La myosite / Tara

Hier, Bernard est parti en balade on ne peut plus tranquillement – au pas – avec Tara. Accompagné d’un compagnon de rando nanti d’un cheval fiable et calme. Climat idéal (la veille il avait fait tellement chaud). Conditions idéales.
Au moment de franchir un petit plan ascendant (champ en contre-bas d’une route qu’ils souhaitaient rejoindre), Tara amorce la montée puis refuse d’avancer. Aucune supplication ni menace n’y a rien fait (et pourtant nous savons à quel point Tara aime faire plaisir et craint toute réprimande!).
Après 30 min d’échec, Bernard me contacte. Au son de sa voix et à son récit, je ne vois qu’une explication: la myosite. On l’appelle aussi communément ‘coup de sang’ ou ‘maladie du lundi’.

De Myo: muscles (chair des animaux et des personnes, pour ceux qui ont du mal avec la notion de muscle).
Et de Ite: inflammation (comme dans rhinite, pharyngite, tendinite, tiens! ou conjonctivite, puisqu’on est encore dedans au poney club; mais quand même pas comme dans favorite ni marmite et encore moins antésite).

C’est une urgence vétérinaire.
Pendant que Bernard appelle le vétérinaire, je fais le point de la situation (je suis en stage avec les enfants, je ne peux les laisser seuls au club, et je ne serai guère utile à regarder une jument immobile). Les fibres musculaires de Tara sont en train de se briser les unes après les autres à chaque mouvement effectué. C’est si douloureux qu’elle refuse de bouger. C’est une chance inouie: certains chevaux acceptent de bouger malgré la douleur. Elle non. Cette jument est une perle.
Mais elle est en pleine campagne. Ni abri, ni eau, ni nourriture, ni protection, ni surveillance… impossible de la laisser là.
Une seule possibilité: la transporter en van.
Le vétérinaire préconise de lui administrer un antalgique (anti-douleur). J’en ai. Coup de chance j’ai aussi un anti-inflammatoire en pâte orale, des électrolytes, du son (merci Une), des pommes (merci Eclipse d’avoir fêté tes 18 ans). Geneviève, la femme de Bernard, vient chercher tout ça.

40mn plus tard, une fois mon stage fini, quand j’arrive dans le champ où Tara est toujours immobile – à côté du van – il ne reste plus qu’à lui faire avaler les électrolytes. Presque immédiatement, elle urine. Et là, stupéfaction, il y a de l’urine normale en faible quantité, mais aussi de l’urine marron, mais aussi… on dirait du sang pur. Quel désarroi pour nous, de ‘voir’ tous ces muscles qui sont en train de casser!

Tara se décide aussi à bouger un peu à ce moment, comme si l’antalgique et l’anti-inflammatoire faisaient enfin effet. Zou, dans le van!

Une fois chez elle, elle a été installée dans un espace minuscule, où elle peut juste boire, manger et se coucher. Le vétérinaire est passé pour faire une prise de sang.
Les résultats sont tombés ce matin. Tara fait bien un coup de sang. Les reins hier étaient encore indemnes.
Le traitement est constitué d’un produit drainant les reins et le foie, et d’un produit reconstituant musculaire (vitamine E et sélénium).

Alors depuis, voilà ce que j’ai revu ou appris:
– les courbatures peuvent être considérées comme des micro-myosites anodines ponctuelles
– un effort violent (long, ou brutal) favorise la myosite (tiens, chez nous aussi, dingue!)
– les granulés, l’orge, les aliments protéinés (tourteau, luzerne) favorisent la myosite
– une mise au repos – sans baisse alimentaire significative – après un effort favorise la myosite
– sur 3 équidés faisant une myosite, 2 sont des femelles.
– l’âge le plus fréquemment sujet aux myosites se situe entre deux et trois ans
– les individus stressés sont plus sujets aux myosites (sans doute lié au fait que leurs muscles sont toujours sous tension, donc on revient à un effort long; on peut rajouter à ça: les chevaux qui ont tremblé de froid trop longtemps sous la pluie!)
– la déshydratation même légère favorise les myosites (corollaire: pour éviter ou limiter les courbatures, il faut boire beaucoup)
– un déséquilibre en électrolytes favorise les myosites (origine: transpiration donc perte d’électrolytes, ou alimentation déséquilibrée en électrolytes, et là, ça devient carrément difficile à contrôler, car cela dépend de la qualité de la terre sur laquelle poussent les graminées, des conditions climatiques durant la pousse, etc.)
– un cheval ayant fait une myosite récidive facilement.

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2 pensées à propos de “La myosite / Tara

  1. La myosite de Tara était censé être du type ‘grave’, récidivant, si on se fiait aux analyses de sang.
    Les ostéo Coatantiec et Chêne l’ont eux attribuée aux divers changements dans la vie de Tara. Alors oui, les analyses étaient très mauvaises… mais non, ce n’était pas si grave. Deux manipulations plus tard, la jument avait l’air nettement mieux. En vacances chez sa famille de Mérens puis revenue chez elle, elle a fait la folle puis repris le travail. Hé bien, pas de récidive, contrairement à ce que les analyses de sang laissaient penser… Vive l’ostéopathie!

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