Avoir son cheval – Réalités

L’achat

Concrètement, cela va du prix dit ‘de la viande’ (soit 600 à 800€ pour un petit cheval ; mais à ce prix demandez-vous sérieusement où sont les vices cachés !) à des dizaines de milliers d’euro, selon les origines du cheval, sa race, son dressage, sa robe, etc. Si les origines ne sont pas connues, on peut raisonnablement trouver le cheval de sa vie pour moins de 3000€.

Les frais inhérents à l’achat

Une visite vétérinaire d’achat vous coûtera environ 150€ pour vérifier qu’il n’y a pas de problèmes d’arthrose sous-jacent, de boiterie à venir dans les prochains mois, de cécité, d’asthme, etc. rendant le cheval définitivement inutilisable (ceci vous évitera les frais vétérinaires exponentiels pour le soulager…).

Il vous faudra peut-être compter aussi la visite d’un professionnel (moniteur ou entraineur) pour vous assurer que le cheval est bien conforme à vos attentes. A l’heure ou au forfait ? Aucune idée…

Quant à la castration, c’est minimum 150€, jusqu’à 250€ selon les praticiens.

La nourriture

Prenons un petit cheval de 400kg. Il mange chaque jour minimum 8kg de foin, donc partons sur 10kg, vous serez à temps de diminuer si vous en faites un obèse, mais j’en doute.

Soit, une demi-botte de foin (de 20kg) par jour, donc 15 bottes de foin par mois. Soit actuellement presque 45€, transport compris. Sans compter le foin moisi, le foin plein d’herbes nocives que vous brûlerez, le foin gaspillé dans la gadoue qu’il faut redonner, etc. Bref, on avoisine les 50€ par mois, juste en miam-miam de base.

NB: pour un cheval de 800kg, c’est 16kg de foin par jour ; un cheval de 150kg (si ça existe, ça s’appelle un ponain, oups, un poney 😉 ), 3 kg de foin par jour… Hé si, c’est vraiment proportionnel, et on rajoute un peu par rapport aux doses préconisées qui sont un poil ‘justes’; on peut aller jusqu’à 30% de plus si besoin est, voire passer à volonté si le cheval le nécessite (les anxieux qui brûlent les calories, les sportifs, les ados qui mangent comme dix et restent maigres comme des asperges, les…).

Et le grain: si vous souhaitez en donner, ou si l’état du cheval le nécessite, ou si le foin est de mauvaise qualité, ou si le cheval travaille beaucoup,  blablabla. Que ce soit de l’orge achetée chez le paysan du coin, des mélanges sophistiqués (mais nécessaires selon les cas), etc. cela peut vous coûter de 0 à 20€ supplémentaires par mois.

A cela se rajoutent les compléments alimentaires, les blocs de sel, le son, les friandises diverses.

Vous en êtes pour 60 à 100€ par mois en fonction des besoins de votre cheval de 400kg ou de vos envies (si, allons, soyons honnêtes, nos envies pour eux, de choses dont il n’ont pas besoin, coûtent souvent cher).

Les frais vétérinaires

Ah, là, peu importe la taille de votre équidé, les frais sont les mêmes.

Vaccination : entre 30 et 60€ selon le vétérinaire (deux la première année puis une fois l’an).
Puis toutes les petites visites pour des blessures anodines, une toux, une diarrhée, etc. qui vous soulagent de 45 à 150€ à chaque fois.

Et puis le cas, espérons que cela n’arrivera jamais à votre cheval, du gros accident, qui va coûter au bas mot de quelques centaines à quelques milliers d’euro (ex: Qavale, Pivoine, Hifrane, Isba,  Vitamine, et j’en oublie).

Les frais de pharmacie

Toujours avoir un antibiotique (15€), un antispasmodique (25€), un anti-inflammatoire (cher aussi), des désinfectants, des bandes, un thermomètre, etc. Les produits inutilisés doivent être changés à la fin de leur validité.

Vous devrez vous plier au rythme de quatre vermifugations par an : entre 9 et 30€ le vermifuge. Mais chacun ayant sa spécificité, vous ne pouvez acheter à chaque fois celui à 9€. 😉 Bien essayé…

Les frais d’entretien autres

Le maréchal ferrant

Ferré des quatre pieds : entre 70 et 120€ tous les mois et demi, en fonction du cheval (de trait, de selle…), de ses particularités et problèmes à traiter, et de la région habitée.
Et ce, maximum tous les deux mois sans quoi vous risquez de provoquer une tendinite (hé oui, le sabot pousse plus devant que derrière et génère donc un fort déséquilibre d’aplomb).

Ferré des antérieurs, et paré des postérieurs : entre 50 et 75€

Paré des quatre pieds (pas de fer) : entre 30 et 50€

(ex : ma jument, n’a pas été parée en deux ans ; Nestor, lui, c’est au moins tous les 2 à 3 mois).

Le dentiste

Chaque année, vous devez faire voir la bouche de votre équidé (qui comprend des dents qui poussent en permanence !) par un dentiste. Entre 40 et 100€, selon le dentiste, et les soins à faire.

L’ostéopathe

Parfois, votre cheval chute lourdement, ou se fait malmener par ses congénères, ou semble boiter, ou encore le vétérinaire n’arrive pas à le soigner.
Alors, une visite chez un ostéopathe est indiquée.

Elle évite souvent qu’une articulation touchée ne développe de l’arthrose dans les années très proches (pensée désolée pour Carlit), ou qu’une forte contrariété ne détraque le foie puis les vertèbres en suivant, puis la locomotion.

Elle évite qu’un cheval déclaré boiteux à cause des dorsales ne soit considéré condamné alors qu’il s’agissait en vérité d’un problème de diaphragme et de ferrure.
Les prix peuvent aller de 50€ si vous allez à l’ostéopathe, à deux ou trois fois plus cher si l’ostéopathe vient à vous.

Les frais de pension

Il s’agit en général de : la nourriture et sa distribution, la location du box et d’un paddock, les trajets entre box et paddock, la paille, le curage du box, l’accès aux installations plus ou moins luxueuses.

Cela ne comprend pas les frais vétérinaires, ni de maréchalerie, ni l’application des soins vétérinaires à faire (injections quotidiennes parfois, cataplasmes à renouveler, etc.), ni quoi que ce soit.

Ils peuvent varier :

– de 150€ en général dans un parc sans abri, avec ou sans carrière, voire chez une bonne âme du coin qui ne saura pas voir si votre cheval a mal au ventre (urgence !), ou vous dire quand il est temps de vermifuger, etc.

– à 600€ voire plus quand votre cheval est au box la nuit, au paddock tout seul durant quelques heures de la journée pour se défouler, mis sous couverture selon la température, nourri au grain trois fois par jour, accès à un manège, etc.
Vous aurez là un cheval au confort, pas forcément le plus heureux (ils sont faits pour vivre dehors en groupe, et manger toute la journée des Graminées), mais théoriquement bien encadré. Vous payez le prix, mais vous achetez la tranquillité, ça n’est pas rien!
En revanche, à l’excès, vous pourrez même oublier son existence quelques mois tant que vous payez. Hum hum, oubliez donc plutôt de l’acheter si c’est juste pour dire à vos amis: “J’ai un cheval chez Untel, tu verrais Chéri, il est trop chou, je te le montrerai un jour en photo”. Un cheval n’est pas un faire-valoir, sauf quand on est riche et/ou qu’on se la pète. M’enfin, après tout, si vous payez sa pension et ses soins jusqu’à la fin de ses jours… 😉

Si vous ne le mettez pas en pension

Vous devrez lui trouver de l’espace, un compagnon de prairie (hé oui, un cheval n’est pas fait pour vivre seul),clôturer cet espace (500 à 1000€ l’hectare), y mettre un abri (300 à 600€ si vous investissez dans des planches solides, ce qui est le minimum avec des chevaux!), un électrificateur, un abri de stockage du fourrage.

Le deuxième cheval peut être à vous ou à quelqu’un qui cherche une pension. S’il est à vous, vous doublez les frais de nourrissage, à moins de prendre un tout petit poney. Dans ce cas précis, ne mégotez pas sur la clôture: une rangée de fil à 40cm du sol, électrifiée par un deuxième électrificateur sur secteur me parait indispensable pour ne pas courir derrière le poney en cavale (coûts supplémentaires valables s’ils vous évitent des conflits de voisinage, voire la responsabilité d’un accident sur la route).

Votre terrain vous obligera, à moins d’un ha/cheval, à un entretien régulier de la pâture pour que votre cheval se nourrisse partiellement grâce à elle. A trois ha/cheval, vous pouvez souffler, sauf si des plantes toxiques s’installent…

A moins d’un ha, ou si vous ne faites pas d’entretien de pâture, vous devez trouver le fournisseur de foin, vous faire livrer ou aller chercher le foin vous-même, nourrir et abreuver matin et soir chaque jour, par pluie, vent, -15°c, brouillard, mal à la tête ou pas, béquilles ou pas.

Enfin, pour vos absences, soyez assuré que le jour où vous vous serez correctement débrouillé  pour ne pas aller le voir, il aura cassé les clôtures, fait une colique, renversé son eau, coincé son pied dans une anse, se sera ligoté dans de la ficelle, se sera blessé l’œil avec le foin (si), ou je ne sais quel enchainement malheureux d’événements  incroyables qui aurait été évité ou limité si vous étiez passé (ex: que serait-il advenu de Une, le sabot postérieur coincé en hauteur dans les barreaux du râtelier en fer, si ses propriétaires n’étaient pas passés ce matin-là…).

Quant à vos vacances, elles seront inconcevables si vous ne trouvez pas quelqu’un de compétent et fiable pour prendre le relais.

Vous devez bien sûr apprendre à faire des injections, détecter une colique et savoir de quel type elle est, connaître les plantes toxiques, organiser vos vacances en fonction des personnes disposées à surveiller votre équidé chéri, continuer à l’éduquer et le monter régulièrement, connaître la liste des véto fiables ou pas, onéreux ou pas, etc.

Parallèlement, votre véhicule, tenu propre au début, se changera irrémédiablement en ferrière en moins d’un an, l’herbe se met même à pousser dans le coffre, la terre et les poils forment désormais une protection naturelle de vos housses contre la crasse. Pêle-mêle, on peut bientôt y trouver des ficelles de botte de foin, un vieux licol, un cure-pied très peu servi, du spray démêlant, de la bétadine, des morceaux d’isolateurs et le bout d’une rêne cassée entortillée dans un filet à foin.

Bref, réfléchissez vraiment à votre engagement en temps, en argent et en émotions, car, parfois, un cheval, ça se garde 30 ou 40 ans… Quel âge aurez-vous? Aurez-vous encore la santé pour lui, pardon leur amener leur botte de foin matin et soir?

Quand les années ont passé

Et ce n’est pas quand il sera vieux et inutile qu’il faudra le recaser : en général, ces chevaux-là finissent en steak dans une assiette. Même si on vous a promis-promis de bien le traiter : “oui mais on n’avait plus le temps alors un maquignon de bonne réputation l’a embarqué…” Mais non, pourquoi toujours penser à mal, penserez-vous, ce maquignon a des amis qui cherchaient justement un vieux cheval inutile, malade, ça tombait justement bien. “Et quel métier il a, l’ami de votre maquignon, pour pouvoir accueillir mon ex-cheval? Ah oui, boucher…” 😯 
Ou encore: “ton cheval, t’inquiète, il sera dans un pré et ne nous coûtera rien, ça fera plaisir à notre gosse de le voir, on te le prend” et voilà ce qui peut se passer au bout de quelques temps

Franchement, vous prendriez, vous, un vieux cheval chez vous? Qui a les moyens de prendre un vieux cheval pour le plaisir de passer son temps et son argent à le soigner?
Arrêtons là l’hypocrisie, se séparer de son cheval quand il est vieux, c’est comme l’amener à l’abattoir en lui disant: “Tu vois mon gars, je t’ai trouvé une chouette fin de vie avec de nouveaux propriétaires.”
Lâcher son vieux cheval? Une honte. Mieux vaut l’euthanasie: c’est aussi efficace, moins aléatoire et au moins, vous êtes sûr qu’il ne tombera pas sur des gens le maltraitant avant de l’abattre… Mais il faut avoir le cran de dire “Je l’ai fait tuer en douceur et j’ai payé pour ça”. C’est vrai que ça sonne moins bien que: “Je l’ai recasé pour une somme modique, j’espère qu’il est bien tombé”… Allez, j’arrête là, je m’énerve, je m’égare.

Réfléchissez, disais-je, 30 ans, c’est long, surtout quand vous êtes le parent non cavalier et que votre enfant ex-cavalier devenu adulte vous laisse sur les bras un cheval qui ne lui sert plus de passe-temps ni de faire-valoir.

Maintenant, si malgré tout cela vous êtes prêt à rentrer dans cette galère, vous ferez partie de ces gens pour qui la galère est merveilleuse et vaut le coup quoi qu’il arrive, auprès de votre compagnon pour la vie, et vous serez un vrai bon propriétaire. 😎

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