Dylan, sous la selle comme même à pied, devient de façon plus nette, enfin!, un cheval agréable, attentif, malléable, tout doux voire délicat (si! pas un pied écrasé, pas un nez aplati, rien!), qui devient un vrai compagnon de travail et de ‘jeu’.
Dans le paddock, il galope enfin vraiment, de toute sa puissance, utilisant avec joie les centaines de mètres de ligne droite qui s’offrent à lui.
On ne peut encore dire qu’il a vraiment trouvé sa place au sein du troupeau, mais c’est franchement en bonne voie.
Oui mais.
Il a les dents qui trainent trop souvent sur la peau des autres.
Et encore, ça, c’est pas si grave! on en a vu d’autres…
C’est surtout qu’elles trainent vraiment trop fort, en pinçant trop violemment, que ce soit sur la peau, sur les couvertures, sur tout ce qui est plus faible que lui, voire juste respectueux de lui.
Il avait par exemple fait une morsure avec un pincement d’une force démesurée sur le corps de la minuscule Dandy Girl de Clary, malgré un très beau snapping de sa part, laissant sur sa jeune fesse un œdème gros comme une balle de ping-pong (ce fut la première faute comportementale de Dylan, dès ses premiers jours en troupeau).
En l’espace de quelques jours, il a déchiré violemment, et sans prétexte hiérarchique ni même ludique, la couverture de Pépito (deux fois, dont une fois avec le poil arraché en même temps que la couverture), celle d’Arob@se et ensuite la neuve et très solide de Vidji.
Il s’est aussi trouvé une place privilégiée en collant aux baskets de Sendre, ce qui l’amène forcément à se trouver souvent près d’Eclipse.
En quelques mois, sur Eclipse – qui n’avait plus eu la moindre égratignure pourtant depuis des années – j’ai trouvé des rayures de sa carrosserie au niveau de l’épaule, mais aussi plus tard de la cuisse. Vu l’âge d’Eclipse et son expérience, on pouvait penser qu’elle reprendrait vite le dessus sur Dylan: après tout, même Qavale arrive à l’impressionner, c’est dire!
Mais c’était sans compter sur le mental.
Eclipse n’a plus besoin de se battre pour faire valoir son rang hiérarchique depuis longtemps. Au pire des fois il y a quelques remises au ordres, mais pas plus.
Les conflits, même si elle ne les a jamais fuis, elle les a rarement cherchés.
En revanche, une fois lancée, c’est un bulldozer-arrière. En effet, Eclipse n’est pas mordeuse, c’est une botteuse (non, elle ne met pas des bottes, suivez un peu! elle botte les fesses de qui la gêne).
Elle garde d’ailleurs sur ses postérieurs quelques cicatrices de ses combats (les pires cicatrices étant celles écopées de Carlit, un Mérens de passage, et surtout de Chica, la mère de Sendre et Qavale).
Or, Dylan ne se bat pas à la loyale selon Eclipse. Il arrive toutes dents dehors et refuse de s’acculer à elle. Alors elle fuit vivement ces dents ravageuses. Et comme elle ne sait pas attaquer frontalement, elle ne peut que se ranger. Et elle le fait vraiment prestement, montrant sa grande crainte de toute morsure de Dylan.
Elle a quand même réussi à avoir une plaie profonde sur le grasset droit (sans aucun doute par coup de pied, mais la rotule n’était pas touchée… et Dylan avait une belle blessure sur le genou, ils étaient donc quittes). Je me suis dit que petit-à-petit, ça allait se tasser si elle pouvait l’affronter à sa sauce.
[Peu de temps après, c’est alors que la couverture de Vidji était violemment mise à mal par le beau Dylan sous nos yeux incrédules…]
Ensuite, le jour de la préparation à l’equirando, Dylan a tenté – mais raté – un magnifique Drag’n’Drop sur l’oreille gauche d’Eclipse. Voici une partie du résultat:
Pour couronner le tout, la semaine dernière, Dylan a voulu persévérer et a réitéré son Drag’n’Drop sur le dos d’Eclipse.
Tous les chevaux avaient été à l’herbe durant trois heures le matin.
Le midi, à peu près indemnes, ils se sont dirigés vers les râteliers remplis de foin.
Les chevaux y étaient toujours à 14h, somnolents.
Eclipse dormait à une dizaine de mètres de Sendre, des poils en moins et un gros oedème sur le dos. Pour faire de tels dégâts, il fallait que la morsure vienne de haut et soit puissante.
Dylan, dormait collé à Sendre.
Visiblement, Dylan s’y est repris à plusieurs fois, laissant penser qu’il l’a attrapée par surprise alors qu’elle avait la tête dans un râtelier et qu’elle n’a pas eu le temps de se dégager assez vite.
Sans doute même est-ce Sendre qui, arrivant près d’Eclipse – son repère – pour manger avec elle, lui inspirant confiance, a sans le vouloir amené Dylan vers Eclipse, sans qu’elle ait le temps ou la possibilité de voir l’affreux Jojo.
Qu’il règne sur un groupe une loi dure de hiérarchie intransigeante, pour laquelle les conflits sont réguliers, c’est normal. Mais qu’un membre du troupeau fasse régner la terreur et la douleur, là, ce n’est plus normal.
Polisson avait harcelé plusieurs ponettes puis avait dépassé les bornes avec Vitamine. Polisson avait été banni du troupeau et vendu (même si nous l’avons racheté plus tard).
Shawar avait aussi harcelé moralement Sendre, et avait violemment poursuivi et blessé la toute jeune TicTac. Shawar avait aussi été banni du troupeau et avait été vendu (mais lui a eu la chance de tomber sur des gens vraiment super!)
Dylan a donc été finalement banni du troupeau, à mon grand regret, et cohabite désormais avec les Mérens depuis quelques jours… Bizarrement, il n’y a pas le moindre accroc dans la toison des Mérens. Dès que Dylan s’approche à quelques mètres, Ubac présente posément sa croupe, avec une lenteur et une fermeté incroyables. Pas plus. Pas moins. Si Dylan insiste, Ubac monte gentiment en tension, et s’il le faut il n’hésite pas à envoyer une puissante et douce ruade ‘symbolique’ dans le vide.
Et croyez-moi, Dylan perçoit très bien cette symbolique!
Ubac est un Maître dans l’art de se faire comprendre de ses semblables sans dégât, avec une grande justesse, avec des gestes extrêmement modérés et explicites. Il avait eu affaire à Altaïr jeune entier tout fou et très collant (un bref instant, lors d’une rupture de clôture, et avait super bien géré, puis en compagnon de paddock), il avait eu droit à Bluenam jeune entier bourré de testostérone galopante et lui avait réappris le respect et la tempérance, il avait obtenu aussi le respect de l’exubérante Une de Clairfaye, et la confiance de l’imprévisible Quinto.
Enfin bref, Dylan est dans un nouveau groupe, qu’il n’aime pas encore, mais dans lequel il fera moins (voire pas) de mal.
Et même si j’avais préféré qu’il s’intègre dans le troupeau (avec l’espace et la réflexion que ce lieu procure), sans conteste cela a été un immense soulagement de le déplacer, vraiment.
(hé hé, voilà un Drag’n’Drop grande échelle: on a déplacé non pas un morceau de peau de cheval, mais un cheval complet)
Et pourquoi aussi “après tout, même Qavale arrive à l’impressionner, c’est dire! ” ?
Hein ? Elle a le droit de temps en temps pour de vrai.
Ben… oui, tu as sans doute raison…
Cependant, une jument qui cède sans discuter sa place à Pirate,
mais aussi à Arob@se qu’elle a quasiment langée…
ben on ne s’attend pas trop-trop à ce qu’elle domine un grand malabar comme Dylan, hein…
🙂
Mais tu vois, elle progresse! :yes: