Idi Min est une espagnole baie de toute beauté, d’une souplesse insolente, et d’une vivacité évidente.
Sauf montée en carrière.
En carrière, brutalement, elle n’avance qu’à grand renfort de bassin actif (tiens, on dirait Savane au début). Elle devient toute raide à l’action du cavalier, ne se plie plus, tourne comme un bateau… Bref, une catastrophe. Et toute tentative pour corriger ces travers déclenche une foule de manifestations explosives, ruades, amorces de cabrer, arrêts brutaux… bref tout un tas de mouvements qui ne mettent pas en confiance ni ne donnent envie de la bousculer plus…
Mmmmh, c’est qu’il y en a dans cette petite tête bien faite 😉 Et quelle puissance, quelle violence… 😐
Le cours se déroule à domicile.
Je regarde un peu comment a évolué la jolie jument depuis mon dernier passage. De nets progrès dans le mouvement avant, mais pourtant je sens que son obéissance se fait toujours ‘à refus’: tout en elle hésite à chaque foulée, elle est toujours prête à partir au combat… Une vraie rétive! 🙁 Puis bientôt se mettent en route les défenses pour lesquelles j’ai été appelée… Alors à mon tour de me mettre en selle! 😈
Déjà, dès l’arrêt en selle sur Idi Min,
1) j’ai doucement agi avec mes jambes (réponse attendue: départ au pas/réponse obtenue: rien)
2) je l’ai immédiatement tapotée du stick sur l’épaule pour le départ – j’ai bien dit tapotée, aucune douleur possible; et pas sur les flancs pour ne pas commencer avec une ruade (réponse attendue: départ au pas/réponse obtenue: elle a plié vivement l’encolure pour mordre le stick! 😯 )
J’ai eu largement le temps de réagir… En effet, la belle envoyait les dents vers le stick donc vers son épaule et ne souhaitait pas se mordre: elle a dû calculer la façon de courber son encolure et de tordre sa tête afin d’atteindre ce truc qui l’agaçait si vivement… et a trop longtemps hésité (tant mieux pour moi).
3, 3bis, 3ter) blam, elle s’est pris une bonne tape au stick sur l’épaule, alors elle s’est jeté sur le stick toutes dents dehors, s’en est pris une bonne sur les naseaux, et à nouveau une en plus sur l’épaule… 👿
Dans le feu de l’action et très très en colère, elle s’est rejeté toutes dents dehors vers… ma jambe! Naïve! zip, coups cinglants sur les naseaux avant qu’ils ne m’atteignent et jusqu’à ce qu’ils se retirent et trois sur l’épaule et hop, nous v’là déjà au trot? Tiens tiens… Pour une jument qui n’avance pas… 🙂
4) on refait? On refait. Action discrète des jambes, stick doux à l’épaule, oreilles plaquées, encolure qui se courbe, stick qui se lève, et tiens? une jument qui se remet vivement droite et part au trot queue fouettante et oreilles plaquées. Une caresse.
Les bases sont posées… 🙂
Pour résumer, Idi Min pense toujours ‘non’ en premier lieu quelle que soit la demande (tiens, ça me rappelle une certaine Opium à ses débuts..). Non aux jambes, non à la rêne. En disant non, elle entame une flopée de gestes de défense: son corps se courbe, son encolure résiste d’un côté, elle freine et tente en plus une attaque directement contre le stick qui la gronde (avec le postérieur en général puisque sa cavalière touche derrière, elle).
Sa cavalière, concentrée sur son refus, focalisée dessus, n’a pas le temps de voir venir tous les détails qui accompagnent le refus. Du coup, elle n’a pas le temps de lui interdire tous les gestes parasites. Donc Idi Min persiste et se perfectionne dans ses refus, n’étant pas remise aux ordres sur tous les fronts à la fois.
Face à un tel débordement, malgré une éducation qui se veut ferme et progressive, comment ne pas se sentir désemparé?
Nuno Oliveira disait fort justement: “Le drame de l’équitation, c’est que, malgré tout le savoir des cavaliers, le cheval a des réflexes plus rapides que l’homme.”
La solution du moment, me semble-t-il, consiste donc dans le fait de lui imposer suffisamment d’exercices différents et basiques toutes les deux ou trois foulées pour que la jument n’ait pas le temps de persévérer dans ses petites manies rétives, mais soit obligée de se concentrer en permanence…
En gros, si Idi Min refuse d’avancer, son refus va avec une résistance de l’encolure, et des reports de poids intempestifs sur une épaule ou l’autre. Donc l’astuce est d’obliger Idi Min à céder dans l’encolure, maintenir ou varier ses appuis, et tandis qu’elle tente désespérément de résister, zou, on lui demande d’avancer tout en cédant dans l’encolure, dans ses épaules, et là elle n’arrive pas à tout refuser (elle ne peut éviter les petits coups vifs de stick ni les taper puisqu’elle est occupée à résister à la main, elle n’est pas libre de son encolure), et hop, voilà une Idi Min – à son tour débordée – qui avance et cède à la rêne. 😈
Jolie petite jument… bien futée. Elle ira loin 😉
Sa cavalière ayant réussi à la gérer ainsi au pas et au trot, il est probable que la situation ne se rebloque pas d’ici longtemps! 🙂
Ils sont forts ces doudous… mais heureusement, ils sont forts aussi ces cavaliers!
Nuno Oliveira (oui, encore lui, mais il a beaucoup parlé et dit des choses pleines de bon sens alors forcément…): “En équitation, il ne peut y avoir de véritable méthode, car chaque cheval est un cas”. 🙂
Petite pensée en passant : a-t’il été vérifié que cette louloutte n’avait pas de douleurs de dos ou autre qui engendrerait cette défense au cavalier ?
Excellente réflexion. Mais cette petite beauté n’a aucun problème de rétivité en extérieur montée… Et elle est suivie pour ses dents et a vu l’ostéopathe… Donc non, la jeunette a bel et bien un bon petit caractère bien trempé, une bonne connaissance de ses droits et un oubli éhonté de ses devoirs 😉
A ce jour, Idi Min semble déjà transformée dans son comportement en carrière. Obligée de se concentrer sur un travail en perpétuel changement, elle ne prend plus la peine de se préparer à regimber!
Ce sont ce genre de nouvelles – entre autres – qui mettent du baume au coeur 😉