Placer son cheval

😉
Non, non, ce sujet n’a rien à voir avec placer son cheval dans une bonne famille…

“Une amie m’a raconté que lorsqu’elle travaillait avec son cheval, elle travaillait le placer. Celui-ci répondait bien. Lors d’une séance, il avait toujours le nez en l’air, elle avait beau refaire ses demandes rien n’y faisait! Elle a perdu patience, est descendue et l’a longé en l’enrênant pour “lui remettre les idées en place”. Puis elle est remontée et le cheval a obéi.”

Ceci est le début d’un courrier que j’ai reçu…
Placer son cheval / lui demander de se placer / travailler le placer.
On n’écrit pas ‘le placé’. C’est écrit à l’infinitif comme dans: le rire, le savoir-vivre, le manger, le pouvoir… ou le boulanger – oups non c’est pô pareil, celui-là n’est pas un infinitif utilisé comme un substantif  <== ceci est un lien, pas des mots soulignés et colorés en bleu: cela sous-entend que vous risquez de vous instruire en cliquant dessus; à bon entendeur les jeunes 😉
L’attitude du cheval placé, c’est très schématiquement un cheval dont le chanfrein est à la verticale ou aux environs de la verticale. La nuque étant le point le plus haut.

Que penser de ce courrier, de ces agissements ‘admis comme normaux dans le milieu équestre’? Rien de bon en tout cas.
En effet, si, pour avoir le chanfrein à la verticale, il fallait juste tirer le nez vers le poitrail grâce à des lanières qu’on attache de la bouche au ventre ou aux côtes du cheval, je ne vois alors pas pourquoi ce n’est toujours pas une simple formalité à mettre en place le jour du débourrage!
Mais bizarrement, les chevaux se défendent désespérément contre ces maltraitances, ces attaches fixes, ou encore ces mauvaises mains qui imposent sans expliquer au préalable.
Les cavaliers ignorants se comportent comme si le cheval avait lu le paragraphe: tu te mets dans une belle position, et en plus pour ne pas te faire mal tu places aussi le reste de ton corps et de ton esprit dans cette belle manière…
Ben tiens.
Pfffff.

Comme si un cheval aimait être attaché par la bouche à son ventre ou à des mains intransigeantes (qui valent un enrênement… en pire), qui bétonnent au lieu de façonner, d’assouplir petit à petit…
Aurait-on idée de monter sur un poulain sans le préparer un instant (hum; je veux dire dans les contrées civilisées!).
Ben pour le placer, c’est pareil: tout ce qui contraint le cheval sans préparation logique le rend ingérable, tôt ou tard. Des fois très tard, des fois avant même qu’on ait vraiment commencé! 😈

placer cheval 1

L’éducation de la bouche et de l’encolure (cf MM. Baucher et Karl), et donc leur assouplissement qui amène à leur soumission – dans le sens coopératif du terme – sont les préalables incontournables à une demande de placer.
Comment peut-on, quand un cheval rétive à une demande de placer, en arriver à violenter la bouche, la gencive, l’os de la mâchoire, et la langue, par des cordes fixées (donc qui ne récompensent pas chaque effort!) au cheval lui-même?! Ces cordes seraient-elles plus intelligentes, plus sensibles, que nos mains et notre ressenti, gérés par notre cerveau?!

Rhââââ… Je cesse là mes réflexions, je m’énerve toute seule.

Mais nom d’un p’tit ch’val à bascule, quand même, s’il ne veut pas se placer, il suffit pourtant de revenir aux prérequis, non?! juste mobiliser la mâchoire, lui fléchir l’encolure, le plier quoi, non?! Et l’amener à céder, vivement si nécessaire dans les premiers instants, ok, mais toujours être en quête de ce moment où le cheval nous dit: ‘Ah si, fichtre diantre, mais où avais-je la tête, je le connais, cet exercice, tiens, voilà la réponse, je cède en me décontractant du côté sollicité’. Et le récompenser, ce héros, le récompenser en cédant soi-même (comment des cordes fixes peuvent-elles céder, remercier!?). Puis idem de l’autre côté. Et quand le cheval s’est détendu et à droite et à gauche, il n’y a plus de raison pour qu’il panique si on lui demande de se placer.
Sauf …si on tire vers l’arrière …si on agit vers le bas …si on fait la demande avec des bras de combattant
😐
😐
En plus, placer un cheval, ma foi, vraiment je ne comprends pas, c’est une formalité si le reste est bien fait! S’y acharner devient le problème, en fait. Il y a tant à travailler avec un cheval…
Bon ben… j’vais m’coucher moi.
Je remets à plus tard de changer le monde équestre 🙂

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4 pensées à propos de “Placer son cheval

    1. Le terme est bien plus joli mais à ce stade, si le cheval est soumis (selon le terme officiellement admis dans le milieu équestre) et léger, cela ne peut être que de l’acceptation.
      La méthode utilisée par cette cavalière (et tout cavalier utilisant un enrênement en longe) est une soumission acquise par un procédé intrinsèquement violent qui ne peut amener qu’à une crainte ou un appui sur la main, selon que le cheval évite ou s’habitue au contact sans âme et sans intelligence de l’enrênement.
      Ce n’est pas la soumission souhaitée par les textes officiels. Mais c’est bel et bien celle usuellement pratiquée… Certains chevaux font avec. D’autres… 🙁

  1. Les enrênements… Je n’ai jamais trop compris, et on m’a pas vraiment expliqué. En reprise au club (quand j’étais en club!), j’en ai utilisé une ou deux fois (car on me l’avait ordonné) et on ne m’a jamais expliqué l’utilité… Ce serait quand même pratique, non?! Même si je n’étais qu’une vulgaire cavalière de reprise. Cela éviterait peut être de banaliser ce genre de matériel dans l’esprit des jeunes cavaliers, qui, mal utilisé, ne font qu’entraver le cheval.

    1. Les cavaliers n’ont pas le choix dans la mesure où ils doivent faire confiance en les connaissances de leur moniteur, qui lui est sensé être tout-puissant dans le savoir et la technique. Les enrênements sont des lanières qui permettent de garder un cheval dans une attitude donnée, sensée lui permettre de fonctionner sans séquelles.
      Les utiliser, ces lanières, revient à dire que le cavalier n’est pas capable d’inciter son cheval à cette attitude.
      Ceci se comprend pour les débutants, certes. Cependant, les chevaux ont le tort de protester de la maltraitance subie en bouche et en logique, par les fautes d’action de main et les fautes équestres – trop vite ou trop tard. Ces pauvres chevaux arrivent à réagir: sortir la langue, forcer l’enrênement quand même s’il est réglé comme il faut: un peu lâche, ratatiner l’encolure pour monter la tête en dépit du bon sens, etc.. Et alors l’enrênement est resserré, la muserolle bloquée à fond, pour qu’on ne voie pas les chevaux protester. Il s’ensuit des rigidités, de la résignation, de la dépression, de l’agressivité, etc. Sous les yeux des cavaliers, sous leurs fesses, entre leurs jambes, dans leurs doigts: les cavaliers acquièrent alors une fausse idée de la sensation équestre, apprennent à trouver comme ‘normal’ l’attitude de ces chevaux, etc.
      Qu’il serait simple – mais compliqué pour le dresseur et le moniteur – de parler de relation au cheval, de demande ajustable en fonction de la réponse de tel cheval à tel moment de son éducation ou de son état émotionnel, bref, d’éduquer le cavalier à dialoguer, imposer, vérifier si ses demandes amènent le cheval à la relaxation, qui elle-même amène à l’attitude permettant de commencer un travail. Donc sans lanières menteuses quelles qu’elles soient.

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