La mise du licol, vue par un cheval craintif

Tout d’abord, un humain arrive avec des lanières (licol et longe dit-il) plein les mains. Sa tension est palpable, il a le cœur qui bat trop fort, et il fait des gestes moins souples, il est plus maladroit que d’habitude et m’inquiète un peu.
Les lanières et l’ambiance ne m’inspirent guère, je m’en éloigne prudemment, en ronflant un peu.
Le regard de l’humain se fige instantanément, il se crispe, il ressemble de plus en plus à tous ces prédateurs que mon instinct honnit. Ou a-t-il compris que les lanières étaient dangereuses et il a peur lui aussi? Toujours est-il que rien ne me rassure.

En plus, ces lanières font un bruit que je ne connais pas: et si c’était vivant?
Coup de bol, mon humain ne me crie pas dessus, ne se jette pas sur moi. Je prends le temps d’analyser, la tension baisse, je veux bien venir voir ce que c’est que tout ça, ma curiosité est parfois si grande…

Il me faut du temps pour comprendre que toutes ces lanières et le bruit qu’elles font sont inoffensifs, et que cela peut même me toucher l’encolure, le corps, la tête, sans rien risquer.
Puis mon humain veut que je laisse ma tête près de lui, lui qui me dit toujours de rester un peu loin… Il m’enserre dans ses bras, me colle la tête contre lui, je ne peux plus voir partout, je panique, et pire, je ne peux aisément bouger pour voir de face ce qui m’inquiète au loin, je rate tant d’info vitales, cet humain ne comprend donc rien!?
Heureusement, pas de cris, pas de montée de stress de sa part, il m’accompagne dans mes gestes et je me rends compte que je peux me détendre malgré tout, et me laisser guider par ses bras autour de mon encolure, de ma tête… Je suis encore un peu tendu malgré tout.

Ensuite il me touche le bout du nez! Ah ben non alors! Pas le bout du nez, ses mains sur mes poils tactiles me font sauter en tous sens, j’ai l’impression de toucher le sol à chaque fois que mes poils tactiles (vibrisses) sont effleurés, ou une clôture électrique, je panique, je panique… Mais l’humain persiste et je finis par me contrôler, en effet, finalement, rien ne m’a fait mal, j’ai même été massé… mais mes réflexes sont plus forts que moi: je réagis encore fort si je suis surpris!

Et zou, maintenant, mon humain m’entoure la tête de ses bras (Eh! mon champ de vision!), m’empêche de trop bouger (Eh! mon instinct de fuite!), et me met les lanières bruyantes autour de la tête, lanières qui touchent mes vibrisses, rrrhâââ, c’est affreux, il faut faire abstraction de tous mes réflexes de fuite, d’évitement de contact, je n’en peux plus…

Ah oui, la friandise tombe à pic, ça va me reconcentrer sur des points plus positifs et je vais arrêter de me focaliser sur le négatif!

Tiens donc, qu’est-ce-que c’est que ça? Aaaaaahhhh! Un serpent (la longe) qui se tend entre l’humain et moi!!! Et en plus il vient de me toucher le menton et mes vibrisses, arrière toutes!!! Aaaaahhhh, je viens de me faire prendre à la nuque par la lanière, cette lanière est un tigre déguisé, et en plus, en reculant fort, j’ai secoué le serpent qui m’a attaqué le menton tandis que ça secouait aussi l’humain qui semble vouloir lui aussi m’attaquer (me regarde yeux grand ouverts, crie éventuellement ‘Aie mes mains mais tire pas euh!’, avance vers moi autant que j’essaie de céder toute la place!)! Arrière! Arrière, Demi-tour, Fuite absolue et immédiate!

– Et voilà comment en ayant raté un détail ou deux dans la désensibilisation, on se retrouve avec les mains brûlées par frottement, un cheval en fuite en train de courir la trouille au ventre car le serpent le suit où qu’il aille, reste qu’à prier qu’il ne casse pas les clôtures, ne coure pas à s’en faire une myosite, ne vous saute pas dessus dans sa trouille, ne se cabre pas ou ne se retourne pas si vous tenez encore la longe, etc. 😛

C’est taquin, non, les chevaux?

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