Peyotl: redémarrage

Avec ce gentil petit cheval d’une rare intelligence, j’avais fait tout ce qu’il m’était possible de faire en désensibilisation, son obéissance était extrême. Trop sans doute. Et il restait, pauvre doudou, si tendu à chaque reprise de travail que de longues séances similaires d’une fois sur l’autre étaient nécessaires pour l’amener à nouveau à la sérénité.
Limitée dans son évolution par mes connaissances, j’ai tenté de ne plus le travailler du tout et de juste lui accorder câlins, grattouilles voire paix complète, juste des friandises, pour rééquilibrer sa vision de nous autres, vils humains.
Sans succès.
Alors j’ai parlé de lui à Marc.

Marc a accepté de venir. Je ne peux que lui en être reconnaissante.
Peyotl, non manipulé – ou presque – depuis quatre mois, s’est comme à son habitude mis en position d’écoute intense et d’observation franche mais tendue.
Je vais vous passer les détails du travail et des évolutions, cela prendrait quelques pages… Mais ce qui m’a le plus frappée dans les conclusions, là où vraiment je me sens pitoyable de n’y avoir pensé tant c’est criant d’évidence:

– Peyotl doit apprendre à baisser son encolure tout au long du travail, ce qui finira par l’amener à se détendre (et non de façon ponctuelle). Bref, il faut que je sois plus exigeante.

– Peyotl doit reporter son poids du corps sur son latéral externe à nous quand on le travaille de près, sans fuir. Ceci l’obligera à détendre le côté que nous abordons. Bref, il nécessite que je sois plus exigeante.

– Peyotl doit accepter de nous regarder en permanence avec ses deux yeux et non avec un œil et demi (la moitié d’œil surveillant toujours les lieux de fuite potentielle, ce qui lui permet de garder une idée de fuite et donc de ne jamais être 100% au travail). Bref, il suffit que je sois plus exigeante.

– Peyotl doit accepter que l’on passe d’un côté à l’autre de lui, ou de passer d’un côté à l’autre de nous sans relever l’encolure (fluidité dans les changements de pli). Bref, il est utile que je sois plus exigeante.

– Peyotl doit non seulement accepter de travailler à proximité et loin, mais aussi entre deux: ceci lui évitera de croire qu’on doit être soit proche soit en fuite. Bref, il serait judicieux que je sois plus exigeante.

– Et enfin, Peyotl doit accepter de baisser l’encolure (par là, je veux dire avoir une encolure non haut perchée, pas forcément le nez au ras du sol, hein) lorsque l’on est derrière lui, et de la même façon, lorsque l’on passe d’un côté à l’autre de sa croupe.
Parce-que que l’on soit sur son dos ou à sa croupe, ben on est en arrière de sa tête. Et si sans être sur lui ça le met sous pression, évidemment qu’en étant dessus c’est pire…
Pffff, des évidences comme ça, ça laisse pantois.

Par ailleurs, j’ai découvert une autre vérité évidente (et là aussi je me sens toute petite petite). Quand la désensibilisation dans le travail n’apporte plus d’effet positif, c’est qu’il faut passer à de la technique minutieuse, que le cheval porte son attention sur les réponses à donner malgré ses angoisses. Bref… être plus exigeant. 😉

J’ai apprécié les précautions oratoires de Marc, pour ne jamais dire que le travail effectué préalablement était mauvais. Peu importe la vérité d’ailleurs, cela permet d’être tranquillisé, d’être de suite à l’écoute du diagnostic et du travail à venir. Très agréable en vérité, cette séance. On se sent peu de chose d’être passé à côté de tant d’évidences…

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