Mardi matin dernier, les jeunes entiers, Flash et Baïkal, qui devaient se voir ôter leurs attributs reproducteurs, ont eu chaud, sensus stricto et sensus largo.
Premier motif: Ghislaine avait dit de mettre le chauffage dans l’étable si les deux testicules n’étaient pas descendus, afin que les poulains se sentent à leur aise et les laissent sortir… et que le véto puisse les attraper donc.
Oui, parce-que les chevaux, même quand ils sont matures, quand ils ont trop froid… ils remontent leurs bijoux à l’abri, dans l’abdomen, et les bourses pendent vides, si si!
Par ailleurs, les testicules des poulains, même une fois ‘descendus’, font beaucoup le yoyo entre dedans et dehors…
Comme il n’y avait chez les deux jeunes, au matin, qu’un testicule descendu dans les bourses (le deuxième hésitait à franchir le pas), les propriétaires n’écoutant que leur monitrice, ont mis le chauffage dans l’étable. Ce qui devait arriver arriva avec la chaleur et la décontraction: les deuxièmes testicules de ces jeunes gens équins ont pointé le bout de leur nez.
Deuxième motif: le vétérinaire, Julian Deroubaix, n’est pas passé à l’oeuvre.
Les poulains ont un sursis.
Et le vétérinaire a ri, mais il a ri!!!

En effet, la descente testiculaire n’est pas le seul problème dans la castration.
C’est aussi l’accroche solide de l’épididyme sur le testicule qui importe, ce qui se fait naturellement avec la maturité.
L’épididyme, c’est ce qui stocke les spermatozoïdes (les petites graines pour faire le bébé avec la maman) pour les fignoler et les tenir prêts au voyage éclair en cas d’accouplement.
Quand le cheval est tout jeune, cet épididyme ne tient pas bien, n’est pas encore solidement accolé au testicule. L’attache entre les deux peut donc se rompre facilement.
Pourquoi ça craint?
Parce-que si c’est le testicule qui crée les spermatozoïdes, c’est quand même l’épididyme qui fabrique le plus d’hormones mâles. S’il reste, le cheval aura l’intégralité du comportement entier, avec tout ce que cela comporte de difficile pour nous pauvres humains, mais il n’y aura pas de bébé à la fin. Donc potentiellement, cris, excitations, jets d’antérieurs, cabrers, morsures, contacts physiques violents dès que l’occasion se présente, frustration de ne pouvoir se créer son harem, etc.

Pour vous situer la difficulté, quand le vétérinaire va ouvrir les bourses, le cheval, même endormi, va automatiquement faire remonter ses testicules (lentement mais fermement). Une course contre la montre s’installe, le vétérinaire va les attraper l’un après l’autre, avant leur disparition, et sectionner au-dessus de l’épididyme.

C’est donc là que la maturité intervient, et que l’accolement entre testicule et épididyme devient primordial.
En effet, si le vétérinaire attrape le testicule mais que l’épididyme est mal accroché, la jonction fragile cède, il remonte alors discrétos mais rapidement en rappel dans l’abdomen, il ne peut plus y être attrapé ni ôté. Ou alors faudrait ouvrir le ventre (avec les risques d’éventrations qui s’ensuivent).
Flash et Baïkal ont chacun un testicule immature.

Rebelotte le mois prochain, l’épididyme nous aura peut-être fait l’heur de bien vouloir s’agripper à son testicule, cette fois!