennent pas toutes à Stewball? Ni qu’un troupeau de pattes n’est pas constitutionnellement amical? Pauvre ‘tite puce perdue…
:-/
Bref, une fois Stewball rajouté au troupeau de pattes, Capucine s’est retrouvée dans le bon lot, et aussitôt que Stewball a baissé la tête elle s’est jetée vers elle (la tête), l’a flairée et a soupiré de soulagement: que de frayeurs! C’est vrai quoi, tous les humains s’étaient mis à parler fort, à vouloir l’attraper (et pis quoi encore?!), les pattes bougeaient trop, y’en avait plus que quatre en plus, pffff, c’te trouille!

Puis les jours ont passé sans trop de remous. Capucine a pu observer à loisir dans les paddocks alentour toutes ces pattes n’appartenant pas à Stewball. Son expérience première nous laissait penser qu’elle n’y chercherait plus refuge de sitôt!
Le soir, on prenait Stewball en licol, on ouvrait la porte du paddock, et on partait le cœur léger et primesautier, pas peu fier, la mini-chèvre avec ses mini-bêlements trop mignons, collée dans les basques du beau bai. Zou, tout ça en box, un peu de grain, beaucoup de foin, un peu de câlins (enfin, à Stewball parce-que la belle ne nous connaissant pas, pas question pour elle de nous laisser la toucher!) et au lit les petits.
Le matin, re-mini-bêlements façon gazouillis, un vrai plaisir pour les oreilles. Hop, le licol à Stewball (sauf une fois à cause de la pluie: en prison au box avec foin en attendant un climat meilleur), et zou, le trajet jusqu’au paddock.

Le soir, parfois, petit temps de récréation dans le couloir avec Bar’Quête, en protégeant cette dernière de l’effronterie sans nom de la chèvre. Non parce-que ça a commencé par un coup de boule amical entre copines ruminantes, mais ça a fini avec une Capucine mettant un coup de tête en pleines côtes de Bar’Quête (bon, d’accord, il y a la laine…) puis zou, dans les fesses de la douce! Et que je me cabre de travers avec le geste de retomber pleine tête! et que je me hérisse!
Si, une Capucine, ça se hérisse sur la ligne du dos, un vrai Porc-Epic dorsal! Alors déjà que ça a une petite queue ‘blanche voyante en pétard’ dans son état normal, je vous raconte pas l’effet punk avec le hérissement…
Je lui ai dit, à Capucine: ‘Toi, t’as de la chance qu’elle soit non violente, parce-que t’as vu ce qu’elle a fait du double-vitrage? ben t’es moins solide que lui…’ mais ça ne l’a pas impressionnée du tout, et elle a quand même vérifié avec succès sa dominance sur Bar’Quête. Bon, soit.

D’un jour sur l’autre, des détails ont changé, sans qu’on n’y prenne garde. Capucine s’éloignait plus de Stewball lors des trajets box/paddock. Et quand Biwann passait par là, au lieu de se terrer toute hérissée de peur dans les pattes de Stewball, elle ne s’éloignait plus trop et toisait la chienne. Puis elle a commencé à trainer quelques instants au niveau de la haie brise-vent (heureusement, c’est au seul endroit où les arbustes ont grandi, elle n’a pu y faire de dégâts). Trois fois rien, des détails vous dis-je. Comme nous connaitre mieux et accepter de se laisser toucher aussi. Des broutilles. L’évolution, l’adaptation, les merveilles de l’apprentissage…

Jusqu’au jour où, approchant de la porte d’entrée du paddock pour rajouter une tranche de foin, zou, je me vois la Capucine qui me passe sous la porte sous le nez, la porte encore fermée… Et elle rentre aussitôt. Pour ressortir. Excitée comme une petite puce chèvre. Et bing, un coup de tête dans les jambes pour cause de service trop lent, alors que j’étais bouche bêêê bée devant le spectacle. C’est trop mignon. Mais c’est pô cool…
:-/

Bon. Branle-bas de combat. On branche le ruban du bas sur un électrificateur sur secteur. Mais elle est trop vive, elle passe entre les impulsions.
Oh, la Capucine, elle ne se sauve pas, elle ne s’éloigne pas vraiment de Stewball. Cependant, sans même se poser la question, zou, elle sort. Elle passe aussi la moitié du corps à d’autres endroits de la clôture pour attaquer la végétation plus dense. Là non plus, elle ne se sauve pas, elle ne sort même pas tout son corps, mais…
L’inquiétude monte dans les rangs: et si elle passe chez les chevaux voisins à un moment où nous ne sommes pas sur le qui-vive, que va-t-il advenir de cette petite chèvre naïve? Intuitivement, on ne donne pas bien cher de sa peau… Alors on a l’œil ouvert.
Bizarrement, un matin, dans le paddock, elle se met à bêler avec une rare intensité, rien d’agréable ni de discret, le gazouillis a disparu pour faire place à un son insupportable et régulier. Nous surveillons souvent: non, rien ne nous choque, si ce n’est que Capucine est perturbée, bouge différemment et ne ferme plus sa boite à bêêêê. Un profond mal-être, ça oui! on le sent bien, mais lequel?

Hé bien, c’était le courant dans la porte d’entrée!
De toute évidence, elle se l’est pris le matin, puis a bêlé toute la journée cette haute trahison!
Elle a ensuite hésité le soir à franchir la porte même grande ouverte (alors que dans la journée, moi, je l’ai vue passer à moitié sous les clôtures pour brouter l’herbe… entre deux bêlements gueulards).
Bon, elle n’a pas associé ruban–>courant mais porte–>courant. Pas cool. De nuit en plus, pour savoir où elle est, si elle suit ou quoi…
Pire.
Sitôt passée cette porte honnie, la mini-chèvre a foncé droit chez Une et Quadrille…
🙁
Total Panic chez les humains, Stewball est remis précipitamment au paddock, et la survie de la biquette est assurée par la mise en mouvement et le fait de ne pas laisser réfléchir les juments. Il fait nuit, on ne voit pas où est Capucine!
Quadrille, on le sait, a les postérieurs qui tapent dans le vide à la moindre contrariété, et Une a des petons plus gros que la chèvre tout entière… Quelle angoisse!
Pffffiou, un quart d’heure de débandade et quatre humains plus tard, Capucine se retrouve entre les pattes de Stewball: les juments étant finalement tenues en main, on a pu le faire entrer dans leur paddock. Et zou, on fonce rejoindre les boxes, malgré elle. Les bêlements ont encore monté d’un cran: ils sont plus graves, plus puissants, et nettement plus fréquents. On prend le temps d’expliquer à la chèvre ce qui s’est passé et pourquoi ça s’est passé comme ça.
Note à moi-même: penser à acheter des boules Quiès pour toutes les personnes du club!

Le lendemain, Capucine remet ça. Mais là, c’est fini la rigolade, zou, appât au grain et mise d’une laisse.
Elle n’a pas apprécié la blague, elle ne savait même pas que ça existait, ce truc pour la tirer par le col… Les bêlements n’ont pas molli…
Deux jours plus tard, elle bêle à nouveau de son joli gazouillis, elle suit presque bien en laisse (enfin, on n’a pas essayé sans Stewball), elle ne passe plus non plus sous les clôtures pour brouter l’herbe, et elle ne cherche plus de noises à Biwann et moins à Bar’Quête. En revanche, elle commence à visiter l’étable, l’écurie, le club house, et se laisse caresser. Elle a appris aussi que quand on prend le temps de tenir tête à un humain qui marche, ben c’est comme avec les pattes de son cheval, ça la percute logiquement… depuis, elle essaie plein de figures de style, elle innove, ou elle essaie de se placer plus loin pour plus impressionner, mais elle se débine toujours à la dernière seconde: nous pouvons à nouveau la nourrir sans subir ses assauts 🙂

Capucine la Coquine et Stewball le Sage partiront demain soir pour rentrer chez eux. Souhaitons-leur bon retour. Mais les gazouillis vont nous manquer!

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5 pensées à propos de “Capucine ou les frasques caprines

  1. oh, la vache (la chèvre) !!! je suis désolée car j’ai l’impression qu’elle a mis vraiment le bazar…en tout cas merci pour votre patience.

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