Peyotl et Jaya, même combat

Le temps manquant cruellement, le début du travail de Peyotl devait être repoussé à après la première randonnée. Ce qui ne m’a pas empêchée de le jauger de près durant chaque nourrissage ou à chaque fois que je travaillais avec Jaya (sa voisine de paddock) ou encore en venant chercher Syrius.
Observations neutres :
Quand on s’approche, il se tend tout en ne marquant aucun recul (mais il se tend, comme Jaya, ou Pépito, et comme, mais plus exceptionnellement, Syrius).
Quand on touche sa face, il évite le contact de la main sur certaines zones (rocher, ganaches…).
Et une fois qu’il a commencé à tourner le dos et à marcher loin de nous, il garde prudemment une distance de sécurité importante par rapport à nous si on lui emboite le pas. Mais se laisse ré-approcher malgré tout.

Loin d’être aussi stressé que Jaya, il a les mêmes propensions qu’elle à trouver qu’il est mieux loin de nous, et qu’il vaut mieux éviter certains contacts qu’il n’a pas bien compris, juste au cas où…

Hier soir, après l’avoir caressé comme d’habitude, j’ai cherché machinalement à lui dégager le toupet de son œil, et là, zou, recul de quelques pas et demi-tour… puis fuite douce. Ah… Ça, ce n’est pas possible… Je lui emboite le pas et le voilà qui trottine. Ah… Ça ce n’est pas possible non plus…
Il est mignon: il est loin d’avoir l’énergie de fuite désespérée de Jaya.
Bref, le travail est enclenché: pression quand il fuit, cession quand il cesse de fuir et/ou fait face.

Observations:
Quand je lui demande de me faire face par sa gauche, il rapproche les postérieurs sous la masse puis seulement avance les antérieurs.
Alors que la même chose par sa droite entraine un recul immédiat des antérieurs.
Mmmmh, il y a du boulot…
A gauche, il a bien compris son travail (effectué par sa précédente éducatrice), à droite, il a appris à faire semblant de se mettre en face mais en vérité il reste dans une amorce de fuite.
Jaya faisait exactement la même chose (sauf qu’elle amorçait le recul à gauche et avançait à droite).

Dès la première pression, son angoisse a augmenté sérieusement.
Zou, je vais faire le plein de friandises, et dès qu’il cesse de fuir, je le remercie d’abord en attendant à distance le temps nécessaire pour que sa tension redescende.
Puis je confirme seulement alors son bon choix par une approche avec friandise. Les scientifiques appellent cela un renforcement positif primaire. C’est génial, le primaire!

En moins de quatre traversées de paddock, il se met plus volontiers en face, il baisse son stress tout seul dès cet instant, et n’amorce plus de reculer quand j’arrive sur son côté droit. Peu après, je peux même toucher ses zones sensibles de la face sans qu’il ne retire trop la tête. Futé le petit gars: la pression n’est pas une discussion qu’il apprécie et il saisit du coup vite qu’il a un intérêt plus agréable dans cette histoire pour peu qu’il supporte quelques désagréments.

Jaya, elle, n’a pas encore bien franchi cette étape là tant tout l’inquiète dès que l’on est à moins de 5m (rrrhhôôôo… j’arrête de dire du mal, elle a fait de super progrès!), mais elle y vient. Disons qu’elle a associé la présence de friandises à une tentative de mise de licol ou à des gestes brusques, et déconditionner cela n’est pas rapide. Hier encore il m’a fallu presque toute sa ration de grain pour qu’elle se détente en acceptant chaque poignée que je lui tendais.

Morale: leur mettre la pression, oui, les récompenser par moins ou pas de pression, oui, mais les pauvres, un peu de vrai plaisir au travail ne va pas être de trop: il va porter ses fruits plus rapidement que de juste leur faire sans cesse éviter les tensions!
………………….
Ce matin, Peyotl a de suite donné le ton en se tendant: la séance de la veille ne lui a pas laissé un souvenir des plus agréables… Zut. Bon, c’est comme ça.
Je réajuste le tir, en me contentant de ne pas le lacher d’une semelle en cas de fuite de sa part (pas ou peu de pression lors de ses départs, donc), et nous faisons ainsi quelques allers-retours.
Il voit bien que dès qu’il va moins vite ou moins loin, je le lache. Mais il tente quand même, et plus fort, voire très fort, de fuir.

Là, avant qu’on parte dans du n’importe quoi, je fais valoir mon statut de dominant en lui coupant la route, qu’il tente de forcer quelques fois. TttttTtttTttt, ça n’est pas correct!
Une fois ce rappel effectué, et le code rétabli, tout s’enchaine très vite: non seulement il me fait à nouveau face, mais devant mon désintérêt pour sa petite personne (et les récompenses à chaque effort de sa part), il finit même par venir, puis il vient à la demande, puis il se laisse toucher de toute part. Et se détend. Il m’a laissé la clef pour entrer chez lui. Gageons qu’il me l’a juste prêtée et non donnée, et qu’il aura encore de grands moments d’inquiétude. Et espérons que je ne brûle pas une étape à ce moment-là, une confiance, c’est si facile à trahir…

Jaya de son côté, elle, est de plus en plus sûre que c’est en nous affrontant visuellement qu’elle gagne sa tranquillité, et quand elle l’oublie en démarrant en trombe, il suffit juste d’amorcer la marche dans sa direction pour qu’elle se ravise. Ces départs sont d’ailleurs moins fréquents, et elle tolère de plus en plus de gestes vifs même sans trop de préparation préalable.
En revanche, il me semble vraiment que le fait de venir prendre une friandise est, dans sa tête, aussi dangereux que d’aller brouter sous le nez d’un cougouar! Mais cela aussi commence à évoluer dans le bon sens.

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