Vitamine, ponette vive et au caractère à la fois timide et bourré d’émotions, n’est pas, n’a jamais été, une ponette facile. Du moins pas pour les débutants.
Elle semble se méfier, et pourtant elle s’impose, pas forcément par le biais attendu…
Par exemple, sous la selle, elle fait tout, absolument tout ce qu’on lui dit. Mais qu’elle sente un défaut de
concentration, ou d’organisation chez son cavalier, et elle s’arrête net voire part à reculons si on la sollicite encore… Un bon “Tu n’es pas là ou pas clair? J’envahis les actions par mes volontés!”
Elle peut même être rétive (en main) au mouvement avant, à plonger la tête dans l’herbe et même menacer ou envoyer les pieds vers son meneur trop gentil ou trop indécis… et pourtant être une perle d’écoute et de précision, voire même trop mobile avec un meneur décidé et réactif.
Comment la qualifier? De peste? De carne? Oui, pour le fun, histoire de mettre du piment à nos propos quand on parle d’elle. Mais en vérité? Comment la qualifier? De princesse? De sensible? De génie? D’esprit vif?
En tout cas, elle a une capacité d’adaptation impressionnante, tout le temps.
Les deux derniers actes forts en date, les voici:
1/ Nous avons un abreuvoir automatique récalcitrant. La tige qui stoppe l’arrivée d’eau en est tordue. Donc quand les chevaux actionnent la palette (avec leur bout de nez) qui pousse sur la tige, cette dernière laisse plus ou moins passer d’eau selon sa position sous la palette. Bref, les chevaux passent un temps infini pour avoir un ridicule filet d’eau… Notez bien, cela leur apprend la patience, et ils ne risquent pas de refroidir leur corps trop vite!
Cet abreuvoir n’est pas en route depuis très longtemps. Une semaine? Deux? Peu importe.
Il y a un seul équidé dans ce parc qui, lorsqu’il boit, bouge et secoue la palette pour changer l’orientation de la tige-stop tordue, pour obtenir un débit plus important. C’est… Vitamine…
2/ Ce soir, après avoir consulté la météo, je me suis ravisée et décidée à retourner au club pour couvrir nos chevaux, du fait du vent prévu et des températures ressenties attendues.
Première brouette de couvertures.
Vitamine, comme les autres, me regarde faire tout en mangeant son foin.
Je repars et reviens avec la deuxième brouette de couvertures.
Vitamine attend cette fois à la porte patiemment quand j’arrive avec la deuxième brouette de couvertures. Elle ne me colle pas, ne me gène pas, mais est très proche. Respectueuse et très présente. Je fouille dans le tas, sors sa couverture, la couvre. Elle est patiemment immobile, ne bouge pas un sabot. Je boucle la dernière sangle, la remercie et n’ai pas le temps de me retourner vers la brouette qu’elle est déjà repartie vers le foin. Visiblement, elle avait demandé et obtenu ce qu’elle voulait. Consciente de cette communication possible, et capable de l’utiliser. Elle ne viendra pas me voir une seule fois ensuite, il n’était donc bel et bien pas question de friandise ni de grattouille.