Dylan est arrivé au club il y a un peu plus de trois ans.
Les débuts.
De tempérament tranquille et tempéré
en apparence, il s’est avéré plutôt froid et ‘absent’ durant les séances de travail sous la selle (des mouvements latéraux de mâchoire surprenants qu’il a encore régulièrement mais moins souvent et moins marqués, regard éteint voire absent, etc.). Voire froidement colérique à chaque incompréhension au travail.
Comment dire? Les colères se voyaient dans son oeil devenu soudainement noir, et se payaient longuement sur la séance… le plus souvent parce-que je voulais ‘juste’ qu’il (se) détende son encolure au lieu de la bloquer, ou qu’il la remonte, ou qu’il soit attentif à mon poids du corps et donc attentif dans les tourners… rien d’extraordinaire me semblait-il… erreur…
Gentil mais pas doux, bloqué de la mâchoire, de la nuque et des épaules, les postérieurs aux abonnés absents, et pas du tout centré sur les demandes de son cavalier tout en ayant l’air d’y répondre… durant quelques instants en tout cas.
Qu’il lui en a fallu, du temps, pour simplement comprendre que non, quand on fait une diagonale, on ne trimballe pas son cavalier de bout en bout sans plus l’écouter! Que non, quand on amorce une épaule en dedans, on ne la fait pas sur toute la longueur de la carrière envers et contre son cavalier (et véridique, il y mettait tout son coeur, à garder son attitude et son énergie jusqu’au bout, sans plus rien écouter d’autre!).
Qu’il lui a fallu de temps pour chercher à comprendre les demandes de la main, de la jambe, les combinaisons, les variations d’équilibres… Comme si écouter des demandes délicates ne faisait pas partie de son programme…
La générosité ne lui a jamais manqué! La puissance non plus. L’attention et la finesse en revanche…
Capable de bloquer tout son corps à la moindre émotion et de ne plus réouvrir les canaux de communication, physiques ni cognitifs…
Un drôle de bonhomme quand même!
Et que le rein se voussait irrémédiablement, et qu’il devenait frileux, et qu’il avait toujours la hanche gauche fortement plus haute que la droite, etc.
Je tiens à signaler que Dylan a été suivi avec quelques succès, certes, mais trop brefs, par Patrick Chêne en ostéopathie et Pascal Vespertini en soins shia-tsu simples.
Un premier déclic.
Et pourtant, quelle gentillesse avec nous! Quelle envie de travailler! Sa naisseuse avait manifesté tant d’amour pour lui!
Bon, et il faut reconnaitre qu’il a une bonne trogne…
Alors? Alors on change de voie.
Les séances de communication intuitive avec Florence Lombardini ont fait des miracles entre ce cheval et moi, bien plus que la technique, mes colères, mes délicatesses ou mes prières… Bien sûr, sans les méthodes de décomposition de l’équitation éthologique, et sans l’implacable méthodologie de l’Ecole de Légèreté, on n’aurait abouti à rien non plus, hein, mais on souquait ferme sans avancer réellement ni durablement.
Les stages précédents de l’Ecole de Légèreté avec Dylan.
M. Karl qui l’avait vu sur deux stages n’a pas dégagé de ligne directrice suffisamment claire pour moi, le cherchant visiblement comme je l’avais cherché, allant d’un bord (plus haut et/ou plus lent) à un autre (plus d’angle et/ou plus énergique quitte à être un peu trop vite) et encore à un autre (attitude moyenne, etc.). J’ai tout-à-fait compris cette espèce de zig-zag dans les procédés. Cheval qui se fige, amble facilement (marche comme un dromadaire et non plus comme un cheval), etc.
Que faire? J’ai suivi tout ce qui amenait à des améliorations sur du moyen terme, et laissé tomber tout ce qui me perturbait, sans même savoir si j’avais tort ou raison. Je lâchais juste tout ce qui créait au final plus de crispations que d’améliorations du fait de la répétition, ne sachant qui du cheval ou de moi se trompait. Quelque part, j’ai trouvé rassurant que cela se déroule comme ça: la complexité de Dylan n’était pas issue que de mon imagination…
J’essayais d’allier les enseignements de M. Karl aux consignes de centrage profond de Mme Lombardini.
Le dernier stage de Mars.
Clin d’oeil à Eugénie Cottereau pour le choix judicieux de la selle de celui qu’elle nomme affectueusement Son Altesse Sérénissime Dylan 1er!
Ces derniers temps, on dirait qu’on a encore franchi un cran.
Tout d’abord, j’avais décidé de ne pas lui faire suivre de stage régulier, pour ne pas lui mettre de pression.
On pourrait traduire ça par un ‘lâcher-prise’ moral quant à l’attente de résultat.
Ses colères étaient déjà moins marquées, semblaient plus liées à la déception de ne pouvoir réussir qu’au refus de faire. Du coup, elles étaient brèves (‘que’ quelques minutes).
Et puis même, on aurait dit qu’il savait qu’il y a toujours une issue favorable quand on ne s’entend pas sur un point technique. Qu’il acceptait de revoir son opinion en cours de route.
J’ai de moins en moins souvent affaire à un comportement autistique. Son regard me semble plus souvent plus vivant quand tout va bien, il ne se contente pas d’être gentil et éteint.
Reboostée après une séance de soin et communication sur Dylan avec Pascal Vespertini (praticien shia-tsu: on ne pourra pas dire que ce loulou a manqué de soins!), nous revoici en stage début mars devant M. Karl. Et zou, c’est passé cette fois!
Et bien passé!
Le stage a été sensationnel, Dylan s’est comme toujours bien comporté mais s’est aussi enfin un peu montré tel qu’il peut être: lourd, figé, bloqué, etc. Du coup, M. Karl a pu me guider sur le ‘vrai’ Dylan et non plus sur le faux-bon-élève que j’avais lors des stages précédents. Yes! Là on a pu ‘jouer’ et progresser! Là M. Karl a pu nous faire travailler dans les vraies conditions, et proposer des solutions, et voir ce qui fonctionnait ou pas…
“Il est puissant, il a un dos court et fort, il le bloque aisément. Vous avez un cheval taillé pour la lutte gréco-romaine et vous l’avez inscrit à un cours de danse, classique qui plus est. C’est toujours mieux que l’inverse me direz-vous. Mais comprenez qu’il puisse être perturbé et avoir du mal à se remodeler physiquement… ce qui ne sera qu’un mieux pour lui à terme.”
Dylan, petit rat de l’Opéra… Notre puissante danseuse étoile… C’est trop chou!
:inlove: :inlove: :inlove: 😉 Quelle belle histoire et quel beau défi ! Je trouve admirable de se remettre autant en question là où d’autres auraient blâmé et découragé le cheval. Tu l’aimes un peu, quand même, hein ? Avoue ! 😉 . BRAVO ! :-))