Leçon avec Jolie et M. Belaud

Après avoir fini mes stages, après avoir donné les dernières consignes pour tous ceux qui me remplacent, après avoir abandonné l’idée de bâcher mon foin, après… bref, franchement à la bourre, j’enfourche ma superbe Berlingomobile et me voilà roulant, stressée par tout ce que je n’ai pas fini, et par mon retard, vers Mirepoix. Je ne suis alors vraiment pas sûre d’avoir eu raison de maintenir la séance…

Là-bas, je vais pourtant enfin pouvoir reprendre un cours avec M. Belaud. Mais cette fois sans Eclipse (son transport aurait été trop difficile à organiser). Ce miracle ne serait pas possible sans Céline, la généreuse propriétaire de Jolie, qu’elle a accepté de me prêter exceptionnellement pour l’occasion.

Enfin, encore faudra-t-il que j’arrive à trouver le domaine de M. Catala Jean chez qui se déroule le stage.

Le temps de réfléchir sur la route, je me rends compte que je n’ai ni bombe, ni harnachement, ni quoi que ce soit d’ailleurs. Hum hum hum, cela me rappelle le temps du monitorat quand nous arrivions en concours sans gants, ou sans bombe, ou sans… Le temps de l’agitation inutile serait-il de retour? Enfin, peu importe, quand on n’a pas de tête, ça ne fait que s’aggraver dans la précipitation.

Arrivée là-bas (si si, j’ai trouvé! et le domaine est très beau!), après avoir dit bonjour sans presque trop déranger, je fais connaissance avec Jolie (que j’avais croisée déjà, mais de loin et il y a longtemps), et dès que je vois sa bonne tête, je ressens toute sa franchise calme, mon stress s’efface, c’est bon, je l’adopte…  Jument bai-pie croisée de cheval de trait, elle me rappelle le temps où, ado, j’accompagnais les chevaux de trait que ce soit vers les alpâges, ou lorsque nous les en redescendions pour les amener au concours mulassier annuel de Seyne-les-Alpes. Encore une fois, les gens présents aux stages de M. Belaud se montrent adorables, et Marie me prête tout son matériel pour que je puisse monter selon la norme.

Au début de la séance, rappel sur le contact avec la bouche, les diverses façon de procéder pour obtenir et bouche, et pli. Jolie est un tout petit peu excitée d’être dans un manège, séparée visuellement de sa compagne, ce qui donne une jument pas concentrée du tout, et dès lors, je me sens fascinée par cette puissance. M. Belaud l’a en main et la remet un peu aux ordres, mais je suis plus dans la fascination pour la masse tendue de Jolie que dans la leçon elle-même. Ouh, ça doit faire le vide autour de soi, cette petite bête, si ça se met vraiment en colère… Mais comme souvent, les lourds sont plus dociles que la moyenne des chevaux s’ils n’ont pas eu trop trop le loisir de découvrir que leur force joue contre nous (n’est-ce-pas, Pompon ?! 👿 ).

M. Belaud garde patience malgré mon inattention et me refait faire les exercices qu’il m’a montrés (mais je me sens encore novice et mal-à-l’aise), puis il me met en selle. Je suis prévenue : “Jolie a tendance à s’appuyer sur la main et à arracher les rênes”. Le temps qu’il finisse sa phrase et zou, je me fais démonter les cervicales et arracher les rênes par un bon coup d’encolure bien envoyé… Merci pour la démo des propos, fillette! C’est ça, c’est Pompon, mais en taille cheval! “Ah ah, la finaude, les présentations sont faites dans les règles de l’art, je sais qui tu es, tu ne m’auras pas deux fois!”

La séance commence et j’ai pour consigne de ne pas laisser Jolie s’appuyer (qui l’eût cru?). Sur l’heure, tout est un peu passé en revue, je me sens tranquille, bien que souvent à côté de mes pompes, et à devoir redemander les indications… L’esprit s’évade vite, pire que mes petits cavaliers en cours… La fatigue sans doute?

Quant à Jolie? Pas une crasse, pas une tentative de quoi que ce soit, une crème, une jument extrêmement bien mise (oui, je sais, il y a quelques mois, ce n’était pas le même topo, félicitations à Céline pour son travail impeccable), sur laquelle je me sens comme chez moi… La même gentillesse qu’Eclipse, la même bonne volonté, la même intelligence de réaction. L’heure se déroule comme sur un nuage, sans accroc particulier.

Jolie, toute lourde qu’elle soit, se comporte avec légèreté, réactivité, et enchaine sans sourciller divers mouvements de côté et toutes les transitions (épaule-en-dedans, hanche-en-dedans, sur la piste, sur la diagonale, départs au galop à juste et à faux sur le cercle du trot comme du pas).

Petit rappel sur les astuces:

  • pour partir à juste avec un jeune cheval, quelques foulées juste avant la demande de galop, trotter avec le bipède intérieur pour libérer le postérieur extérieur – le premier à prendre le galop, si je puis m’exprimer ainsi.
  • pour aborder un appuyer avec un jeune cheval, commencer par des hanche-en-dedans sur la diagonale
  • dans l’épaule-en-dedans au trot enlevé (ou dans tout mouvement où le cheval avance vers son côté convexe), trotter avec le bipède intérieur
  • dans l’appuyer au trot enlevé (ou dans tout mouvement où le cheval avance vers son côté concave, soit quand ‘il voit venir ses hanches’), trotter avec le bipède extérieur

Bon, bien sûr, je passe mon temps à détendre les rênes pour récompenser – trop – la jument, bien sûr, j’ai dû encore redemander ce qu’était un renvers – pourtant, je le sais! – parce-que mon cerveau avait bugué en imaginant le cheval retourné sens dessus-dessous avec moi dessous, en train de se dandiner désespérément pour faire un pas de côté…

Grâce à M. Belaud, ce renvers, qui n’est qu’une croupe au mur, s’est retrouvé qualifié de contre-hanche-en-dedans, ce qui m’a beaucoup amusée (enfin, ça n’amusera d’ailleurs que ceux qui font à cheval des contre-épaule-en-dedans), et je suis partie intérieurement sur un délire de travers (terme équestre), dévers (déjà moins équestre) et autres revers… Ce qui m’a valu de demander à M. Belaud de répéter ce qu’il venait de me donner comme nouvelles consignes…. Ce qu’il a fait, tandis que je l’imaginais me disant: “Un mauvais point, mademoiselle Joubert, et allez vous mettre au coin!”. Mais sa patience est restée inébranlable, tout comme sa gentillesse. Tandis que, moi, je me voyais ensuite avec un bonnet d’âne dans un coin, sur une Jolie dépitée, et que du coup je ratais à nouveau les consignes suivantes… Pfff, quand ça veut pas… 😳

Enfin bon, je ne me suis pas trop fait reprendre malgré mon incapacité à me concentrer, je me suis régalée avec Jolie, j’ai eu grand plaisir à nouveau à me laisser guider, conseiller et reprendre par M. Belaud, et j’ai d’ailleurs déjà réservé ma place pour la prochaine session – pourvu que je sois moins à la ramasse! Bref, que du bon, encore une fois!

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Une pensée à propos de “Leçon avec Jolie et M. Belaud

  1. AH….. je te reconnais bien là mademoiselle Joubert! Un bon cours donc par ce M. Belaud, mais à quand le contre appuyer au contre galop à faux???? 😯
    Faudra revoir tout ça, pour que ça te soit naturel histoire d’en faire profiter les copines, au moins en théorie !
    plein de bises

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