Les belles histoires 11: Stella et Vasco

Stella voyage avec son cheval Vasco.
Un rescapé du tri de bétail, qu’elle a eu du mal à apprivoiser après les traumatismes subis.
Elle a décidé de vivre 24h/24 avec lui.
Elle a gagné sa confiance, elle est son repère.
Elle rénove des fermes pour gagner de l’argent et ne circule qu’à cheval ou à pied, n’emporte que ce qui peut se porter à eux deux. Elle veut gagner de l’argent pour faire un circuit de 5000km sans assistance.
Je ne sais pas si elle a des sponsors, je ne sais pas si quiconque l’aide, hormis les gens qu’elle croise.
Imaginez: pour faire ses courses, elle doit demander à quelqu’un de lui tenir le cheval devant chaque magasin… Et son cheval n’a d’yeux que pour elle et n’est sage qu’avec elle… ses achats sont donc des sortes de course-contre-la-montre…
😀

Ce mercredi-là, quand Bernard arrive accompagné d’une jeune femme, je suis un peu surprise.
Déjà par l’impression de lumineux et de rayonnant qui se dégage d’elle. Par ce surprenant mélange de calme et de puissance.
Mais aussi par ce décalage dans son regard: quels ont été les traumatismes qui lui donnent tant de gravité, si jeune?

Stella a tenté la veille de rallier la coopérative agricole de Villefranche pour acheter du grain, mais ce faisant, elle s’est engagée dans un chemin trop étroit, aboutissant sur un pont peu recommandable.
Quand ils s’y sont engagés, Vasco a pris peur de va-savoir-quoi, a détalé, et s’est retrouvé à glisser par-dessus bord de l’arrière, se coupant en de nombreux points l’intérieur d’une jambe… et puis Stella n’a pas pu retenir les 400kg du bonhomme par le licol et ses petits bras, il a basculé en entier et est tombé sur le dos.
Autant dire qu’elle l’a vu mourir. Cet être à qui elle consacrait désormais sa vie entière…

Wooowwww. Rien que ça déjà, qu’il en soit sorti vivant, c’est un miracle!

Il a redémarré sur trois pieds. Pas si mal!
Stella, qui avait eu l’adresse de la coopérative par Bernard (rencontré fortuitement: voyant une personne à cheval, il s’était empressé de la renseigner), avait du coup les coordonnées de Bernard. Elle l’a contacté du coup pour avoir les coordonnées d’un véto du coin.
Bernard et Geneviève ont récupéré le cheval et la cavalière pour qu’ils aient un lieu où se poser quelques jours, et que la véto sache les trouver aussi (troisième pont pourri en partant de la gauche du Chêne sessile, ça le faisait pas!).
Les soins ont été prodigués par Julie Samama, coéquipière de Lise Lopez et Julian Deroubaix.

Mais Vasco s’est avéré, dès le premier essai de spray désinfectant, totalement hermétique à toute conciliation. Un pschit = un coup de pied dans la bouteille… Malcommode quand même, quand il y a plus de plaies que de doigts des deux mains!
Et puis rien ne dit qu’il va viser avec autant de précision à chaque fois…
D’où l’idée de Bernard de venir me trouver pour aider l’équidé à accepter les soins.

Sur le coup, j’ai écouté avec attention et recul le début de l’histoire.
La souffrance des autres m’est difficile à supporter, alors… je ne veux pas trop en savoir.
Mais ce visage… cet état de détresse contenue… ce vide à l’intérieur, cet épuisement… ce calme pourtant, cette patience…
J’ai écouté, j’ai essayé d’imaginer pour pouvoir conseiller… mais rien ne me venait, ce n’était pas un cheval lambda, ni une propriétaire lambda; pas d’incompréhension classique/prévisible selon mon point de vue, en fait.

Alors je suis allée voir le terrible.
Inquiet, vif, perturbable, refusant le contact des étrangers, refusant l’immobilité, borgne… Ah oui quand même… cela devient un peu délicat. Du moins pour moi qui ai plutôt connu des borgnes flippés et irrespectueux; s’ajuster en comportement sans commettre d’impair n’est pas évident (faire fi du passé qu’y disaient!)
En regardant l’étendue des plaies, il est décidé que le spray n’est pas une priorité et qu’on n’y reviendra que si cela s’infecte: tout a l’air clean pour le moment.
De ce que j’en comprends, le cheval a l’habitude des massages shia-tsu, la belle aubaine!
Le masser par gestes un peu rapides et répétitifs de plus en plus proches des plaies, et rajouter une noisette de crème tiédie sur un doigt pour l’apposer au passage sur une plaie l’air de ne pas y toucher me parait être le moins risqué.
S’il n’est pas encore disposé, en présence d’étrangers, à se laisser toucher sans bouger, il me parait évident que cela ira bien d’ici peu quand il sera seul avec sa compagne humaine.
Je vois dans le regard de Stella qu’elle n’avait besoin que de ça: qu’on la remette en lien avec son cheval et leur vécu commun, leurs habitudes…
Le choc vécu a vraiment, vraiment été ravageur…

Ils ont encore tant de choses à faire ensemble, je suis contrariée à l’idée que le cheval se soit décalé le bassin, déplacé une vertèbre du garrot, ou que leur trouille commune ne crée des impacts sur leur organisme… Dans la peur, les surrénales et les reins trinquent souvent.
J’insiste alors un peu beaucoup sur le fait que le lendemain, notre ostéopathe passera.
Et, quel bonheur le lendemain, de les voir arriver grâce à Bernard, et de les voir passer entre les mains de Patrick Chêne!
Patrick qui prendra le temps nécessaire pour habituer le cheval aux chants diphoniques, et qui pourra du coup passer ses doigts partout sur le corps du petit cheval sensible.
Vasco, sitôt manipulé, s’en est roulé d’aise moults fois!
Et Stella semble avoir pu récupérer plus aisément. Son regard est déjà ‘plus présent’. Doublé gagnant!

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Bientôt, ces aventuriers pourront reprendre la route!
Que je leur souhaite merveilleuse et moins mouvementée…

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4 pensées à propos de “Les belles histoires 11: Stella et Vasco

  1. Stella et Vasco ont croisé notre chemin et partagé notre vie un jour de neige et de grand froid. Ce petit arrêt s’est prolongé 4 jours et à permis à Vasco de rencontrer des congénères amicaux et à Stella de se poser en toute tranquillité dans un havre de paix situé aux portes d’Anglès. Nous espérons lui avoir apporté de la joie autant que sa présence nous en a apportée et leur souhaitons un bon voyage émaillé de belles rencontres. Nous resterons en contact avec eux. Bravo Ghislaine d’avoir bien transcrit la personnalité de ce “couple” pas ordinaire.

  2. Contents de voir que Stella et Vasco sont arrivés sains et sauf à Anglès ! Nous avons eu la chance de partager un bout de leur aventure et de les avoir une nuit chez nous. Les laisser partir le lendemain sous la neige nous a fait mal au coeur mais nous n’avions pas d’abri pour Vasco.Nous espérons qu’ils continuent tranquillement leur chemin et leur belle histoire.

  3. Stella est en train de finir de franchir les monts de Lacaune.
    🙂
    Son voyage jusque-là s’est déroulé avec des hauts et des bas.

    Elle a subi notamment quelques déconvenues à cause d’un agriculteur charmant qui, non content de lui bousculer son cheval (dont on connait la sensibilité et à qui Stella a promis protection), lui a aussi écrasé le téléphone et piqué la carte.
    Encore une personne aimable, sensible et respectueuse, sans doute… :-/

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