Gros espoirs pour Quinto-Mol

Bien sûr, il est un peu tôt pour croire en une rapide résolution de ses angoisses.
Bien sûr, il est un peu tôt pour croire que l’on va pouvoir l’enfourcher du jour au lendemain sans jamais risquer de recréer sa défense viscérale.

Cependant, en très peu de séances, et en cassant complètement son fonctionnement habituel, les progrès sont encourageants pour le moment.

En effet, c’en est terminé de la préparation ‘dans le but de le monter’!
Pas de pansage suivi de harnachement. Pansage oui, mais le harnachement arrive plus tard.
A chaque fois, la selle est posée dans la mangeoire et laissée sous son nez jusqu’à ce qu’il cesse d’en avoir peur. Sa selle, du foin, et lui. Pas d’humain. Pas d’interdiction de flairer et toucher cet objet de ses inquiétudes.

Ensuite, non, le tapis et la selle ne sont pas placés par sa gauche mais par sa droite. En effet, les manipulations de ce côté lui semblent très stressantes, il s’en inquiète comme s’il n’avait jamais été débourré de ce côté (ce qui est sans doute le cas). Alors on revoit tout. La mise de la selle doit même être à ce stade accompagnée d’une friandise, afin de sortir Quinto de sa tétanie, de son autisme figé, de sa muette supplique de non agression.

Rythme cardiaque accéléré, nuque haute et figée, muscles tendus, yeux surveillant sans ciller chaque geste du prédateur cavalier, immobilité parfaite, bref, une proie se demandant à quel moment enclencher la fuite salvatrice (fuite inhibée par l’éducation).
Une grenade dégoupillée dont on se demande quand elle va exploser…

Quinto accepte de mieux en mieux de quitter son quant-à-soi pour venir chercher les friandises.
Au début, il quittait sa position ‘de protection’ (celle dans laquelle il s’est enfermé comme un autiste, celle décrite ci-dessus donc) comme en souffrance physique, comme si tout allait se briser en lui à amorcer quelque geste que ce soit.
Parfois, il commençait le geste pour prendre la friandise mais n’était pas capable d’aller jusqu’au bout. Zip, il reprenait sa position de survie: tout droit, tout figé, tout grand.
Puis il a parfois réussi à se convaincre qu’il pouvait aller un peu plus loin. Impossible pour moi de lui rapprocher ma main, ceci le renvoyant au fait que j’étais bien vivante donc bien imprévisible et dangereuse. Il a parfois réussi à toucher ma main, mais sans prendre le temps d’attraper la friandise tant convoitée. Simplement, son flair, lui, au passage, lui disait que c’était bien là…
🙂
La gourmandise reste définitivement un vilain défaut et un précieux allié.
Il a pu ensuite poser en vitesse ses lèvres sur ma main, toucher la friandise, en général la faire tomber tant son geste était vif, raide, angoissé, mais il l’avait touchée, si concrète, si attirante, parfois attrapée, avalée; trop stressé pour l’apprécier pleinement…

Et puis les essais aidant, l’expérience aidant, le temps aidant, Quinto a fini par y croire. Qu’il pouvait quitter sa position de survie sans rien risquer. Aller chercher cette friandise en ployant son encolure totalement, avec délicatesse et non dans la précipitation. L’attraper doucement, puis même rester ployé jusqu’à l’arrivée de la friandise suivante. La déguster en fermant les yeux.

Actuellement, si cela est bien mené, si rien ne vient créer le trouble, Quinto accepte que l’on se mette en sac à patate sur sa selle, en faisant du bruit sur cette selle, en gesticulant doucement, en le touchant de la main sur la croupe et le flanc droit. Il l’accepte non parce-qu’il ne dit rien, statue de verre, mais parce-qu’il vient chercher sa friandise à sa droite, durant toutes ces sollicitations, et ce presque sereinement.
Et ce n’était pas gagné!
Et ce n’est pas gagné… d’ailleurs.
Donc je n’ai pas encore fait le geste de l’enfourcher. Cela est concrètement possible sans risque. Mais ce serait trahir notre accord: je ne fais que ce qu’il autorise avec sérénité.

De la même façon, si je descends ‘normalement’ (de la selle ou du promontoire contre lequel je lui demande de rester), il recule vivement, tout figé; de peur de…
De quoi peut bien avoir peur un cheval qui voit son cavalier descendre?
Hé oui, il n’y a que la bonne baffe ou la bonne rouste qui peut créer un tel recul…
Un cavalier mécontent descend et fait payer son mécontentement à sa monture, ‘entre hommes’, virilement…
Le cheval retient: “si mon cavalier descend alors je m’en prends une”.
Très très pédagogique… 🙁

En quelques séances, on est passé d’un cheval qui, voyant son cavalier descendre, arrache les rênes désespérément en s’enfuyant au galop (j’avais bêtement et machinalement osé le caresser en descendant, j’ai malheureusement créé une panique incontrôlable!),
à un cheval qui fait un demi-pas arrière (oui, bon, tout n’est pas réglé) suivi d’un pas avant pour venir chercher sa friandise, en étendant l’encolure et abaissant la nuque, en regardant avec confiance, en acceptant la caresse sans la confondre avec l’amorce d’une tape.

Qu’il lui sera doux, bientôt, de comprendre enfin l’être humain, de le trouver prévisible, mais pas seulement dans le mauvais!

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