Notre petit pensionnaire gris a donc passé dix jours au poney-club et a regagné ses pénates mardi dernier.
A son arrivée, la seule solution ‘convenable’ a été de le mettre dans le rond de longe où les rubans sont installés tous les 25 cm: une véritable forteresse à franchir.
Comme prévisible, il a quelques fois approché de près ce qu’il prenait pour des grosses branches/planches de bois, et a reçu une bonne décharge électrique à chaque fois.
D’autant que pour concentrer tout le courant sur le rond, tous les autres paddocks avaient été déconnectés… Boudha avait donc la batterie électrique pour lui tout seul… waouch!
Cette découverte lui a bien fait prendre conscience de l’infranchissabilité (si, ça existe en vrai) des rubans électrifiés.
Il n’a pas eu besoin de beaucoup d’essais pour assimiler cela à une vérité absolue.
Mais en parallèle, il a découvert que dans le club, partout où il portait son regard, il y avait des chevaux!!! Des comme lui!!!
Quelle surprise!
Et là, ses hormones ont été plus fortes que lui, il a déroulé tout son programme de séduction, à lui tout seul, dans son rond de longe…
Et que je parade, et que je passage, et que je secoue la tête, et que je hennis, et que je me mets en colère, et que je suis désespéré, et que je suis debout, et que je calcule qui je vais conquérir, qui je vais éradiquer de mon environnement…
Lui, dans sa vie, il est déjà un étalon, et il est prêt à ça!
Il passe ses premières 24h à arpenter au galop ou au trot la clôture du rond de longe puis à être enfermé en box.
Il en oublie de boire et de manger.
🙁
Sa propriétaire me rassure: il parait qu’il lui avait fait ça aussi à l’achat…
Mais là, il est adulte, remonté à bloc, en hyperactivité, et il fait chaud.
Je crains pour lui une colique de stase (arrêt du transit par déshydratation) et un myosite (effort exagéré des muscles).
Les manipulations sont malaisées, il ne pense qu’à cabrer, mordre, éviter des claques (il ne cherche même pas à ‘lire’ mes gestes, il fait ça dans l’excitation, exagérément) ou montrer ses fesses.
Il parade en main, se met debout pour s’exprimer sans réfléchir, il fait une grosse grosse crise de nerfs, quoi!
Après avoir pris un coup d’antérieur sur la main et m’être fait aplatir un orteil, je durcis le ton, et lui explique ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Passé un temps de surprise, il finit par au moins devenir gérable (mais il faut surveiller les dents), puis au fil des jours par devenir presque fiable.
On pourra même faire des bisous sur son micro-bout-de-nez 😉
Et le caresser à plat main partout sans qu’il confonde avec une invitation au jeu (donc avec les morsures associées).
Vendredi matin, on le remet dans le rond de longe pour lui rappeler les us et coutumes électrifiés du club.
Mais il est impossible de le nourrir en rond de longe: il ingèrerait du sable avec son foin, ce qui serait tôt ou tard fatal à ses intestins. Donc il doit être mis en paddock.
Le paddock, dont le ruban du milieu est concrètement trop haut pour lui…
Bouhouhou…
Bon, ok, on lui offre un copain, qui servira à concentrer son énergie sur lui, et ne lui laissera pas le temps de se concentrer sur la façon de franchir la clôture pour aller conquérir des femelles, jouer avec des jeunes ou combattre des mâles…
Et en effet, Galopin et Guismo sont immédiatement adoptés par Boudha, qui, trop perturbé d’avoir deux poneys à lui tout seul, en perd son latin. Il ne sait comment faire, il court de l’un à l’autre, les malmène, les guide, les harcèle, les houspille… Il décuple d’énergie, sort toute se gamme de figures guerrières, n’en peut plus de parader, veut les saillir à toute force.
Mais bon, Galopin et Guismo ne sont ni en chaleur, ni même femelles… Donc forcément, ils galopent à tour de rôle pour échapper à l’effronté hyperactif.
Samedi, de guerre lasse, par pitié pour nos deux poneys, on rajoute Roméo, afin de faire diversion et que les deux autres puissent souffler.
Le premier contact est… percutant!
Boudha ne dit ni bonjour ni rien, il passe à l’offensive: cet étranger risque de lui voler ses copains, il attaque violemment direct.
Roméo lui, reste poli mais semble dépassé par cet accès de violence et rechigne à porter des coups sans présentation préalable.
On ressort Boudha vers le rond de longe une bonne heure pour que Roméo ait le temps de reprendre ses esprits, et que la hargne de Boudha s’épuise dans le rond: de là, il voit SES poneys avec Roméo, et il galope, il galope, il hennit, il hennit…
On remet Boudha.
Cette fois, Roméo sait.
Et là, ben comme sur la vidéo plus haut: Roméo aplatit le micro-poney à chaque fois qu’il se dresse devant lui. Prise de catch.
Une fois. Deux fois. Trois fois. Quatre fois. Cinq fois (bon, je passe la suite…)
Dix jours plus tard donc, Boudha tente encore parfois de prendre le dessus sur Roméo. Roméo semble galvanisé par ces rixes: il lui suffit d’attendre que le nain s’excite, se mette debout, pour à son tour s’élever posément et paf! au sol plié en deux, le petit excité!
Nous essaierons de mettre Pirate et Nestor avec eux, mais Boudha, trop agité, les mettait sous pression: seul Roméo l’impassible, ne s’est pas laissé impressionné 🙂
C’est un Boudha exténué, à peine un peu plus expérimenté, mais plus posé et plus serein qui est rentré chez lui ce mardi.
Fais de beaux rêves et de beaux projets, petit Boudha!