Troisième stage avec M. Philippe Karl: troisième leçon

Troisième leçon:

La veille au soir, genou en vrac, comme le soir d’avant. Du coup, rebelote pour l’inquiétude.
Et re-bonne surprise le matin: presque pas de gêne, la guérison poursuit sa route malgré les secousses à cheval, malgré les deux journées passées assise sur une chaise.
Par ailleurs, j’ai appris qu’il n’y aurait pas d’obstacle, mais de la longe pour la quatrième leçon: je ne déclarerai donc pas forfait!

J’ai noté aussi l’attitude plus sereine de mes collègues, leurs sourires au sortir de leurs séances, leur gestuelle plus relâchée à cheval. J’ai un poids de moins sur la poitrine à voir que tout le monde se sent évoluer dans le bon sens.
Et puis la veille, M. Karl nous a joué du Brassens sur sa guitare… Ah la belle âme!

Toutes ces bonnes choses font que j’arrive galvanisée pour cette troisième leçon.
La détente d’Éclipse se fait un peu en courant dans le manège pour être (du moins j’essaie) à l’opposé de l’entier qui entame la dernière partie de sa séance avec M. Karl.

Vient notre tour. Les flexions à pied, aussi précises que je sois capable de les demander, avec une Éclipse qui est à l’écoute. Elle continue à s’améliorer dans ses réponses (comme tous les autres chevaux de l’équipe, certes), un vrai plaisir: cette jument est formidable.

Allez hop en selle.
Je me demande un temps si la séance ne va pas être de trop pour ma belle: elle n’a quasiment fourni aucun effort physique intense ces derniers mois. En effet, il y a eu les travaux du poney-club, puis mon entorse et l’opération… Ce sont les cavalières du club qui ont retravaillé la jument en endurance un peu avant le stage, mais elle était difficilement revenue à 30min de trot, elle qui tenait ses trois heures 🙁

Pas le temps de me torturer plus le neurone, la tenue des rênes est au programme et cette fois, M. Karl a décidé que je ne partirai plus au pas avec une jument étendue. Ah. Ben zut, je commençais pourtant juste à savoir le faire! 🙂

Bande sonore à l’arrêt: “Reprenez rapidement une longueur correcte de rênes, puis coudes au corps, mains écartées, ajustez-les plus finement, et demandez la flexion de la nuque.” 😕
Bien entendu, maintenant que j’ai expliqué à Éclipse que nan-nan-nan-on-ne-fléchit-pas-la-nuque-on-ouvre-la-nuque, va-t’en lui dire que si, on a re le droit de fléchir la nuque, mais en mieux qu’avant!
Hé bien, comme dans tout organigramme de travail bien étudié, cela a été souvent assez facile: merci M. Karl!

Ensuite au pas, il y a un long moment où M. Karl me reprend foulée après foulée: nuque, pli, rythme, coudes, orientation du regard, angle du corps/pare-bottes, hauteur des mains, tant et si bien que je me sens comme un pantin remodelé en permanence…
Me voilà donc en train de m’imaginer guidée par Gepetto, ou encore marionnette dans un théâtre pour enfants.
Au plus les consignes reviennent – preuve affligeante que je ne suis pas capable de les respecter longtemps – au plus j’obéis comme un bon petit robot, et comme j’ai une notion aiguë du ridicule de ma situation, j’essaie désespérément de reprendre mon sérieux.
Malheureusement pour moi, à son commandement, M. Karl oriente mon regard droit sur lui durant une figure d’épaule en dedans, et zip, mon imagination n’a plus de limite! Cette fois, je me vois dans un dessin de Thelwell sur un poney tout rond en train de l’encercler… Je suis à fond dans le personnage… je suis morte de rire en dedans, le sourire niais en dehors, plus moyen d’être concentrée, je ne comprends même pas que ma jument continue consciencieusement son épaule en dedans…
Et là, M. Karl m’achève publiquement par un magistral: “Il faut toujours qu’elle fasse des trucs comme ça, avec des petits airs de Simplet, (et se retournant vers moi pendant que tout le monde pouffe) est-ce parce-que vous vous moquez de moi?”. Il se marre, ouf. “Non M’sieur, je me moque de moi.” Pfff, c’est du n’importe quoi; trop bon!

Reste plus qu’à me concentrer sur une mine sérieuse et hautaine, ce qui me fait à nouveau partir sur quelques délires…

Heureusement, les difficultés techniques arrivent et commencent à m’accaparer plus l’esprit.
– et que je dois tenir l’activité au trot même dans les mouvements latéraux, mais si mais si (ah oui, le truc que j’ai jamais trop su ou voulu faire: ma Louloute étant parfaite, pourquoi lui faire faire plus?!)
– et que je me fais avoir comme une bleue en faisant, à l’insu de mon plein gré, un plus petit cercle hanches-en-dedans à main gauche qu’à main droite (d’aucuns diront que ma jument est dissymétrique 👿 , mais cette affirmation me parait incongrue, Éclipse étant parfaite par définition), alors me v’là en train de me demander où sont ces fichus 15m de diamètre afin de vraiment y mettre les épaules d’Éclipse…
– et qu’on fait des départs au galop non traversés… enfin moi je croyais (avec, mais si, pour la première fois, quelqu’un qui me confirme que ce n’est pas illogique de faire des départs sans jambe extérieure isolée; yes!)
– et que je suis censée sentir qu’Éclipse se rassemble au galop (ben, ma foi, oui, mais tout comme à l’épreuve du galop le plus lent en TREC, j’vois pas où est la différence, merci le TREC… quand je vous le disais: cette jument est parfaite!)
– et que je t’enchaine reculers et départs au trot avec une jument qui cherche à me donner le passage (“Non! Louloute-euh! Abuse pas, c’est un cours sérieux: on joue pas!”)
– et vas-y que je suis rincée (confirmé par les quelques “Arrêtez de secouer la salade”  😡 qui m’ont suivie à chaque trot assis ) mais moins que la veille, et aux anges: parce-qu’en plus, ma merveilleuse jument, ben elle ne transpire presque pas, signe que physiquement, elle se balade comme au bon vieux temps… voire même elle montre qu’il était temps qu’on s’y remette!

Bande sonore de la séance: “Ah quand un cheval vous tombe dans la main comme ça, c’est le pied”
Alors moi je veux pas critiquer, hein, mais pour le profane quand même, on voit pas trop bien comment ça peut être le pied qu’un cheval de 500kg vous tombe dans la main. Enfin, ça ne perturbe sans doute que moi d’entendre ce genre de phrase…
“Faire une épaule en dedans en acceptant une baisse d’activité, c’est comme ne rien faire du tout; comment voulez-vous qu’il engage le postérieur sous la masse s’il est passé en mode ‘promenade pour petite mamie’?”. Et allez, j’imagine ma grand-mère sur Eclipse plutôt que sur son vélo d’appartement, et sincèrement, à 99 ans, mieux vaut pour Pétronille Joubert (mamie, je t’aime) une sérieuse baisse d’activité de la jument!
“Avancer plus dans le même rythme lent.” Hé ouais, ça calme ça aussi. Ben c’est la première fois que je commence à sentir ce que ça veut dire, aussi clairement (enfin, au stage précédent, j’avais eu comme un début de quelque chose de moins flou; mais à ce stage, c’est le déclic, ça y est). Reste à pratiquer…

Séance finie avec quelques bonnes explications bien senties.
(surtout, si cela est possible, n’hésitez pas à venir en auditeur, il y a de grands moments d’anthologie)

(à suivre)

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