Dressage de haut niveau (ou pas) et maltraitance

Nous en avons peu parlé.
Mais il s’agirait quand même que cela se sache un minimum: il serait dommage pour les personnes côtoyant les chevaux, même en novices, de ne pas avoir quelques critères de bientraitance et de maltraitance…

La généralisation de la maltraitance

Peu importe le niveau de représentation et/ou de concours (concours de niveau club ou championnat olympique), en réalité…
Il existe depuis une trentaine d’années une dérive dans la façon de traiter les chevaux qui porte atteinte à leur intégrité physique et morale, qui se généralise et s’octroie même le droit à présent d’être couronné de succès au plus haut niveau, avec la bienveillance des juges internationaux et Fédérations Equestres française et internationales. Une honte.

Nos champions du monde de Dressage, nos petits cavaliers de club, sont de mieux en mieux formatés en bourreaux licites.
Or, on imagine bien que sous la torture, on arrive à obtenir que certains êtres vivants se dépassent au-delà de leurs limites physiques et morales… ceci n’est pas pour déplaire aux Fédérations (ou clubs) qui ont besoin de voir leurs cavaliers gagner.
Et une torture officiellement préconisée ne peut pas en être une, n’est-ce pas! Surtout si les meilleurs cavaliers mondiaux (ou le moniteur du club) l’emploient et gagnent avec!
D’ailleurs, les juges eux-mêmes mettent de bonnes notes à ces airs exécutés sous la contrainte, puisqu’ils sont eux-mêmes formés pour les trouver techniquement parfaits 🙁

Les petites histoires de la torture régulière

Un petit lien pour se rendre compte de ce qui se passe chez nos champions (qu’ils soient de France ou d’ailleurs, à ce stade, peu importe, hein!):
petit lien et autre petit lien tout aussi intéressant.

Notez à quel point on tombe bas:
D’une part on prend conscience qu’on ne peut laisser des chevaux blessés concourir, c’est bien et urgent vu la façon dont les choses évoluent. Blood rule.
D’autre part la FEI (Fédération Equestre Internationale) dit en réponse que “mais jamais de la vie on acceptera de laisser concourir un cheval blessé, ça va pas non? on n’est pas des monstres! enfin, il y aura deux trois exceptions, mais ça compte pas et il n’y a aucun risque de dérive non-non-non”. L’inacceptable exception, affirmée éhontément ici.

Les ‘observables’ permettant de présumer de maltraitance tacite

Il ne s’agira pas ici de chevaux affamés ou visiblement battus, officiellement maltraités, non non non… Ce sont des chevaux magnifiques, coûtant souvent des fortunes, traités comme des rois au quotidien… sauf dans le travail effectué avec persévérance, passion, obstination par leur cavalier.
Il s’agit de brutalité sensitive, d’insoutenables positions imposées durant de trop longues minutes, parfois des heures, de violences faites à leur bouche, à leurs tendons, leurs ligaments, leurs articulations, leur moral…

Points de tension voire traction  excessive

– un cavalier figé comme un bout de bois, dans une position irréprochable (souvent aux aux mains basses, mais pas toujours)

mains basses et bouche contractée Des mains bien (trop) basses cavalier tout rigide

– un cavalier arc-bouté vers l’arrière dès qu’il demande à son cheval d’avancer fort

opposition main-jambe Brélé en arrière

– un cavalier maintenant avec force ses mains basses quand elles agissent, près du garrot ou de la selle, voire près de la cuisse du cavalier, faisant donc agir le mors sur la langue et les gencives, avec le risque de les blesser. Voire de créer des lésions osseuses imperceptibles sur la mâchoire inférieure

Mains basses donc agissant douloureusement sur la langue Action du mors directement sur la langue et non sur la commissure des lèvres Mon cheval je le préfère bien saignantLangue dilacérée par une main et un mors violents

– un cavalier qui maintient son cheval presque en permanence plié à l’extrême durant l’échauffement sans jamais l’étendre

Ployé sur le côté le nez dans l'épaule Ployé sur le côté le nez dans le poirtail Ployé avec force sur le côté et encapuchonné

– un mors de bride toujours en action menaçant de micro-fractures la mâchoire inférieure

Mors de bride en action Branche du mors jamais parallèle à la bouche

– un cheval dont le chanfrein est en permanence ou le plus souvent très en arrière de la verticale (on dit ‘encapuchonné’), avec le risque de lésions au niveau de l’attache du ligament cervical, et des tensions excessives sur toute la ligne du dessus:

Travailler une heure comme ça Encapuchonné Encapuchonné même en western Toujours le nez dans le poitrail anky_b11 Chanfrein en arrière de la verticale Explication M. Karl

– un cheval qui doit être fatigué à l’extrême durant l’échauffement (car en rébellion permanente invisible pour le spectateur mais sensible pour son cavalier) pour être contrôlable en carrière de concours ou de spectacle

– un cheval saucissonné par des lanières

Longe enrêné ou comment chercher à briser la mâchoire de son cheval Enrênement serré Jolie figure mais cheval tenu trop serré devant Une nouveauté dans les gadgets de torture Le célèbre enrênement pessoa ici aussi tendu qu'un cavalier moderne De pire en pire tête bloquée par attache de la bouche à la sangle Frison paupiette

– un cheval dont la muserolle est trop serrée (ouverture de bouche à l’action du mors très limitée, et non décontractée)

Clouons leur le bec Toujours plus serrée Muserolle muserolle... Presque incrustée dans les chairs Faire taire la souffrance de la bouche du cheval en la muselant La muserolle expliquée par Ph Karl

– un cheval dont la langue sort souvent tandis que le cavalier est rigide ou le mors en tension excessive et continue

Langue serpentine langue cherchant à se soustraire à l'action du mors

– un cheval dont la langue a bleui

Langue bleuie par pression trop longue et forte du mors

– un cheval dont la queue fouette trop fort trop haut trop souvent (pas comme pour chasser une mouche en répondant à l’action de la jambe)

anky Protestation de la queue en position très anormale profil type

– un cheval dont les paupières supérieures forment un accent circonflexe en permanence ou presque

Horseball Comme ce cheval aimerait voir où il va

Les ‘observables’ permettant de présumer de bientraitance, risée de tout le milieu équestre

– un cavalier qui agit sans  reculer ses coudes ni baisser ses mains, mais qui baisse ses mains dès la réponse obtenue

– un cavalier qui agit brièvement (ce qui n’exclut pas l’action vive si nécessaire)

– un cavalier qui refuse les muserolles serrées, les enrênements et qui accepte même de s’en passer

– un cavalier qui ne met pas longuement son cheval dans une attitude contraignante mais qui l’assouplit et l’allonge souvent comme un gymnaste

cheval étendu et décontracté

– un cheval qui peut, ou ose, tenir son chanfrein proche de la verticale, ou en avant de la verticale

Chanfrein en avant de la verticale

– un cheval qui peut ouvrir la bouche pour protester et qui est entendu, ou à qui l’on explique alors mieux ce qui est attendu

– un cheval qui entrouvre moelleusement la bouche sous l’action du mors et laisse sa langue remonter le(s) mors avec douceur (on dit qu’il goûte son/ses mors)

– un cheval dont le regard et l’attitude s’apaisent malgré les efforts

– un cheval dont on ne voit pas les muscles contractés en permanence mais au contraire se décontracter à tout instant durant le geste technique hors rassembler

Une alternative, courageuse par les temps qui courent

L’Ecole de Légèreté a été créée par Monsieur Philippe Karl pour prôner le maintien d’une équitation respectueuse des chevaux, et… accessoirement de leurs cavaliers.
😉

Vous aimez ? Partagez !

5 pensées à propos de “Dressage de haut niveau (ou pas) et maltraitance

  1. Présentation du dressage sur le site de la FFE, morceaux choisis :
    “Le dressage consiste à faire évoluer les chevaux afin de montrer l’élégance de leurs mouvements et leur facilité d’emploi (téléshopping)”
    “Il a pour conséquence de le rendre calme, souple mais aussi confiant, attentif et brillant, démontrant la plus grande complicité possible avec son cavalier”
    “…ces moments de pure magie quand le cheval semble danser au rythme de la musique sous des demandes invisibles”.

    Quelqu’un a noté tout cela dans l’article de Ghislaine ?

  2. Partons de l’évidence que l’équitation est la seule discipline sportive qui utilise un animal comme moyen (faire-valoir?) de l’humain qui grimpe sur son dos.
    Cet animal, cet être de chair et de sang, devient manifestement dans les entraînements et les compétitions dites de haut-niveau, l’animal non pas à dresser mais à contenir, à entraver à outrance en dépit de toute logique morphologique équine et de toute morale humaine.

    Le dressage devient une discipline basée sur le paraître et sur un pseudo-esthétisme quels que soient les instruments employés.

    A l’instar du dopage dans les milieux sportifs, il est tellement plus aisé d’user d’artifices tant qu’ils mènent à un bon classement.
    La fin justifie les moyens. Machiavel avait donc raison. Mais pas au détriment de l’intégrité physique et morale de celui qui ne peut se défendre, de celui qui souffre silencieusement (quand on veut bien le voir).
    Ils ont tous fière allure ces cavaliers tirés à quatre épingles mais néanmoins incapables de communiquer avec leurs chevaux sans force ni contrainte.
    Mieux vaut la facilité et la victoire dans la souffrance que le travail, l’écoute et des résultats moindres en compet’ (mais je ne suis pas convaincue d’ailleurs que les résultats seraient moindres pour autant, ils en seraient certainement plus beaux).

    Tout s’obtient par la contrainte et la torture sauf la tranquillité de la conscience pour qui en possède, sauf la confiance du cheval qui reste la plus belle récompense qui soit.

    Tout s’obtient aussi avec légèreté quand les codes sont les bons. C’est un peu plus long mais beaucoup plus gratifiant et mérité.
    Le cheval ne demande qu’à apprendre (cf Ghislaine) et à comprendre, il en a largement les capacités, parfois avec une bonne volonté et une facilité incroyables.

    Que les cavaliers ne sous-estiment pas leur monture (le prix n’est qu’un détail), que M.Karl et ses “disciples” portent cet enseignement qui redonnera au dressage ses lettres de noblesse.
    Que les cavaliers se souviennent pourquoi ils ont choisi l’équitation. Un joli poney au regard malicieux (et non vicieux comme on a pu l’entendre), un magnifique cheval ou une vieille jument, croisés au détour d’un pré ou d’une carrière alors qu’ils étaient bambins. L’émerveillement qu’ils ont ressenti face à ce drôle d’animal, l’envie de le toucher, de l’aimer.
    Souvenez-vous, cavaliers….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.