Mélodie a été pansée plusieurs fois cette semaine, et tenue en longe en carrière lors de la reprise des cavaliers les plus expérimentés. Elle a donc expérimenté le fait d’être noyée au milieu de tout un tas de chevaux et poneys qui trottent et galopent autour d’elle sans se soucier d’elle. Elle n’a pas trop manifesté l’envie de fuir ou d’agresser les autres. Elle s’est même plutôt bien tenue. Sans doute connait-elle ce genre de situation, et si ce n’est pas le cas, alors chapeau bas chère Mélodie. En tout cas, elle a à plusieurs reprises fait des appels de contact, signe audible de son désir d’avoir des amis (surtout Paprika) parmi la cavalerie de notre club.
Quelques-uns de mes petits meneurs ont même entrepris (on ne se refait pas, quand on aime éduquer, ça nous échappe) de la travailler en main un petit peu, et cela s’est relativement bien passé, quoique Mélanie m’a posé une question révélatrice: “Ça se peut qu’un cheval dise qu’il n’est pas content de travailler?”. Oui Mélanie, ça se peut, et si tu poses la question, c’est que Mélodie a été très très claire envers toi… Il n’y a en elle aucune animosité envers l’humain, aucune fainéantise naturelle, juste le refus d’envisager le travail tel qu’elle l’imagine.
Ce matin, première séance réelle, donc. Mélodie arrive en main, harnachée, dans la carrière.
Avant de la mettre au travail, je me positionne pour ressangler. Elle se tourne illico pour se mettre en route loin de moi, je tends la rêne et agis vers les hanches, mais les postérieurs se lèvent aussitôt en ma direction pour manifester le refus d’obtempérer… 😐 Ah non petite, tu peux être de mauvaise humeur, mais pas menacer à ce point, zip! je la replace face à moi fermement malgré les dizaines de mimiques agressives (quelle colère se dégage de cette boule de douceur, c’est inimaginable!), puis je reprends mon sanglage posément, ah ça mais; et une caresse avec grattouille, une… pour dire merci à cet effort de sa part concédé totalement à contre-cœur. 🙂
Quand ensuite je lui demande les hanches, je n’ai même pas le temps d’amorcer les phases de demande progressives que déjà elle ramène fermement ses postérieurs vers moi, et je lui rappelle plus fermement et rapidement encore qu’il n’est pas envisageable pour elle de venir ‘contre’ une pression demandée pourtant poliment. Sa colère se décuple, mais sa volonté n’effrite pas la mienne, et chaque ‘cession’ (non pas le mouvement de côté, mais le fait de céder à la ‘pression à distance’ que je lui mets) qu’elle m’offre à contre-cœur est systématiquement récompensé par une grattouille et une mini-pause. Elle sait se poser aussi vite que moi, sa colère ne va pas plus loin que ce que dure ma demande. Surprenante.
En quelques minutes seulement, elle commence à comprendre qu’elle ne provoque aucune réaction en se mettant à faire des simagrées, et qu’elle n’a qu’à céder à la pression pour avoir la paix. Elle est vive, elle comprend vite, elle n’est pas si courageuse face à une demande claire qu’elle a compris être sans appel. 😎
Puis elle s’est vite retrouvée à accepter de partir au pas, au trot à mes côtés, et à s’arrêter en face, sans tirer, sans chercher à faire à moitié, et surtout… sans rabattage d’oreilles intempestif… Stéphanie me sert alors de cobaye et la manipule quelques instants, la jument n’est pas plus vindicative avec elle qu’avec moi, et même progresse encore un peu (et Stéphanie aussi du coup!). Les réminiscences de colère sont alors brèves et rares, va pour des grattouilles, et zou, on change de sujet: je monte.
L’essai déjà effectué à la Ferme de Saint Ygnan a laissé des traces, Mélodie s’est montrée d’office moins récalcitrante sur les tourners à gauche. Bon, il a quand même fallu quelquefois décoincer les hanches vers la droite pour que la tête vienne céder à gauche, mais rien d’excessif.
Elle a foncé quand même un peu dans la porte d’entrée sans sourciller 😈 (heureusement que Stéphanie et Christine ont agité qui un drapeau, qui une ficelle pour la décourager: je n’avais pas mis le courant et ne souhaitais pourtant pas agir trop fortement dans la bouche) puis en a abandonné l’idée.
Par ailleurs, la présence de fils de clôture en guise de barrière l’a découragée de me mettre la jambe dans ladite barrière. C’est déjà ça de gagné.
Elle a tout juste essayé un petit galop contre l’action de la rêne gauche, mais sans plus de conviction.
Bien moins speedée que lors du premier essai, la demoiselle… 😀
La monte n’a pas duré plus de dix minutes je pense, mais entre le travail en main (pas même vingt minutes) et le travail monté, Mélodie était toute transpirante, pas de l’effort fourni, mais du stress qu’elle s’est créé à vouloir se battre contre rien… Elle a fini sur une cession franche et agréable à la rêne gauche, avec que de la douceur dans l’attitude, et pas un seul fouaillement de queue. Hop, à terre et friandises. 😉