A la difficulté de trouver et acheter du bon foin (voir ici), se rajoute désormais, pour les propriétaires d’équidés, une nouvelle difficulté: le conditionnement en grosses bottes rondes.
Les balles rondes ont la côte chez les agriculteurs et en retour, elles envahissent la vie des propriétaires de chevaux.
Envahir est le bon terme.
Empoisonner est peut-être encore plus juste. 👿
N’oublions pas que les agriculteurs ne sont pas forcément éleveurs. Ils sont de plus en plus nombreux à ne pas savoir la différence entre une vache et un cheval (et encore, s’ils ont croisé une vache dans leur vie). Ils pensent qu’un cheval, ça mange bien tout ce qu’on lui donne, suffit d’éduquer le propriétaire enquiquineur à se plier aux lois du plus fort. C’est vrai: si le cheval ne veut pas mourir de faim, il mangera même du foin noir; mais alors gageons que sa vie sera passablement raccourcie d’une tout autre façon…
Euh… je dis des agriculteurs… mais je connais des (professionnels de la profession) qui… oups, c’est un tout autre sujet, passons…
Et après on s’étonne que les agriculteurs trouvent à vendre leur mauvais foin; oups, c’est toujours l’autre sujet, tsss, Ghislaine, tu t’égares, tu vas encore te faire des amis, et en plus ne plus jamais trouver du foin, arrête! 😐
Heureusement, il y a encore des gens qui ont soit du savoir-faire, soit un minimum d’honnêteté, et on arrive encore à travailler avec ceux-là. Ils ne peuvent réussir tout le foin, mais au moins, ils savent ce qu’ils vendent, le prix est ajusté, les conseils aussi, ce sont des gens de confiance. Ils ne vous en voudront pas à vie l’année où vous ne prenez pas leur foin, ils savent de toute façon qu’il n’est pas bon pour des chevaux, ou juste le temps de dépanner. Oui il y en a. Faut juste tomber dessus. Et il faut tomber dessus avant qu’ils ne soient désabusés par l’incohérence des propriétaires de chevaux, leur manie de toujours râler pour une prêle (je ne parle pas de kilo) ou une tranche abîmée, leur aptitude à ne pas régler leurs dettes…
Avantages pour l’agriculteur:
- Plus besoin de main d’œuvre pour ramasser et ranger les balles, tout se fait avec tracteur et remorque.
- Éventuellement, les balles peuvent rester un peu dehors et prendre l’eau, il faut une grosse quantité de pluie pour abîmer l’intégralité de la boule.
- Si le foin moisit à l’intérieur, s’il y a des branches, des plantes toxiques, personne ne le voit: plus besoin de se casser la binette à faire du bon foin.
- Au moins on en fait, au moins ça donne envie de faire d’effort… 😐
Avantages pour le propriétaire de chevaux:
- Si le foin est en libre-service, plus besoin de se caler des horaires fixes pour nourrir, finis les réveils à 7h pétantes tous les matins même le dimanche, même quand il pleut. 😎
- Théoriquement, le foin est nettement moins cher qu’en petites balles puisqu’il n’y a quasi aucune manutention dessus. 🙂
Inconvénients pour l’agriculteur:
?
- Investir dans un roundballer (machine à façonner le foin en boule énorme bien ficelée)
- Apprendre à s’en servir 😐
Inconvénients pour le propriétaire de chevaux:
- Aucun contrôle visuel ou olfactif possible sur la qualité du foin à l’intérieur de la boule.
- On découvre donc mais trop tard que telle balle est moisie par présence de terre ramassée en même temps que l’herbe, ou foin ramassé à la rosée donc humide, ou foin pas assez séché, ou… (Et hop, une atteinte des voies respiratoires; ça, c’est fait Granit).
- On découvre donc mais trop tard que c’est bourré de ronces ou plantes piquantes (Epine Noire entre autres, qui n’hésitera pas à blesser – voire crever – les yeux ou gencives de nos équidés, mais aussi à crever nos divers pneus de brouette, voiture, etc. parce-que si si, ça voyage dans la crinière, la queue, ça se dépose ici ou là… hop, ça c’est fait aussi la jument du voisin), ou de branchages fins qui menacent les yeux de nos chevaux lorsqu’ils plongent la tête avec délectation dans cet amas d’herbe.
- On découvre mais trop tard que telle balle est bourrée de Prêle, et comme une boule, ils n’en lèvent pas le nez durant plusieurs jours, ben on a soit (ça aussi, zou, c’est fait, hein, Bluenam et Manon) une atteinte des reins, soit une atteinte du foie et du système digestif, et des fois c’est trop tard…
- Éventuellement, si on donne à volonté, obésité des chevaux (ça c’est aussi fait, Opium et Nestor!)
- Si non, il faut donner à la main, à la fourche, des quantités aléatoires. Vous avez déjà essayé, vous, de jauger 5kg de foin au bout d’une fourche, d’un foin aux trop longs brins qui s’emmêlent et ne se détachent pas de la boule, ou d’un foin aux brins trop courts qui s’échappent de tout bord… (rien que d’y penser, à toutes ces fourchées de foin ingérables… brrrr)
- Quand le foin ne veut pas se détacher, il faut tirer comme une mûle à pleine fourche et adieu les muscles intercostaux pas costauds… (hop, ça c’est fait aussi). Et pour donner à la fourche, il faut n’avoir que deux ou trois chevaux, pas vingt… De toute façon, ça nous ramène à donner plusieurs fois par jour à heure fixe, sans l’avantage des petites tranches de foin (nommées aussi plis ou patelles).
- Vous avez déjà essayé de déplacer une boule sans tracteur? Si votre voisin en a un et est dispo, ça va; sinon, il faut investir. Et comment faire par temps de gadoue? Hé bien c’est tranchées, labours et compagnie… Vous trouviez déjà que c’était boueux avant? Ben vous n’avez encore rien vu!
- Et bien sûr, l’éternelle chanson de l’agriculteur pas clean, fainéant ou âpre au gain: oh oui la balle, elle est restée sous l’eau trois mois, elle est un peu noire dehors, mais dedans, regardez, elle est bonne, ils l’aimeront vous verrez! Et une fois chez vous… une fois ôté les tours moisis… il vous reste quoi, hein? Une demi-balle… Vous avez perdu quoi? 50, 100kg? plus? que vous avez payé combien déjà? Qui disait que c’était économique?
- Economique… si vous laissez la balle en libre-service, les chevaux mangent nettement plus (plus de 30% en sus), ce qui fait qu’en plus de les avoir obèses, votre porte-monnaie se trouve lui plus délesté que si vous aviez donné le foin en petite balle, en quantités larges…
Bref, si on n’a pas de chance, on peut avec une seule boule de foin:
– trouver au matin son cheval avec un œil écorché, ça vous fera des semaines de traitements à ajouter à votre timing, plusieurs fois par jour, sans certitude de lui ramener la vue (deux juments d’un club voisin).
– et le trouver la bouche en sang pour cause d’épillets en nombre, logés sous la langue de votre animal (Paprika).
– lui avoir détruit partiellement les bronchioles (emphysème; n’ayez crainte, c’est sans appel, quand c’est là, plus d’amélioration possible, votre cheval est impotent, vous n’aurez plus qu’à lui mouiller son foin chaque jour de sa vie, finies les balles rondes en libre-service, bonjour les doigts gelés l’hiver à sortir le foin de l’eau avant de lui donner!) (Granit)
– créer un choc allergique à une des moisissures présentes (si, on peut avoir ça aussi, c’est très intéressant à étudier, car plus rare, mais priez pour que le vétérinaire soit là, et vite!) ou intox à la prêle (RIP Laïca, le véto ne l’a pas sauvée la deuxième fois).
– et de rage ce jour-là en essayant de sortir les tours de foin moisis ou pleins de branches, à la fourche, se déchirer les intercostaux…
– avec ça, pour faire le traitement de l’œil de votre cheval, ça va être un calvaire…
– et comme vous êtes décidé à ne plus laisser la boule en libre-service, porter le foin à la fourche ou à la brouette dans la gadoue, ça va pas être de la tarte, surtout avec des muscles en moins…
Non ça ne se passe pas souvent comme ça, heureusement! J’adore être catastrophiste!
Mais ça se passe partiellement comme ça trop souvent.
Disons que quand on perd l’œil de son cheval, ou la possibilité de monter son cheval (pas de poumon, pas de balade), quand on gagne des galères, quand avoir son compagnon devient un enfer car il n’est plus que soins à lui prodiguer, je vous assure, vous me trouverez seulement réaliste
Je n’ai pas eu besoin d’interroger le vétérinaire sur les risques des grosses balles rondes, pour citer tous ces écueils… j’ai croisé trop de chevaux qui en ont souffert, j’ai connu trop de gens qui en ont souffert, j’ai moi-même pas mal galéré avec… j’ai déjà brûlé un grand nombre de boules qui étaient un danger pour mes chevaux. Danger révélé uniquement après ouverture, et bien sûr, longtemps après l’achat!
C’était il y a moins de deux ans. Au centre de la boule, il y avait de la paille, pas du foin. Et Pony, lui, a préféré la paille au foin quand celle-ci a été enfin accessible. Bouchon de paille dans les intestins. Ce jour-là, le vétérinaire n’a rien pu faire. Cette paille n’aurait jamais dû être là. Cachée au centre de la boule. Cette boule… la première boule de foin faite par la machine après avoir emballé de la paille… Balle tueuse. Agriculteur… :bomb: Passons, ça ne nous rendra pas Pony.
Où sont passés les agriculteurs honnêtes et soucieux de la vie qu’ils alimentent? Quelle politique les mène à ce non-sens comportemental?
Économie arguent-ils… Quand vous voulez jeter une tranche moisie ou pleine de prêle, ou d’épillets, en petites balles, c’est possible, vous perdez 1 à 3 kg… au pire la balle complète, soit 20kg… Zip, au fumier ou au feu, mais pas à mon cheval, ah ça mais! Et toc. 😛
Mais une boule… 120 à 350kg… Ah ah… ça fait moins rire, hein, 350kg à brûler! Ceci dit c’est très beau et ça réchauffe bien, ça fait délirer les poulains. Et ça soulage (la conscience, le moral et le porte-feuille, trois en un quoi!). 😈
Avant-dernière chose: le foin ne se trouvant que difficilement en petites balles, certains agriculteurs n’hésitent plus maintenant à vendre la boule au prix au kilo de la petite balle carrée! Et là, on atteint un non-sens absolu.
Dernière chose: oui vous vous gagnerez des grasses matinées, et ça, ça vaut de l’or… mais chaque jour, passez voir votre cheval pour vérifier qu’il a toujours les deux yeux en bon état; et plongez votre nez et vos yeux dans les cratères qu’il creuse dans sa boule, humez, sortez du foin de là, afin de savoir ce qui se cache là-dedans. C’est lourd à avoir à vie sur la conscience, un défaut de prudence… 😉
Ca c’est du sacré cassage de moral…. Quel monde de m….
M’enfin, si tu tombes sur l’agriculteur honnête, ma foi, et que tu as de belles balles rondes sans danger, je te dis pas les grasses mat’ que tu te payes!!! Et quand tu veux bosser ton cheval, tu te demandes pas s’il a déjà mangé: sûr qu’il a mangé, il est en digestion permanente!!
A partir de là, tu peux laisser la boule dans un endroit clôturé, et ouvrir le soir ce resto pour fermer le matin! Sans horaire fixe… 🙂
Ça te laissera le temps de changer trois langes et deux bavoirs! 😉
C’est vrai que vu sous cet angle, ça fait rêver…
Au fait Carole si je t’offre un petit entier de 20 ans pour tenir compagnie à ta Nini, ça te va? Ils partageraient leur balle ronde… 😀
Tu la récupères quand, Iris?
Faut que j’appelle le big chef, je pense la récuperer l’été prochain. J’espère qu’elle va bien, la vieille !!!
T’es pas un peu sadique, un entier ??? Comment veux tu que je les laisse ensemble… Quelle compagnie !!! En plus, je cherche un cheval qu’il a son maître fourni avec, genre qu’on puisse lui confier la ménagerie quand on veut… partir un peu quoi !!!
A ce jour, malheureusement, nous pouvons désormais compter Niño (qui avait vécu au club il y a quelques années et qui vit maintenant chez ses propriétaires) parmi les chevaux dont les poumons ont été détruits ces derniers mois par du foin vendu à ses proprios comme du foin “bon pour les chevaux”.
Il n’aura fallu que trois mois pour que ces fichues boules handicapent ce joli et gentil cheval, définitivement.
Ma colère est immense mais je pense sans commune mesure avec le désespoir de ses propriétaires si attentionnés.
Les roundballs, quelle plaie!
A ce jour, les vétos consultés pensent que le cheval est condamné au vu du manque de réponses aux traitements 🙁
En espérant que Niño puisse continuer respirer suffisamment le plus longtemps possible… et qu’un miracle arrive…
Suite de Niño.
Début 2012, condamné par tous les vétérinaires qui ont pourtant tout mis en place pour le sauver, devant le conseil unanime d’euthanasie, décision a été prise de mener Niño chez Patrick Chêne, l’ostéopathe de Saint Girons.
Les corticoïdes ont été complètement arrêtés aussitôt, et les soins ont commencé.
Un mois après (je crois, en tout cas moins de deux mois après), Niño a été rendu à ses propriétaires…
Il a repris le travail, il va bien et n’a toujours pas récidivé.
Le miracle a eu lieu.
Vive l’ostéopathie!
2014, Niño a recommencé à avoir du mal à respirer… mais son foin a été vraiment médiocre à mauvais toute l’année 🙁 A suivre donc.