Retour de Guismo en fanfare

Mercredi, Patrick Chêne m’annonce que les soins prodigués à Guismo ne semblent plus se ‘défaire’.
Le soir-même, je reprends la route avec le van (merci Irène!) et vais chercher le beau Guismo.

Je le trouve dans son box trempé, et je découvre sa longe servant d’attache solide pour le seau d’eau. Ah, je vois… Monsieur s’est peut-être un peu agité et a peut-être un peu tout renversé… J’ai une pensée pour ceux qui vont devoir nettoyer son box alourdi par les litres de liquide répandu…
Je récupère la longe, le poney… Le poney? Non, le mini-dragon! Il m’emmène vivement, veut trotter, courir, explorer… Des heures, que dis-je, des jours de frustrations sommeillant en lui sont en train de s’exprimer d’un bloc, là!

Je n’ai pas le temps de l’attacher dans le van pour fermer le pont qu’il est déjà debout, s’assommant sur la barre de poitrail, mettant ses pieds par-dessus ladite barre, ou dans la gamelle suspendue sous la fenêtre – espérant sans doute atteindre celle-ci pour s’évader…
N’écoutant que mon expérience, je me jette sur la bâche permettant de fermer complètement l’arrière du van (Guismo voyagera en liberté, pas question qu’il arrive à passer ses petits antérieurs au-dessus du pont!), et je cours libérer Guismo par la porte avant, avant qu’il ne détruise le seau d’Ulysse ou ne s’y coince et tombe. Là, une guerre tacite est déjà en cours: il a décidé qu’il passerait par la porte avant, que j’y sois ou non. Et moi, je suis coincée, car je ne peux fermer la porte sans risquer de le laisser échapper.
Pas question qu’il voyage attaché, il va finir assommé par sa barre d’attache à tant se mettre debout, ou un pied coincé dans sa longe tandis qu’il est debout, ou… enfin bref, il me faut le laisser libre.

Ma longe claque au sol vivement quelques fois pour spécifier que je suis bien présente! et que partout où ma longe claque, il s’en approche à ses risques et périls! Quelques minutes d’échanges de regards décidés, de jaugements, de prises de pouvoir virtuel… Il capitule plusieurs fois en partant au trot jusqu’au fond du van, presque au passage, queue en l’air, il hennit, il tourne sur un petit cercle… mais je n’ai pas le temps de m’éclipser, il revient vite face à moi, bigrement motivé à passer coûte que coûte: il a un monde à explorer et conquérir, il a des kilomètres à parcourir pour retrouver les siens, puisqu’on l’en prive depuis tant de jours!
Je reprends mes positions et suis motivée à la hauteur de ce qu’il l’est aussi.

Il finit par baisser un peu les armes, son regard est moins ‘ailleurs’, il m’observe et semble se souvenir de moi et m’accepter de nouveau comme quelqu’un (quelque chose serait plus juste) dont il faut tenir compte.
Je réussis enfin à le caresser brièvement sans qu’il ne cherche à me bousculer pour passer. Je lui enfourne une énorme carotte dans la bouche (dont il ne voulait pas jusque-là) et pendant qu’il est occupé à la croquer, je fais un bond arrière et ferme la porte. Enfin! Zou, je saute dans la voiture et on roule.
J’ai retrouvé le Guismo qui m’avait tant séduite il y a cinq ans en arrière, le poney hystérique toujours debout à l’attache, ou s’engouffrant avec force dans tout espace ressemblant à une sortie… Je suis rassurée, il va sans doute plus que bien, même s’il est en grande détresse émotionnelle.

L’arrivée au club est tout aussi épique. Il n’a pas baissé dans ses émotions, dans sa frustration. Quand j’ouvre la porte avant du van, je la referme derrière moi cette fois, je ne la laisse plus s’ouvrir en grand par mégarde. Je trouve le seau d’Ulysse au sol, la litière au sol est complètement chamboulée, c’est un désordre sans nom. Ah, y’a un bon caillou, là! Le stress fait faire de graaandes choses même aux plus petits…
Je rattache Guismo le temps d’ouvrir le pont (pas question de le laisser libre, il passerait sur le pont avant que j’aie fini de le descendre, et puis il fait nuit noire, jamais je ne retrouverai ce poney noir dans le club…). Et le v’là debout, ses sabots passant sur la barre d’attache, ou sa tête la heurtant, ou ses pieds menaçant de se coincer dans la longe 🙁 Pfff! J’ai beau faire vite, il est debout une bonne demi-douzaine de fois…

La sortie de Guismo se passe bien mais dès que je le contrarie en ne le suivant pas au trot, zou, il est debout. S’ensuit une deuxième phase de stress-sans-écoute, et nous ne rentrons au paddock que lorsque Guismo est moins virulent.

Là, tout le troupeau lui est venu dessus comme un seul homme!
Il transportait sur lui tant d’odeurs… (moutons inconnus, ânes, poneys, lamas, dromadaires, canards, chèvres, cochons…), j’ai dû le protéger un moment jusqu’à ce que l’hystérie se pose dans le groupe.
C’était impressionnant de voir les différences de réaction des chevaux. Ils étaient pressés d’aller le voir, de façon normale. Mais aussi, souvent, ils réagissaient parce-qu’une odeur inconnue leur arrivait aux naseaux, et menés par leur flair, ils identifiaient le poney noir comme cible porteuse d’odeurs et se jetaient sur lui toutes dents dehors (jusqu’à me rencontrer ou distinguer Guismo dans ce fatras olfactif). Pfffiou! Pas commode! Ca a pris un temps certain avant que le ‘réflexe’ des chevaux soit gagné, amoindri par leur réflexion…

Le lendemain, nous avons mis Guismo dehors pour qu’il profite de l’herbe, mais il a trotté jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la porte du paddock et il s’y et engouffré pour retrouver ses copains. Je pense que le message est clair.

Depuis ses émotions ont baissé, ses frustrations s’estompent, le calme a repris possession de son esprit, et il est redevenu le Guismo que l’on connait. Patrick Chêne est repassé au club pour lui et aucun trouble digestif ne s’est fait sentir sous ses doigts soigneurs. En revanche, le stress imprimé dans son crâne oui, ainsi que les mouvements forts qu’il a sans doute faits durant le transport (ou même en box avant que je le prenne, ou au paddock à se faire courser et flairer de force par les autres)… C’est un Guismo tout neuf qui a repris le cours de sa vie.

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