Ces jours-ci, Jaya a montré de nets progrès: elle se laisse approcher et toucher en ayant moins peur, voire en restant décontractée.
En revanche, elle a totalement stagné sur le thème suivant: approche d’un humain tenant un objet à la main. Si.
Aussitôt l’objet décelé par elle, la tension devient palpable.
Son cœur bat si fort que je peux voir le sang passer dans son encolure, son corps entier vibre au rythme de chaque battement.
Ses muscles ne sont que béton. Ses yeux s’écarquillent et se figent, ses naseaux se dilatent.
Elle se laisse gagner par une peur panique: elle a peur pour sa vie.
Elle se tient immobile face à mes gestes, elle répond à mes demandes, mais son cœur bat si fort que je sais que ce n’est que façade… son être tout entier n’est que fuite.
En demander moins, faire des gestes plus lents, plus éloignés, rien n’y fait, son cerveau est bloqué en position rouge-très-vif-clignotant-avec-sirène-d’alerte.
On est à peu de chose près dans le domaine de la phobie.
Et ce matin, j’ai commis L’erreur…
Sans objet en main, l’approche s’est très bien déroulée; du nanan.
Suite logique, je me suis ensuite approchée avec un licol en boule dans la main.
La tension s’est avérée encore plus grande que la veille (où rien ne s’était passé, si ce n’est que l’on était comme d’habitude restées sur de la tension, pas pire que d’hab, mais pas mieux; bon – euh, je veux dire: pas bon…).
Habituellement, j’attends un effort de sa part et lui donne seulement alors une friandise, assorti d’un moment de pause.
Et là, mon vieux réflexe m’a gagnée: sentant la pression de la jument, j’ai voulu engager sur de bonnes bases et présenter la friandise avant même qu’elle ait fait un effort de plus en ma direction.
La tension est remontée illico un cran plus haut.
Ouille! cela m’a rappelé que c’était la dernière méthode qui avait été utilisée pour lui passer le licol en traître!!
A ce même moment, son menton a frôlé le licol avant que j’aie pu le retirer. Cela lui a fait l’effet d’une décharge électrique phénoménale.
J’ai senti le déclic passer dans sa tête. Elle a enclenché le mode ‘panique sans retour’. Comme si tous les efforts qu’elle avait faits étaient trahis par ce petit geste et lui prouvaient bien que je n’étais pas plus fiable, voire pire que les autres.
Elle s’est jetée de toutes ses forces sur le côté et s’est dirigée droit dans les clôtures qu’elle a sautées sans autre forme de procès (si, à l’aise en plus).
Je ne l’ai pas lâchée d’une semelle à partir de ce moment.
Quelques innombrables clôtures plus tard (à chaque fois qu’elle cessait de fuir: je m’éloignais pour la récompenser de sa pause et allais réparer les clôtures qu’elle n’avait pu sauter et avait donc détruites!), et après avoir visité le club en tous sens (j’ai pu apprendre la hauteur que Jaya pouvait sauter sans sourciller), j’ai senti un autre déclic, un changement dans son regard.
Jaya s’est remise en face de moi…
Non plus pour voir à quelle distance j’étais, et profiter de faire une pause mais en étant prête à fuir si je m’approchais plus.
Mais bien en réponse à ce qu’elle avait appris ces derniers jours: en faisant face, elle n’avait plus de raison de fuir; en s’approchant de moi, elle pouvait même se décontracter et se reposer.
Yeees! Oui mais… elle y a mis une condition: l’absence d’objet dans mes mains.
Condition accordée pour qu’elle puisse vraiment se détendre et vérifier qu’elle avait eu raison de venir.
Et puis j’ai repris un objet en me tenant très loin d’elle, mais cela a redéclenché la panique.
Alors, devant cet échec, je suis passée à l’autre solution.
Trop d’espace trop tôt dans sa rééducation, cela a été mon autre erreur, en plus d’avoir reproduit des gestes qu’elle redoutait.
Puisque le fait de pouvoir fuir lui permet de se mettre en électron libre plein de panique, je l’ai rentrée dans un box.
Je l’ai licolée sans autre forme de procès, l’obligeant à revenir au calme à chacun de mes gestes, l’ai ressortie et l’ai désensibilisée sans plus la laisser fuir bien loin:
Longe qui la touche puis qui s’enroule autour d’elle.
Licol visible dans ma main sans puis avec bruits de boucles.
Licol en boule en faisant comme si je la touchais avec puis en la touchant rien qu’avec ma main puis avec ma main et le licol.
Licol qui la touche partout.
Licol avec bruit de boucles qui la touche, licol présenté normalement et qui la touche partout.
Licol jeté par dessus son encolure des deux côtés.
NB: à aucun moment, la présence de licols non tenus par ma main ne l’a perturbée.
J’ai vérifié le résultat de la désensibilisation en refaisant les mêmes gestes avec Jaya en liberté étroite. Echec par deux fois.
Mais la troisième fut la bonne, Jaya a très bien supporté que je la touche, la licole, agite des licols autour d’elle: sans être retenue par une longe, et en mâchant son foin.
Pas à 100% détendue. Peu importe, c’était bien moins pire qu’au début.
Fin de la séance, il lui faut s’imprégner de tout cela, on reverra les acquis un autre jour.
pour le coup, à terme je ne sais pas si jaya sera une jument comme on les apprécie, mais elle aura contribué à accroître affiner ton expérience sur l’éducation des chevaux.
Comme nous avons la chance de te voir travailler ton analyse écrite est encore plus interéssante à lire et nous permets (moi en tout cas) de progresser dans l’approche, l’éducation.
merci