Bon.
Alors; pour un essai, le gars, il n’y est pas allé de main morte, question coliques.
En vérité vraie, j’ai d’abord cru à une entérotoxémie.
En effet, jeudi dernier (le 11 juin donc) j’avais laissé Dylan à l’herbe 4h d’affilée au lieu de maximum 1h parfois.
Vers 20h, il a voulu rentrer à l’étable de lui-même, s’est montré impatient, s’est fait gronder plusieurs fois, voire vertement, mais s’est montré plus impatient encore… puis en quelques minutes, son regard a changé, s’est durci, son attitude s’est centrée sur lui, son ventre s’est remonté, ses gestes ont pris en ampleur et violence… Tout cela en quelques minutes.
J’ai écouté son ventre. Ben ça alors, rien de particulier!!
Une diarrhée violente est arrivée. Mais pourtant, pas d’accélération de transit, le bruit dans les intestins était presque… idéal…
Euh…? quelle est la blague derrière un truc illogique pareil?
La fièvre est bien là… woooowwww… c’est pas bon…. Les muqueuse? trop claires…
Il a rapidement cherché à s’effondrer, ses yeux se sont révulsés, son corps se tordait, perdant irrémédiablement l’équilibre, les muscles des postérieurs semblaient céder brutalement…
Est-ce que j’ai eu peur? Oui.
Sans la moindre pitié, craignant la torsion des intestins au cas où il se roule, on l’a mis à marcher sans discontinuer, et lorsqu’au pas il semblait perdre conscience et consistance, on l’envoyait au trot avec fermeté, priant pour que les mouvements du trot apaisent les douleurs abdominales.
Le véto, Julian Deroubaix, joint par téléphone, m’a dit de continuer la calmagine et d’ajouter des antibio.
Tenter d’injecter de la calmagine a été laborieux. Le produit, en double-dose, a quand même fait un peu effet. Pendant ce temps, Stéphane (le papa d’Olwen), tentait de trouver les points utilisés en médecine chinoise en essayant de faire l’analogie cheval-humain. Et tant que le cheval, en marche, acceptait les soins manuels, il intervenait.
Entre injections de calmagine et soins en médecine chinoise, on ne peut pas dire que les résultats aient été visibles rapidement.
Ben… si on est honnête, cela voulait dire qu’en fait, la douleur de Dylan était tellement grande et forte qu’entre le calmant et les soins, cela arrivait tout juste à le garder ‘sur pied’.
Est-ce que j’avais encore peur? Oh oui, bien plus encore.
Les soins ont fini par oeuvrer un peu plus. A 23h, la tension est un peu retombée. Dylan s’est allongé dans la carrière sans plus chercher à se rouler. Cela nous a laissé le temps d’aller manger en vitesse. A mon retour, il s’est levé, s’est mis à marcher comme un forcené (comme on lui avait montré, en fait, ô, brave Dylan!), puis s’est mis à trotter de lui-même comme si il était encore conditionné par les précédentes heures de souffrances passées en longe… puis il s’est jeté au sol en se roulant trop fort. Il m’a été difficile de le réattacher et lever. Re-calmagine double-dose.
Effets du calmant peu sensibles… 🙁
Donc douleur monumentale. Et puis, les heures passent à marcher, courir, marcher, courir, le laisser se coucher s’il le demande sans hargne (donc s’il y a une chance qu’il se couche sans se rouler violemment donc sans risque de s’emmêler les boyaux).
Le regarder essayer de rester sur le dos et sentir une nouvelle vague de terreur passer. Le dernier cheval qui j’ai vu faire ce geste n’a pas survécu longtemps. Debout, trotte, trotte, trotte… allez mon gars, secoue ta douleur, endors-la, berce-la, concentre-toi sur autre chose, trotte, trotte, trotte… mes jambes n’en peuvent plus, les muscles n’ont plus la moindre force. Trotte, trotte, trotte…
Nouvelle injection de calmagine, donc le flacon est vide, il est trois heures du matin.
Pas d’effet sensible, le cheval se jette au trot de lui-même dès qu’il voudrait se jeter au sol.
Appeler le praticien Shia-tsu, Pascal Vespertini, à quatre ou cinq heures du matin, demander son aide à distance. Foie, rein, vessie, rate. Il entame un soin à distance. Durant ce laps de temps (45mn), le cheval urine difficilement trois fois. Et se pose un peu.
Un peu.
Six heures du matin, rappeler le véto. Répondeur.
Pascale vient à la rescousse, mes neurones sont en berne, mes muscles sont de la charpie. Appeler partout où on peut trouver de la calmagine (amis propriétaires, pension amie, etc.).
Et puis enfin la calmagine arrive de chez tous les amis (Virginie, Mireille, Renée), puis le véto aussi, perfusion, autre antalgique, autre antibiotique, soutien pour le foie…
Fouille rectale. M. Deroubaix trouve le caecum gonflé mais reste une chance, pas le reste des intestins.
J’encaisse la nouvelle. Kindy avait commencé par gonfler des intestins aussi.
L’urine devient trop foncée.
Cependant, bien sédaté, Dylan s’est posé. Il avait la cerne, épuisé par la douleur et le mouvement permanent.
Prise de sang, muqueuses trop jaunes (foie bourré de toxines, donc en détresse), matinée passée à l’attache avec des litres de perfusion, un bon calmant à portée de main en cas de récidive, et le droit de brouter de l’herbe rase pour le principe.
Résultat: pas de leptospirose, pas de piroplasmose. Yes! Un bon point!
Verdict: un ensemble de circonstances.
Sans doute une prolifération de bactéries intestinales barosensibles (variations climatiques brutales ces temps-ci) au détriment des autres, avec production de toxines par les bactéries chassées en masse par les envahissantes. Un peu trop d’herbe irritante sur des intestins en souffrances. Un peu trop de trèfle sur un foie déjà surbooké. Des vers ayant survécu à la dernière vermifugation avec le temps bizarre qu’on a. Ou va-savoir-quoi, et zou! C’est la fiesta des intestins!!
En attendant, Dylan et sa poche de perf nous refait une petite crise de douleur, c’était pas très-très commode en bout de tuyau… :-/
C’est plus tard quand Dylan a commencé à essayer de manger ledit tuyau qu’on s’est dit qu’il avait moins mal enfin.
Deuxièmes soins à distance par Pascal Vespertini. Deuxième phase de miction. Urine ok. Les reins sont donc relancés, et la vessie aussi. M. Vespertini s’attelle au foie et à la rate. Merci, merci!
Une dernière poche de perfusion et on retire au plus tôt le cathéter. Cela limite le risque que l’artère se bouche (oui parce-qu’il y a ce risque aussi). Dylan ne cherche plus à se rouler.
Vendredi soir, le vétérinaire est repassé longuement. Nouvelle fouille rectale pour s’assurer que l’inflammation du caecum était endiguée. Il nous a dit que Dylan semblait bien engagé pour s’en sortir. On a senti qu’il était soulagé et qu’il n’en avait pas mené large non plus. Bienvenue au club…
Après cette alerte, Dylan est resté sonné durant toute la fête du club, son transit était fortement ralenti (donc cheval pas sorti d’affaire, mais différemment). Régime: son, carottes, pommes et herbe rase 1h.
Puis dimanche, il a commencé à retrouver l’envie de s’intéresser à son environnement. Un peu hargneux, comme un cheval qui a vraiment mais vraiment faim. Régime: son, herbe rase 1h, carottes et pommes. Et un petit peu de foin trempé. Tu parles d’un repas!
Lundi matin seulement, Dylan a retrouvé une sonorité intestinale normale, et un regard normal.
Lundi matin seulement, on a su que c’était gagné.
Il a vu Florence Lombardini ce matin, il y a encore des choses pas tout-à-fait en route, mais elle pense que ça va aller sans séquelle.
Pfffiou.
Euh, ben comment on va dire? Cas clinique intéressant mais à ne pas reproduire même en situation artificielle, merci.
Cela ressemble curieusement a la crise que m’a fait ganaelle fin mars…mais peut etre en plus violent pout dylan …quoique pour ganaelle cela s’est termine par une hospitalisation! Les explications restent confuses mais il semblerait que ce ne soit pas des cas isoles… peut etre problemes de vermifigation pas assez efficace, qui avec un episode de temps tres cahotique provoque une multiplication intempestive de vers. Avec toutes les consequences d’une perturbation brutale de la flore intestinale! Un conseil faire une cure de probiotique et donner des herbes qui renforces l’immunite naturelle (tu peux m’appeler pour plus de detail).
Merci à ceux qui ont aidé à marcher et trotter Dylan.
Merci à ceux qui ont fourni la calmagine.
Merci particulier aux soigneurs de tous bords, à Stéphane, à Pascal, et à Julian, qui en mettant leurs connaissances en commun, ont réussi un miracle.
Dylan se porte bien. Il a maigri bien sûr, mais il va bien 🙂
A ce jour, Dylan se porte toujours bien.
Il tarde cependant à reprendre de l’énergie et des formes. Il a l’air encore un peu faible et sonné.
Nous continuons de lui donner accès au foin jusqu’à plus faim, de drainer son foie, et commençons à réintroduire son grain progressivement (2 poignées ce jour, 3 demain, etc.)
Dylan n’a retrouvé un bel aspect et une belle énergie au paddock que fin juillet.
Son encolure est encore un poil grêle, mais il ne fait plus pitié.
Pascale a veillé chaque jour sur lui, le mettant à l’ombre dans l’étable chaque après-midi, le servant à volonté en foin appétant, puis lui donnant sa ration de grain (avec une augmentation des doses on ne peut plus progressive).
Deux heures minimum (parfois une demi-journée) chaque jour sans le lâcher du regard, avec parfois pansage et toujours mots doux et encouragements.
Merci Pascale! :yes: