Bar’Quête essaie d’égaler Biwann

…quant aux bêtises de jeunesse!

Pour la première, il en va de notre responsabilité totale, naïveté de débutants, dirai-je.
En effet, la jeunette a trouvé un sac de grain accidentellement ouvert et s’est régalée. Résultat: mal au ventre, ventre distendu (toute bouboule, la Bar’Quête, sous sa toison épaisse), difficultés à ruminer, souffle rapide de douleur, etc.

L’acidose tant redoutée
Bien sûr les symptômes se sont aggravés dans la nuit.
Bien sûr les vétérinaires avouent être ignorants en la matière – et je les remercie de leur franchise – et renvoient sur leurs collègues.
Collègues soi-disant spécialisés qui déclarent simplement sans la moindre honte: “Hé bien écoutez, si elle est encore vivante demain matin, amenez-la, on verra ce qu’on peut faire.”.

Fichtre, sont-ce bien là des vétérinaires? Accepteraient-ils qu’un médecin dise ça pour leur femme, leur mère, ou leur ami?!
Aaaargh… suis-je bête, Bar’Quête n’est qu’un produit de consommation, et non un petit être laineux (et odorant) capable d’émotions, de discernement, d’affection, de douceur, de colère, d’adaptation, d’euphorie (si vous aviez vu les bonds qu’elle a faits en retrouvant Biwann qui avait été absente du club 4 jours!), etc.
Allez, tard dans la nuit, ou tôt dans le matin, on fait une petite panique d’inquiétude et de colère devant l’aggravation de l’état de la brebis, sa souffrance et l’absence de solution…
Puis on fait comme d’hab, on joue la carte “Je vais voir LE monsieur qui soigne toujours ce que les autres refusent ou n’arrivent plus à soigner”.
On met son petit copeau dans son petit Berlingo, son petit mouton dans le copeau, et zou, on roule jusqu’à Saint Girons en Ariège.
Là, le Docteur Chêne pose ses mains sur la brebis, fait un remix de chants diphoniques pour que les tensions baissent plus vite sous ses doigts, et zou, ça va déjà mieux pour Bar’Quête, visiblement.
Peut-être ne serait-elle quand même pas morte dans la nuit? Oui bon. Mais là c’est sûr, elle va vivre, et je préfère cette version.

La convalescence
Sauf qu’en suivant, nous ne serons pas très sérieux avec Bar’Quête. L’ignorance, la naïveté, le manque d’organisation…
Au lieu de la garder au foin exclusivement sur plusieurs jours pour permettre à l’inflammation de la panse de vraiment disparaître, nous ajoutons chaque jour une petite touche originale pour la garder presque malade.
Un coup elle mange trop de trèfle frais, un coup elle trouve du pain mou et s’en gave, un coup elle mange trop de luzerne dans le hangar à foin, un coup elle découvre un sac de pain dont nous ignorions jusqu’à l’existence, peu importe, nous entretenons patiemment l’inflammation.
Soir après soir, nous avons des variantes: soit le ventre trop dur, soit la respiration trop rapide, soit une haleine de fennec. Que ça, certes. Oui, mais toujours ça.
Ceci sous-tend la surveillance nocturne de la bête (ne serait-ce qu’un passage dans la nuit) et les heures de manque de dodo qui s’accumulent. C’est là qu’on découvre que les brebis, hors de leur milieu de vie naturel, et sans un minimum de sérieux, ne sont pas plus faciles niveau santé que les chevaux 🙂

La diète relative
Alors comme pour les chevaux, c’est vers internet qu’on se tourne. Qu’on découvre la solution aussi évidente que frustrante: garder Bar’Quête enfermée ou en laisse, durant 5 jours, et ne lui donner que du foin (et de l’herbe symboliquement).
Soit.
Allez, soyons fous, on fait ça.
Bêlements et bêlements, la brebis est désespérée. Nos intrusions dans son box sont vécues avec une fébrilité rare, elle se fait plus collante, plus vindicative, en trop peu de temps.
Biwann devient son défouloir, le bâtiment son terrain de jeux, elle nous suit là si on range l’étable, là si on nettoie les boxes, et ici si on fait de la paperasse.
Ses bêlements nous poursuivent au loin si on l’abandonne dedans.
Les sorties en laisse deviennent des sorties de plus en plus sportives où Bar’Quête ne songe qu’à courir et bondir sans ménagement tandis que mes forces et mon souffle s’amenuisent avec cette fichue crève persistante… Et ça ne fait que 24h que Bar’Quête est sous haute surveillance!

Et…
Et…

L’accident
Ce Jeudi en fin d’après-midi, après une série de jeux endiablés entre Biwann et Bar’Quête dans la bâtisse (club-house, étable, écuries, toutes les portes intérieures étant ouvertes), je ne sais pas ce qui m’a pris… Encore une erreur de jugement, décidément!
Je mets Biwann dehors (qu’elle aille faire ses besoins? je ne sais même plus la raison, mais elle n’était, a posteriori, pas valable!).
Puis je change de pièce pour? (là aussi, idée stupide sans doute).
Bar’Quête ne me voit pas changer de pièce, me cherche, passe dans le club-house où je ne suis déjà plus, voit son chien dehors par la porte vitrée… Et là…
Blingueblinguebling!

Arrêt du temps.
Nooon, elle a pas fait ça quand même…
Noooon, elle a pas fait ça! Elle a fait ça?! Mais elle sait qu’elle peut s’égorger, s’éventrer, se…
Le temps de bondir dans le club-house et je vois notre Bar’Quête dégoulinante de sang sur le nez, la bouche remplie de sang, le sol jonché de débris de verre et de gouttes de sang de toutes tailles.
Elle regarde encore son chien mais mon arrivée la calme, elle se concentre sur ce sang qui remplit sa bouche sans qu’elle puisse s’en débarrasser, elle se secoue dépitée, ça gicle partout, j’attrape mon téléphone et compose le numéro du vétérinaire en l’emmenant hors du club-house: vu l’état du double vitrage, si elle cherche à passer par le trou qu’elle a fait, je ne donne pas cher de sa vie!

On s’en tire bien, une seule blessure sur le nez, longue et nette: la véto n’aura pas trop de mal à la désinfecter, à la coudre un peu afin d’assurer la prise et à agrafer tout le reste. Avec ses compliments pour la gentillesse et la docilité de notre merveilleuse mais un peu colérique, impulsive Bar’Quête. Elle n’a fait en réalité que ce que son instinct lui a dit: tout détruire et passer en force.

Pour mieux comprendre, voici ici, ici aussi, et là aussi ce que font les moutons dans la vraie vie 😉

Alors, ce n’est qu’un avis personnel, mais vu ce qui reste du double vitrage (et jusqu’ici elle n’a jamais cherché à franchir la vitre: là, c’était donc dans un accès de désespoir ou de frustration), je préfère vraiment quand Bar’Quête n’est pas frustrée 😉

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9 pensées à propos de “Bar’Quête essaie d’égaler Biwann

    1. Elle est très très belle avec ses agrafes, elle est très sage aux soins, elle n’a plus mal au ventre, ni mauvaise haleine, ni rien. Elle a dû subir le contre-coup de son aventure de bélier vitrier, elle est trop sage pour être honnête. C’est un amour, vraiment. Et elle a fini par aimer sa ration de yahourt (pour remettre des bactéries lactiques) saupoudrée de bicarbonate de soude (pour limiter les fermentations et l’acidité); j’ai goûté, le mélange est abject, vraiment. Mais avec une poignée de grains par-dessus cette horreur, elle ne peut résister 🙂

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