Epona, ou la grégarité exacerbée

Epona, jeune jument à peine débourrée, grise de robe, et sportive d’aspect, est arrivée en début de confinement sur la structure.

Son petit défaut pour arriver ici ?

Bah, trois fois rien … Une paille. Une broutille.

Certes, bon, il est vrai qu’elle fait montre d’agitation systématique et excessive, à l’attache quand elle est loin de ses copains. C’est vrai.

Voire parfois déjà en main quand on l’éloigne de son parc …

Peut-être même peut-on peut la qualifier de dangereuse tant elle se stresse et met tout en œuvre pour rejoindre ses amis chevaux.

Maintenant, est-ce une jument agressive, ou méchante, ou de mauvaise volonté ? Assurément, non ! Adorable, proche de l’homme, toute en douceur et en écoute, un vrai bonheur … Mais avec ses conditions à elle … assez incompatibles avec nos attentes.

Ses options des grands jours ?

En main :

  • refuser d’avancer posément
  • foncer pour nous passer devant au galop piqué (c’est-à-dire en frappant fort le sol à chaque battue, sans avancer vraiment) et nous contourner
  • galoper devant nous en crabe si on arrive à ne pas la laisser nous contourner
  • tirer en arrière à s’en mettre debout (bah, même pas besoin de résister fort pour qu’elle pense à l’option debout)
  • nous charger de son épaule intérieure
  • pivoter et nous bousculer sans ciller de sa hanche et faire place nette.

A l’attache :

  • piétiner en respirant court et fort
  • bouger
  • faire l’essuie-glaces, en hennissant, en regardant toujours vers ses amis (donc pas vers nous, hein)
  • tirer en arrière et se mettre debout
  • faire des sauts de mouton (si, véridique, c’est pas banal certes)
  • passer violemment la tête là où est notre corps
  • si ça ne suffit pas à nous convaincre de la libérer, passer posément son corps là où était le nôtre.
Quel genre de panique ?

Une paire de fois, je me suis demandé à quel point elle risquait de se blesser en faisant tout ce tsointsoin, tellement cela était excessif …

Se heurte-t-elle aux clôtures sur les trajets où elle chauffe ? Aux murs, à la mangeoire ou au râtelier intérieur ? Non ! Alors pourquoi se jeter sur ma petite personne – tête, corps, bras, jambes et pieds inclus ? Mmmh …

Hé, petite, tu as la panique bien sélective, dis-moi … Si ton cerveau est encore capable de discriminer ce sur quoi tu peux te faire mal de ce qui te semble négligeable, on va devoir revoir ensemble la notion de négligeable, non ? Si si …

Elle n’a pas compris de suite. Que ce n’était pas négociable, de respecter l’emplacement de mon corps. Il lui a fallu l’expérience de multiples situations de petits, moyens et gros stresses pour se rendre compte que non, décidément, une Ghislaine de se laisse pas passer dessus si aisément.

Des séances pas toujours faciles en main

Les premiers trajets pour la changer de parc ont été sans souci. Eduquée, précise, à l’écoute, de bonne volonté …

En revanche, une fois qu’elle a eu des amis, autre chanson. Plus moyen de l’éloigner d’eux. Du tout. Ca veut dire par exemple : pas de souci pour lui passer un licol, etc. Mais pas possible d’obtenir un pas en avant sans les autres. Et en cas d’insistance, c’est elle qui me trainait en faisant marche arrière toutes. Passer la porte ? Que je n’y pense même pas !!!

Et alors, une fois la porte passée (friandises inutiles, j’ai essayé, passer a porte a fait l’objet d’une pleine séance), penser à avancer derechef ? Même pas en rêve … Ou si j’obtenais le mouvement avant (pas par les friandises on a dit … oui, cela implique que je l’y ai forcée, oui), alors, elle s’y jetait littéralement si fort, si vite, qu’elle me passait devant et tentait de me contourner vivement. J’ai vu ses postérieurs de près quelquefois, ou son épaule, ou son poitrail … enfin, je la connais dans ses moindres détails 😮

J’ai quand même réussi à la ramener à l’étable. Soit tandis qu’elle galopait en crabe devant moi (pas le droit de passer derrière moi, pas le droit de s’arrêter … ce fut notre compromis). Soit elle à reculons, et moi face à elle en mode “You Shall Not Pass !”). Possible qu’elle m’ait ramenée quelques fois jusqu’à l’entrée du parc, oui, possible … mais chut …

Bref, de gros gros moments de tension, ces moments dans la vie où tu te dis, mais un peu tard ‘Mais pourquoi j’ai pas fait macramé comme sport ?’.

En tout cas, aujourd’hui, elle se laisse toujours licoler au paddock, elle sort facilement et va volontiers jusqu’à l’étable, même si parfois elle est quand même très tendue. Une merveille d’écoute, je la remercie profondément de prendre sur elle …

Il est vrai que quitter Vénus est forcément pour elle un crève-coeur, cette Vénus est si douce et si attachante …

Des séances pas toujours faciles à l’attache

Je n’ai toujours pas attaché réellement Epona. Elle a toujours un licol en cordelette, donc elle est attachée à un descendeur d’escalade. Pas de risque, si elle tire stupidement et violemment, qu’elle se blesse.

J’avoue, une paire de fois, elle a tiré si fort et en tous sens, ou tenté de me pousser si puissamment, que je l’ai détachée et et on a repris ça sans lien physique : laquelle de nous deux était la plus déterminée à ne pas se pousser ou à bouger l’autre ? Mmmmh ? Bon, certes, l’étable s’est retrouvée sens dessus dessous. Et après, y’en a qui trouvent que les enfants rangent mal leur chambre !!! :-O

Mais au moins, même dans l’étable, même sans longe, Epona est devenue compétente en distanciation sociale lors de ses paniques. Cela a permis d’avoir son attention même à l’attache ensuite.

Curer les pieds ? Quels pieds ? De quel droit ?

L’immobilité à l’attache étant parfois possible, j’ai attaqué le pansage, et ai découvert que pour elle, se laisser curer les pieds était … euh … une option ?

Je ne connaissais que les chevaux jamais manipulés pour garder les pieds collés au sol ainsi ! Et encore, eux, ils réagissent … pas forcément comme on veut, mais ils réagissent … Elle, elle gèle ses postérieurs au sol avec conviction. Sinon, elle s’en sert pour nous repousser fortement, voire elle  les envoie vers nous. Ou les reprend au bout d’un millième de seconde si on a réussi à les lever.

Et maintenant ?

Bref, désormais, elle oublie maintenant rarement notre présence même quand elle est inquiète. Et tandis que les battements de son cœur résonnent dans l’étable, elle fait quand même attention à nous éviter. Pauvre titoune. Bien entendu, tous les moyens sont bons pour lui éviter le stress, friandises, libertés fréquentes dans l’étable, explorations à sa demande, grattouilles, etc.

Quant à donner les pieds, elle a encore progressé, elle les soulève, les garde en l’air, puis se les laisse reposer.
Hourra !

 

 

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