Uzul est un jeune entier de trois ans, vivant avec trois juments pour lui tout seul, dans un pré bien grand, avec du foin et du grain en complément.
Dans le paddock d’à côté, vit sa maman.
Et de l’autre côté, vit Jaya dont vous avez précédemment pu suivre plein d’aventures…
Habitué aux humains et très confiant, il n’a jamais croisé de licol de sa vie (enfin si, sur les autres chevaux).
Sauf que…
Sauf qu’une fois, blessé au poitrail par allez-savoir-quoi, il avait fallu aller farfouiller dans la plaie et faire une injection antibiotique-retard. Alors pour réussir cela, on l’avait licolé et un tout petit peu éduqué à suivre (mais il suivait surtout parce-que bon, l’humain, c’est rigolo à suivre). Aux soins? Vraiment sage cette unique fois!
Quelques longs mois plus tard, il est maintenant question de débourrer le jeune homme.
Oui mais il n’a jamais été re-licolé depuis. Et Uzul est supposé entrer dans un van. Puis arriver dans un lieu où vivent des hongres qu’il ne connait pas et que son instinct lui commandera de combattre. Dans un lieu où vivent aussi des juments qu’il ne connait pas et que son instinct lui commandera de conquérir.
Bon, jeudi dernier, Mélia (la stagiaire de 3ème qui passe la semaine au club) et moi allons voir de plus près l’animal. Doux, confiant, il se laisse mettre le licol sans se poser de question, on s’en doutait. Il suit même bien volontiers. Il est très doux pour attraper les friandises à la main.
Mais…
Il essaie de se coller à la main qui le dirige ou le repousse comme un jeune entier se collerait à un copain de jeu… Et puis l’air de rien, quand ses juments s’éloignent, il est nettement moins coopératif. Il tente, délicatement puis clairement, de reprendre le contrôle de sa liberté. Reculers, demi-tours vifs, tentatives avortées de cabrers…
Uzul est bien jeune, bien inexpérimenté, sans le moindre vice. Cela me laisse une grande marge de manœuvre, il est assez perplexe pour venir prendre les récompenses qu’il mérite. Cependant, il ne faudrait pas que les juments s’éloignent plus… Il ne m’accorde aucune attention réelle, il est juste fort embêté de ne pouvoir se libérer.
L’accalmie, le retour d’attention, je crois les obtenir et le libère en le récompensant… Mais en fait ce ‘calme étrangement tendu’ est dû au rapprochement d’une jument en chaleur qui vient le chercher (les trois femelles s’étaient éloignées mais attendaient leur jeune compagnon sans aller plus loin).
Uzul ne sait même plus que je suis là, il est déjà à sa saillie prochaine.
Et Uzul est censé arriver au club pour un débourrage…
Ennuyeux. Prendre le risque de faire venir un étalon, même doux, au milieu de notre cavalerie de club…
Il respecte les clôtures? Oui, sans doute. Mais là, il est chez lui, dans son train train, avec ses juments acquises sans effort, avec des hongres de l’autre côté des clôtures, hongres qui sont comme des tontons adoptifs…
Mais le débourrer quand plusieurs juments à conquérir passeront sous son nez en plein travail? Perte de temps en pleine séance à chaque fois qu’il voudra en découdre avec un cheval qui passe, ou aller draguer une jument qui va en carrière. Perte d’énergie à essayer de le calmer ou le reconcentrer. Voire séance mise à l’eau…
Même pour un étalon doux, même pour un ami, il va être plus judicieux d’attendre la castration. Un cheval dépaysé est déjà assez difficile à canaliser comme ça sans y rajouter toute l’émotion liée à l’impérieuse nécessité de reproduction…
Une pensée à propos de “Uzul le petit étalon”