Fly est arrivé au club il y a une dizaine de jours. Jeune cheval de 4 ans, croisé ibérique, gris, pot de colle.
Motif de sa venue : après s’être fait peur lorsque sa cavalière allait le monter (une étrivière mal enclenchée, une chute lourde sur son dos, une panique avec éject à la clef), Fly ne reste plus sage et immobile lorsque l’on cherche à le monter.
Bon, et puis même sans ça, le jeune cheval avait une propension à se coller à nous voire à nous faire changer de route l’air de rien …
Au cas où un soucis de douleur de dos soit en cause, il a vu un ostéopathe (Séverine Deretz) dès son arrivée. Puis le travail a commencé, doucement puis crescendo.
La priorité a été d’affiner son attention sur nous (ceux qui le manipulent donc). Le repousser patiemment quand il vient trop près. Cela lui a permis de découvrir que nous avions tout de même une sorte de bulle à partir de laquelle il convient de devenir plus délicat et lent, plus attentif à nous. Lui apprendre à mobiliser ses épaules et s’écarter plutôt que s’obstiner à nous faire face comme s’il était une tête chercheuse d’humains. Pour sa cavalière à pied, apprendre comment mobiliser les épaules d’un cheval, donc …
Nous avons pu nous rendre compte que sous ses airs placides et hyper zen, Fly est en réalité très vif et réactif dès lors qu’il ne se sent plus en sécurité. C’est blanc ou noir pour le moment, en lui, niveau émotion et contrôle de soi …
Nous avons pu jouer sur ces brèves montées émotionnelles pour commencer à lui apprendre qu’il peut encore faire attention à son humain quand le stress monte, ne pas l’écraser ni le treuiller, etc. Les temps de stress déraisonnable baissent, son self control commence à se voir. Il acquiert même une sorte de sagesse fugace. On est sur la bonne voie.
Il manifeste systématiquement de grosses inquiétudes lorsque nous sommes à sa droite, comme s’il n’avait été débourré qu’à gauche. Ces crises de stress diminuent nettement, passés quelques instants où elles prenaient de plus en plus violemment le dessus.
Ce faisant, il a dû apprendre à répondre à nos sollicitations plus rapidement (la nonchalance n’est pas toujours gage de sécurité avec les chevaux), et plus précisément. Il a pu noter les nouvelles règles du jeu, de vie commune. Et il commence à les comprendre et les accepter, passé un temps d’incrédulité puis d’inquiétude.
Comme il comprend mieux ce que nous attendons de lui selon notre posture, notre gestuelle et nos intentions, il répond mieux, et s’inquiète au final de moins en moins.
A tel point que nous réabordons les séances de montoir depuis peu. Sa jeune propriétaire a même passé la jambe par-dessus la selle, mis du poids sur son dos, etc. sans déclencher la moindre inquiétude de la part du poulain. Yes ! Cela valait le coup de ‘perdre’ du temps à améliorer la compréhension commune de ce couple !