Et un cheval re-pointé, un!

♦ Deuxième sortie avec Agadir

But avoué de la sortie: vérifier les affirmations de Corinne, la propriétaire d’Agadir. Corinne a eu l’air surpris quand elle a appris qu’Agadir s’était cabré sur le chemin du retour. Hormis une fois où il avait cabré ‘par contrariété’, il s’est toujours pointé lors des départs en promenade à ses dires.
Donc j’ai noté.
L’objectif ne change pas par rapport à la précédente sortie: quatre pieds au sol, c’est toujours mieux que deux.
L’espoir lié à l’objectif ibidem: avant la nuit, c’est toujours mieux.
🙂

♦ Les propriétaires ont toujours raison

Ni une ni deux, me voilà sur le dos du bel athlète, cette fois-ci sans travail préalable en carrière.
Cela a très bien pu fausser la donne la dernière fois: trop concentré sur son travail en cours, Agadir n’a peut-être pas immédiatement réalisé qu’il s’était fait entourloupé vers une promenade.

Je me mets en selle vers le parking. Il bouge au montoir (alors qu’en carrière j’avais obtenu l’immobilité lors du dernier travail; si parce-qu’on bosse entre deux sorties quand même 😉 ). Trois tours complets sur lui-même et trois actes de montée en selle plus tard, me voilà enfin assise sur un Agadir immobile réellement. Tsss tsss jeune homme, un peu de bienséance ne nuit pas!
NB: Agadir se montre très anxieux à chaque fois que je saute à terre pour refaire la montée en selle, et je suis obligée à chaque fois de lui dire que non non, tout va bien, grattouilles et compagnie… Bref, ceci aussi est à rééduquer, il n’a pas à craindre un cavalier qui saute à terre un peu fort. 😉

Sans transition, je l’emmène vers le chemin qui descend hors du club. C’est flagrant, dès les premières foulées quand il comprend qu’on ne va pas à la carrière, il rechigne. Il freine ses foulées, les suspend…
J’observe (si, je n’en suis encore qu’à la phase d’observation, je ne le connais pas encore par cœur). Donc je me fais rapidement avoir.
Pire, ma manœuvre fonctionne très mal: Agadir arrive à se mettre debout trois ou quatre fois d’affilée – bon, à ma décharge, il ne pose les antérieurs que pour les remettre en haut – avant que j’arrive à lui plier l’encolure. Il me contraint même à abandonner la flexion vers la droite (qui marchait pourtant nickel l’autre jour).
Je suis assez contrariée (car très mauvaise perdante) et deviens nettement plus autoritaire sur les flexions mais à gauche…
Ha ha mécréant, te voilà fait comme un cheval plié 🙂 Les quatre pieds au sol. Qui tournent.
Mais se rapprochent du haut du chemin, ce faisant. 😐
Ha ha, est bien pris qui croyait prendre! en effet, concrètement, c’est lui qui gagne du terrain; géographiquement, certes, mais il résiste plus à droite que l’autre jour; je m’appliquerai donc à le ployer de ce côté-ci aussi. 🙁

Heureusement, il se lasse de ses tentatives échouées, sait-il seulement encore pourquoi il se met debout, ce dadet-là, et nous voilà partis d’un pas encore hésitant vers la route d’en bas. Je remercie la naïveté d’Agadir qui lui a fait croire qu’il n’aurait pas gain de cause.
Et je me cogite cette expérience frustrante où, en appliquant consciencieusement la technique précédemment et efficacement utilisée, j’ai bel et bien rapidement gagné… mais que sur son moral, et non pas techniquement.

En plus, ses cabrers étaient tout-à-fait quelconques, presque décevants 😉

Agadir enclenche un bon pas vers de nouvelles aventures dès les premières maisons passées.

♦ Une balade sans encombre

Bon sang ne saurait mentir, nous voilà assez rapidement dans un trot comme un trot, d’une régularité de métronome, d’une puissance et d’une aisance déconcertantes. Il avale les distances sans sourciller.
Je comprends mieux l’expression spécifique aux chevaux arabes ‘les buveurs de vent‘. Ce n’est donc pas qu’une qualité esthétique (cette tête toujours haute), mais aussi athlétique 😉
Rien ne perturbe mon métronome, et s’il fait quelques écarts, ils sont insignifiants et dans le rythme.
Nous rentrons au club au pas, Agadir a à peine humidifié sa chemise (c’est une expression, il n’était pas couvert, hein), et son souffle n’a connu aucune altération.

Je lui impose cependant quelques demi-tours et autres arrêts brefs (et récompensés) dès qu’il tente de se mettre au trot en se rapprochant du club. Je m’attends à tout instant à une rébellion de sa part. Que nenni. Monsieur veut rentrer, ses pieds vont un peu vite mais il ne se fâche pas pour autant d’être ralenti. Soit.

♦ Le travail commence enfin

J’ai eu le temps de réfléchir.
Quelle imbécile j’ai été!
Un cheval qui cabre pour ne pas être arrêté ou retenu, c’est carrément l’opposé d’un cheval qui cabre pour ne pas avancer… Ça ne peut pas se traiter de la même façon! Pfff, des fois, j’vous jure, faudrait faire recharger le cerveau avant de travailler!

Sitôt arrivée au club, je repars sur le chemin comme pour une nouvelle balade. Agadir n’en croit pas ses yeux ni ses pattes. Il réfléchit, c’est écrit dans le port de tête, les oreilles et son hésitation à obéir.
Ben… zip zip zip (même pas fort), réfléchis pas mon gars, avance!
Tout surpris par ce nouveau discours, il fonce dans le trot avec la mine déconfite d’un gosse qui se serait fait prendre en flagrant délit de grasse matinée à l’heure d’aller en classe.

Noooon, trop facile mon gars, on a encore une discussion à mener! Au pas, le départ du club!
Il tente de freiner encore une fois, de faire demi-tour, mais à chaque fois qu’il pense le faire, la réponse est toujours la même ‘en avant mon gars!’, il fuit au trot, je le reprends au bout de quelques foulées et le remets au pas (le tentant par la même occasion à effectuer un nouveau cabrer).

Deux simulacres de départ plus tard, ce sont les Mérens qui se chauffent de nous voir nous activer vers la sortie du club. Cela sonne la fin de la rééducation pour aujourd’hui. Je mets pied à terre en bas du chemin après qu’Agadir se soit arrêté sans discuter et se soit montré prêt à repartir volontiers dos au club. Friandises et caresses, pour changer.

Gentil, très bien éduqué, mais un peu mal élevé (sic) quand il s’agit de se mettre en route loin des copains, ce petit cheval…
Il a déjà offert, lors d’une Endurance, à Corinne, une sorte de balotade lors du montoir, mais que je soupçonne être une mélange de refus d’immobilité au montoir et de courbette…
[extrait de citation de La Guérinière: “dans la balotade, lorsqu’il est au haut de son saut, il montre les pieds de derrière, comme s’il voulait ruer, sans pourtant détacher la ruade, comme il fait aux caprioles.”]
Je me demande si sur les prochaines séances il me montrera d’autres façon de protester que j’ignore encore, s’il aura progressé dans sa méthode actuelle, ou si nous avons déjà entamé le processus de retour à un comportement moins aérien… 😉

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6 pensées à propos de “Et un cheval re-pointé, un!

  1. Pour le coup je trouve que tu as réfléchi nettement plus vite que pour Ubac. Tu as utilisé une méthode différente à la deuxième séance.
    ça aussi tu le maîtrises bien ; utiliser tes erreurs précédentes pour progresser et a posteriori ne pas les refaire.

    1. Mmmhhh… Disons que c’est maladroitement exprimé 🙂
      Si je reprends tes propos en les développant un peu:
      a/ Habituellement, et en particulier pour Ubac, je n’utilise pas diverses méthodes si la première échoue ou n’est pas assez concluante
      b/ Je ne réfléchis pas vite pour l’éducation et le débourrage d’Ubac

      Je pense que tu amalgames deux notions non comparables: réflexion (choix ou amélioration de la méthode) et réussite.

      Pourtant…
      1/ Bien qu’ayant utilisé une méthode inappropriée avec Agadir, j’ai réussi à obtenir en moins de 5 minutes que le cheval pose les antérieurs au sol et parte en balade sans discuter (réussite/ méthode mal adaptée)

      2/ Le travail d’Agadir ne m’a demandé qu’une seule et unique remise en question en 8 séances, avec 30mn paisibles dans la pampa pour cogiter et réajuster mon comportement (temps de réflexion hors pression du moment). Et contrer le cabrer d’un cheval de bonne volonté reste quand même une rééducation plutôt ‘classique’ (les seules réelles difficultés étant de ne pas se retourner avec le cheval, et d’être plus persévérant que lui).

      3/ Agadir est un cheval posé, doux, réfléchi, dressé, expérimenté, confiant en l’homme, désireux d’apprendre.

      4/ Ubac est arrivé mi-sauvage. Ubac, à l’opposé d’Agadir, est angoissé et méfiant par rapport à l’homme, et le restera longtemps. En moins de 6 mois, Ubac, qui n’aime pas les humains, qui préférait même traverser les rubans du rond de longe que nous accepter près de lui, est un cheval qui, sans le moindre lien physique, revient vers son dresseur en pleine nature (herbe, liberté, appel des chevaux du club…) même s’il a été effrayé. Ubac vient mettre son licol et son filet alors qu’il se serait tué plutôt que nous laisser le toucher avec des objets dans les mains. Le montoir est abordé et toléré, mais j’attends qu’il n’ait plus peur de moi au galop avant de vraiment l’enfourcher…

      5/ Le maintien du galop, certes, n’est pas encore possible avec Ubac. Ce qui sous-entend échec de plusieurs types d’approche – donc différentes méthodes. Il confond galop de travail et galop de survie. Je cherche encore, j’essaie, j’observe, j’apprends… (méthodes techniquement appropriées/ échec)

      6/ Le travail d’Ubac me demande de constantes remises en question, réadaptations au millième de seconde près, jusqu’à plusieurs fois par séance, et ce depuis des mois (réflexion et adaptation instantanées, permanentes).

      🙂

      Note bien qu’en quelques mots, tu as quand même réussi à énoncer deux contre-vérités:
      a/ Un moniteur reconnait qu’il s’est trompé…
      b/ Un moniteur réfléchit…
      😉

  2. Quand Google vous donne une réponse en un millième de seconde, c’est qu’il a demandé à Ghislaine…
    Quand Google rame, c’est que Ghislaine est occupée sur agadir 😀

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